« Pour savoir se venger, il faut savoir souffir. »Voltaire
Quelques jours plus tard. Après cette fameuse soirée, Yelena et Elijah s'évitaient. C'était redevenu une relation formelle entre une patronne et son employé. Toutefois, cela ne les affectait pas vraiment étant donné que rien au-delà de l'attirance les avait poussé à passer à l'acte. Yelena était catégorique ; ce jour était à oublier. Quant à ce dernier, il était du même avis.Le jour était enfin venu où ils devaient retourner à Berlin. Depuis Nelvana, plus aucune menace n'a été détectée. Sergueï comptait rester auprès d'Oksana et Maria, tandis qu'Olaf, Stanislav et Yelena allaient retourner.
La neige tombait sur Moscou. Yelena était aidée du chauffeur qui transportait ses valises. Toute la famille était là et serra Oksana dans ses bras.
- Prends soin de toi, ma belle.
- Toi également, Oksana.
- Tatie Lena ! sautilla la fillette.
- Oui, p'tit chou ?
- J'ai un cadeau pour toi. Tiens !
Elle lui tendit sa poupée en peluche.
- C'est Olga. Elle m'a dit que si tu partais comme ça, tu seras triste parce que nous serons loin de toi. C'est pour ça que je lui ai proposé de devenir ta peluche câline au cas où tu viendrais à être triste.
- Mais, et toi alors ? Elle ne va pas te manquer ?
- Moi ? Je suis déjà trop grande pour ce genre de chose. Et je ne suis plus triste ! Papa est au ciel et je sais qu'il nous garde auprès des anges. Je veux lui montrer que j'ai grandi et que c'est à mon tour de prendre soin des autres ! Garde-la, cela te permettra de ne pas nous oublier.
Yelena, émue, la serra dans ses bras.
- Merci beaucoup. J'en aurai bien besoin.
- Ah ! T'as vu ?
Elle rigola, les yeux larmoyants.
- Tatie, tu pleures ?
- Non, je ne pleure pas. J'ai juste, un peu de poussière d'étoiles dans l'œil.
- Des poussières d'étoiles ! Ça veut dire que tu as beaucoup trop dormi !
Elle hocha de la tête et serra la fillette une fois de plus dans les bras.
- Ne grandis surtout pas, p'tit cœur.
- Et toi, ne pleure pas trop non plus !
Tous rigolèrent face aux propos de la fillette. Yelena lui fit plein de papouilles avant de se lever, de saluer une dernière fois les autres. Elle croisa le regard bleuté du diable. Celui-ci, au loin, la fixait intensément. Elle se figea et, le court d'un instant, avait l'impression que le temps s'était arrêté.
- Mademoiselle ? fit le chauffeur.
Elle sursauta.
- Nous devons y aller.
Elle jeta encore un coup d'œil et vit qu'il avait disparu. Un peu déçue, elle monta à contrecoeur et salua de la main les autres membres de la famille. Ceux-ci firent comme elle et le chauffeur activa le moteur avant de rouler.
Sa mission en Russie venait de de s'achever. Pourtant, elle ressentit des picotements au cœur. Elle qui n'avait pas duré ici, s'était très rapidement attachée. Et c'était comme ci elle y laissait une partie d'elle. Surtout en repensant à lui. À ces moments privilégiés passés avec ce mercenaire. Lors de cette nuit, elle avait pu sentir la proximité se briser entre eux. Comment leurs corps ne faisaient plus qu'un. Elle qui ne s'était donnée encore à personne avant lui, il fût le premier à prendre son innocence.
Elle fondit littéralement en larmes. Elle tenta tant bien que mal de sécher ses larmes, sans succès. Sa famille lui manquait. Il lui manquait. Et elle aurait tellement voulu leur dire à quel point elle les aime. La voilà en train de pleurer comme une madeleine. Il s'était donné la peine de venir lui dire au-revoir, et cela lui réchauffait le cœur. Son beau mirage qu'elle ne pourra sans doute plus jamais atteindre...
[...]
Elijah, était plus soigné ; vêtu d'un costume bleu nuit à cravate pincée, à rayure, il avait changé de coupe sous son gel qui faisait briller sa chevelure ébène. Assis au siège arrière de sa Volkswagen noire. Le vieux Albert, au volan du véhicule, avait activé la radio pour qu'ils puissent écouter les infos.
- " Ce matin, à exactement onze heures précises s'est tenue une importante cérémonie de bienfaisance à Saint-Petersbourg dont les parrains de la cérémonie étaient Monsieur Pierre Volkoff et Vladimir Smirnov. En effet, ils ont versé plus de trois millions de livres qui s'est partagé dans tous les orphelinats de la ville. Ceci, afin de célébrer comme il se doit les droits des enfants qui a lieu ce vendredi du mois."
Elijah esquissa un sourire à fossettes, loin d'être surpris par de tels propos. Ils arrivèrent devant un grand building de plusieurs mètres de long et il sortit du véhicule. Albert avait placé un parapluie au-dessus de sa tête pour l'abriter de la neige qui tombait. Il s'avança et pénétra l'immense bâtisse.
Depuis combien d'années avait-il pour la dernière fois y mis les pieds ?
Il se dirigea à l'accueil où une belle brune discutait sur le téléphone fixe. L'ayant déjà aperçu entrer, elle s'était attelée à prévenir le directeur exécutif.
- Bonjour, Monsieur. Le directeur vous attend déjà en haut.
- Bonjour. Et merci.
Il prit l'ascenseur et appuya sur le premier étage tout en haut. Une fois arrivé, il vit le directeur ; ce dernier avait le nez dans un dossier, des verres de lecture posés sur son nez. Ses cheveux poivre sel plaqués dans du gel contrastaient bien avec son costume trois pièces gris clair. Quand il leva de la tête, il se figea. Le diable s'avança lentement avec assurance, un brin amusé par son attitude.
- Bonjour à vous, oncle Imir.
L'homme resta droit comme un pic, stupéfait. Il se leva à son tour, la respiration hachée par la peur. Revoir le diable après autant d'années était un choc bien trop grand pour lui. Et une situation bien trop dangereuse s'il espérait s'en sortir indemne.
- Je pensais que...que tu étais...
- Mort ? Allons donc... n'oubliez pas que votre sang est le même qui coule dans mes veines. Il en faut... vraiment beaucoup plus pour espérer pouvoir...m'abattre.
Le cinquantenaire déglutit, le visage aussi pâle qu'un linge. Cependant, il froissa à son tour les traits de son visage, ses yeux bleu électrique profondément ancrés dans les siens. La génétique de leur famille faisait que tous avaient cette mystérieuse paire d'yeux qui pouvait lire dans votre âme comme un livre ouvert. La pièce semblait se comprimer. Les deux hommes se jaugèrent du regard, aussi identiques en taille qu'en yeux.
- Que fais-tu ici ? lança sèchement le cinquantenaire à son encontre.
- Je suis venu pour récupérer mon dû.
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PARIA (En Réécriture Très Bientôt)
Misterio / SuspensoInspirée de faits réels. La Russie subit depuis maintenant des décennies les tribulations de la Bratva, une grande organisation criminelle. Aidée de ses pantins, elle exerce sa domination sur l'ensemble du territoire, n'hésitant pas à se débarrasse...