Un bonbon au chocolat ❤️‍🩹✅

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Quatorze ans plus tôt...

Maë

Ça y est, j'y suis presque.

Je rentre en dernière année de BTS pour enfin obtenir le diplôme tant attendu de maquilleuse artistique. C'est tout ce dont je rêvais, même si une boule de stress s'est formée dans mon ventre depuis que le réveil a sonné ce matin. La marche à pied matinale me fait beaucoup de bien, il me faut une quinzaine de minutes pour rejoindre le lycée. Le haut portail en fer qui indique l'entrée se voit à des kilomètres et de nouveau, la boule de stress dans mon ventre grossit, m'obligeant à m'arrêter pour reprendre mon souffle. Si ça continue comme ça, je vais finir par rendre mon petit-déjeuner. De loin, je balaie les devants du lycée à la recherche de cette merveilleuse personne qui partage mes années de BTS, Julia, ma meilleure amie.

M'approchant, je la repère près d'un arbre, yeux vissés sur son téléphone. Comme si elle sentait ma silhouette se rapprocher, elle lève son regard pour le diriger vers moi et c'est à ce moment-là qu'elle choisit de commencer sa folle course pour se jeter dans mes bras.

— Tu m'as trop manquée, ma Maë. Un mois...plus jamais, je te jure, je ne partirai plus aussi longtemps.

— Tu m'as manquée aussi, mais je suis sûre que tes vacances en Grèce n'étaient pas si horribles que ça.

— Oui, tu as raison, mais je reste sur mon idée que tu aurais dû accepter ma proposition de venir avec moi.

— Julia, j'avais vraiment besoin de ce travail pour mettre un peu d'argent de côté.

— Oui, je sais, souffle-t-elle.

— Crois-moi qu'être enfermée à vendre des popcorns, churros et des boissons avec ce temps, n'était pas l'idéal, mais j'ai atteint mes objectifs.

— Alors, je suis contente pour toi. Comment te sens-tu ? Tu es prête ?

Julia me tend son petit doigt que j'accroche avec le mien.

— Prête.

Je n'ai pas le stress de me demander si nous serons dans la même classe vu qu'il n'y a qu'une seule filière cosmétique et esthétique. Sérieusement, je ne sais pas ce que je ferai sans elle. Longeant les murs du lycée, nous atteignons rapidement le bâtiment dans lequel nous allons passer une année supplémentaire. Le proviseur a eu la bonne idée de rassembler nos matières dans le même immeuble, ce que je trouve plutôt intelligent. Évitons de gambader partout entre les cours, nous devons déjà supporter les lancers de ballon de rugby à travers le couloir.

Une fois notre classe atteinte, nous nous installons avant que notre formateur référent nous récite son discours de chaque début d'année. Nom d'une pipe, cela doit faire minimum une heure qu'elle parle pour nous rabâcher des choses que nous savons déjà sur les examens. J'ai besoin de faire une pause, ma tête va exploser.

— Bien, comme vous le savez, vous allez chacun et chacune devoir chaperonner un ou une étudiante qui vient d'entrer en première année. Ainsi, après la pause, je vous propose de vous rejoindre dans le self afin de vous rencontrer.

Ce projet d'encadrement est vraiment un point essentiel dans nos études. Ne pas se sentir seul et pouvoir faire appel à un ami est plus que nécessaire. Je me jure de ne pas faire comme celle qui m'a été attribuée l'année dernière, c'est-à-dire de ne pas répondre aux messages et aux différents appels à l'aide.

— Je vous demande d'être bienveillant, ils seront vos futurs collègues.

Nous sortons rapidement de la classe avec Julia pour rejoindre le self.

— Un gâteau ? me propose ma meilleure amie.

— Pourquoi pas, lui réponds-je en prenant ce précieux biscuit qui va me redonner l'énergie nécessaire pour affronter le reste de cette journée. Ça me fait un peu peur de rencontrer cet élève ? me confié-je.

— Pourquoi ?

— Imagine, je ne suis pas à la hauteur...

— Toi, mais bien sûr... Tu es la personne la plus à l'écoute que je connaisse et la plus adorable aussi.

Julia a ce pouvoir sur moi, celui de me rassurer dès que nécessaire. Je lui souris avant de rejoindre le self où quelques élèves se sont réunis devant en attendant que la cloche ne sonne, signalant ainsi la fin de la pause.

Notre professeur principal nous laisse pénétrer dans l'enceinte du réfectoire où des tables avec viennoiseries, café, jus d'orange ont été installées.

— Ouah, je n'en reviens pas, c'est la première fois qu'ils font ça, constaté-je.

— C'est parce que nous sommes les meilleures.

Je bouscule Julia qui se met à rire. Le réfectoire se remplit petit à petit. Les enseignants font leur entrée en dernier. De nouveau, nous avons le droit à un discours sur l'importance de cette rencontre. J'entends les mots : entraide, motivation et bienveillance.

— Bien, maintenant, je vais demander à chaque élève de première année de venir tirer au sort son binôme.

Julia se frotte les mains. J'assiste à un défilé de prénoms et me perds dans mes pensées.

— Maë.

Je connais ce prénom, mais c'est toi ! Arrête de rêvasser. Je lève la main pour que la jeune étudiante me rejoigne. Ainsi, nous nous mettons à l'écart afin d'apprendre à nous connaître. Elle se rapproche de moi timidement.

— Bonjour, lui dis-je.

— Bonjour, je m'appelle Louise.

— Enchantée, Louise, comment te sens-tu pour cette rentrée ?

Je la vois sortir de sa poche deux bonbons au chocolat.

— Tiens, j'en ai pris un pour toi aussi. Mon frère m'a toujours dit que si j'étais stressée ou si je ne me sentais pas bien, je devais prendre un bonbon au chocolat pour me détendre.

Ses joues, recouvertes de taches de rousseur, rougissent, m'indiquant l'état d'anxiété dans lequel elle se trouve. Son regard fuyant m'incite à la rassurer sur le programme de l'année. Elle est toute petite, menue et me donne l'envie de la protéger. Elle a rassemblé sa longue chevelure rousse en deux tresses collées qui lui vont très bien.

— Merci à toi, il n'y a pas mieux que le chocolat pour se détendre, lui réponds-je en souriant.

Ainsi, je peux voir les traits de son visage se détendre et ses lèvres s'étirer. Je ne sais pas comment va se dérouler l'année pour elle, mais je me promets d'être là à chaque fois qu'elle en ressent le besoin.

Après les larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant