9. Mauvais Présage

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« Mieux vaut une amère vérité qu'un doux mensonge. »

Proverbe Russe

Le blond s'était rendu dans un coin de la ville. Dans son manteau en cachemire blanc, il réajusta son bonnet ainsi que son écharpe marron avant d'observer l'heure sur sa montre. Son cœur pulsait contre son sternum. Et son état était tout à fait bon à comprendre.

Combien d'années s'étaient écoulées depuis que sa mère était partie ?

Il pouvait en compter vingt-huit. Cette année, allait être son vingt-neuvième anniversaire. Et il devait reconnaître qu'à un aussi bas-âge, quand une mère abandonné un enfant âgé d'à peine un an, les souvenirs de ses traits faciaux demeurent très flous pour ne pas dire inexistants.

Il se frotta les mains, envahi par le stress. Il jeta des coups d'œil autour de lui pour voir si elle n'était pas déjà dans les environs, elle aussi. De la buée s'échappa d'entre ses lèvres et il commençait sérieusement à geler. La météo avait prévu qu'il neigerait encore aujourd'hui et il ne voulait pas être un bloc de glace quand sa génitrice décidera de se ramener.

Il patienta alors. Pendant plusieurs minutes. À se demander si elle aussi le reconnaîtra ou si elle a vieilli. Si elle a fait d'autres enfants ou non. Si elle s'est mariée entre-temps...tout, toutes questions pouvant éclairer un peu plus sa lanterne sur la personnalité de sa mère. Enfin, il ne la connaissait que de prénom, alors c'était un peu normal d'en avoir plein les tiroirs !

Il réfléchissait même à comment s'y prendre après leur rencontre.

- Maman ? C'est Mikaël, ton fils...non ! Ça ne va pas du tout, comme ça ! Salut, Aniès, ça fait un bay, n'est-ce pas ? Org ! Fais chier !

- Mikaël ? fit une voix au loin.

Il se figea. Il tourna lentement la tête, une lueur dans le regard.

- Oui ?

Il vit une femme en doudoune se rapprocher de lui ; elle avait des cheveux blond miel, bouclés qui coulaient le long de ses épaules. Ses lèvres peintes de rouge mat contrastaient avec ses yeux vert menthe. Elle avait quelques tâches de rougeurs sur le visage et n'avait presque aucune rides. Elle même se tenait droit comme un pic, les yeux larmoyants.

Mikaël entrouvrit les lèvres. Les battements lents de son cœur résonnèrent dans tout son être et il ne put détacher son regard de la femme. D'un geste incontrôlé, il lâcha le seul mot qui traversait son esprit en ce moment :

- Maman ?

La femme fondit en larmes. Elle se rapprocha de lui et lui prit par les joues pour l'examiner.

- Oh mon Dieu... Mikaël, c'est toi ?

Il ne pût répondre. Sa gorge était nouée et une larme s'écoula de son œil. Le sentiment qui le submergeait
était trop fort. Trop puissant. Il fondit littéralement en larmes, comme un petit garçon et la femme lui prit dans ses bras. L'atmosphère avait changé. Tout ce qui les entourait ne comptait plus. Même la fraîcheur dont il se plaignait tant, il ne la ressentait plus. Tout ce qu'il ressentait en ce moment même était l'étreinte de sa mère. La chaleur dont on lui avait longtemps privée.

- Pardonne-moi, mon chéri, sanglota Aniès en lui séchant ses larmes. Je n'aurai jamais dû vous laisser. Tout est de ma faute...

- Non, il renifla, rien n'est de ta faute.

- Si ! J'ai tout gâché ! À cause de moi, Silver est...

- Non, maman...

Il passa ses mains sur les cheveux épais de sa mère comme pour la réconforter.

PARIA (En Réécriture Très Bientôt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant