1. Douce vie

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Elya

15 septembre

Iztapalapa, Mexico

Le soleil tapant sur ma peau mate, je profitais du vent chaud que nous offrait cette belle journée d'été. Mes longs cheveux noirs volaient le long de mon dos. L'herbe caressait mes pieds nus. J'adorais cette sensation de liberté.

C'était le week-end aujourd'hui, pour mon plus grand bonheur. La rentrée avait repris depuis maintenant 2 semaines et j'étais déjà totalement épuisée. Les cours me pompaient toute mon énergie. 

J'étais dans ma dernière année de lycée malgré un redoublement il y a maintenant 5 ans. Dernière année de souffrance. C'était presque fini.

Assise sur un transat dans le jardin de notre petite maison située à Iztapalapa, une banlieue pauvre de Mexico, je discutais tranquillement avec ma tante Carla tout en sirotant ma fameuse Agua de Jamaica, un thé d'hibiscus que j'avais préparé quelques minutes plus tôt. Parmi toutes les boissons locales possibles et imaginables, c'était de loin ma préférée. 

Nous discutions de son épuisante journée de travail. Elle était caissière dans un supermarché près de chez nous et avais pu, par chance, prendre son après midi aujourd'hui et rester en ma compagnie.

Nos revenus étaient plus que minimes malgré les innombrables heures supplémentaires qu'elle effectuait pratiquement chaque jour. Ses cernes creusées pouvaient nous témoigner de sa fatigue plus qu'intense. Elle me sourit gentiment et je lui rendis son sourire naturellement. 

Je vivais seule avec ma tante depuis maintenant 12 ans. Elle me considérait comme sa propre fille. Celle qu'elle n'avait jamais pu avoir en quelque sorte. Mais je ne lui en voulais absolument pas. Je la comprenais. 

Je ne connaissais rien de mon père,  je savais juste qu'il était parti le jour où il avait su que maman était enceinte de lui. Il n'avait pas assumer la grossesse et lui avait dit qu'il n'était pas encore assez prêt à devenir père. Quel enfoiré ! Ma mère, elle, était morte de façon tragique quand j'avais 7 ans. J'avais donc été adoptée par ma tante, la seule famille qu'il me restait à présent. C'était le souhait de maman. 

Elle ne m'avait jamais parlé de ma mère ni des circonstances de sa mort. C'était un sujet très sensible pour elle. J'avais déjà essayé de lui poser de multiples questions à son sujet mais la réponse était toujours la même :

- Ta mère t'aimait Elya, soit en sûre, et le sujet était clôt immédiatement. Elle m'avait pourtant promis de m'en dire plus le jour de mes 19 ans mais cela n'était malheureusement jamais arrivé.

Tout en balayant mes pensées de mon esprit, je vis ma tante me faire signe qu'elle rentrait dans la maison.

- Je vais préparer le dîner mi hija, me dit-elle d'un air joyeux.

Je me levai aussitôt et la suivis tout en sautillant jusqu'à la cuisine. 

En rentrant, mes yeux peinaient à s'habituer à ce brusque changement de luminosité. Je vis ma tante me faire signe de me laver les mains et me tendre un tablier. Elle enfila ensuite le sien et sortit les ingrédients nécessaires à notre dîner de ce soir.

Le dimanche était le seul jour de la semaine où nous pouvions cuisiner ensemble. Les autres jours, elle ne rentrait que tard le soir après sa journée de travail. C'était l'occasion d'être ensemble et j'adorais nos moments cuisines à toutes les deux. Et aujourd'hui, c'était journée panuchos ! De tous les plats typiques du Mexique, c'était mon préféré. Je pouvais en manger des tonnes et des tonnes sans m'en lasser. Et ma tante et moi étions expertes dans sa préparation. A vrai dire, c'était aussi un des seuls plats que je savais cuisiner correctement.

WadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant