Wade

27. Alcool

Elya

Mes forces. J'étais en train de les vider. Son corps était lourd. Beaucoup trop lourd pour le mien. Mais je puisai dans mon énergie et fis abstraction de sa masse démesurée pour le tirer par les bras jusqu'à la banquette arrière. Je l'y déposai avec la plus grande difficulté en position allongée. Je l'attachai ensuite à l'aide de la ceinture centrale pour éviter qu'il ne chute pendant la route. Et je claquai la portière avec hâte.

Je fis le tour du véhicule rapidement et me penchai en avant pour ramasser les clés qui se trouvaient au sol. Puis, je rentrai et m'installai sur le siège conducteur. Je m'attachai et posai mes mains sur le volant. Mon muscle cardiaque battait à la chamade et ma respiration était catastrophique. Mes mains glissaient tellement elles étaient moites de stress. Je dus les essuyer à plusieurs reprises sur mon pantalon pour tenter de les sécher. En vain.

Je soufflai un bon coup. Il fallait qu'on quitte ce lieu. Je sentais qu'on ne devait pas traîner ici ne serait-ce qu'une minute de plus. Le danger nous collait à la peau. Il était tout prêt. J'avais vu la scène. En tant que simple spectatrice. Elle s'était déroulée juste sous mes yeux. J'avais remarqué que l'homme qui gisait au sol quelques secondes plus tôt et qui était pourtant sensé être mort, s'était redressé difficilement dans le but de tirer sur Nils. Mais je n'avais pas pu intervenir. Il m'avait enfermée. Je n'étais pas parvenu à m'extraire de l'habitacle pour le prévenir du danger qui le guettait juste dans son dos.

Sans tergiverser plus longtemps, j'insérai la clé et la fis tourner. Le moteur vrombit. De la sueur se mit à dévaler le long de ma colonne vertébrale. J'avais d'horrible bouffées de chaleur.

La panique me prit soudain. Je n'avais jamais appris à conduire. Ma tante n'avait pas eu les moyens de me payer des cours. Elle n'avait même pas de voiture. Ni même son permis d'ailleurs. Mais Alma, ma meilleure amie, en avait une. Par gentillesse, elle m'avait un jour laissé le luxe de la conduire sur le parking d'un supermarché. Pour que je puisse essayer au moins une fois dans ma vie.

Je tentais alors de me souvenir de comment je m'y étais prise ce jour-là. Je fouillai dans ma mémoire pour retrouver les précieux conseils qu'elle m'avait enseigné pour faire démarrer et avancer son véhicule. Je me concentrais au maximum pour tenter de faire marcher ma mémoire et fermai les yeux pour essayer de mieux visualiser la scène passée.

Je posai alors ma main droite sur ce qui semblait être le levier de vitesse si mes souvenirs étaient exactes et je le positionnai sur la lettre "D". Je regardai à mes pieds. Par chance, il y avait deux pédales. Comme dans la voiture de mon amie. J'appuyai donc en même temps sur l'une d'elles sans même savoir exactement laquelle correspondait à quoi. Mais j'allai faire avec. Je n'avais pas vraiment le choix.

Je ne comprenais pas pourquoi la voiture n'avançait pas. J'avais pourtant fait tout ce qu'il fallait. Enfin, c'était ce que je pensais.

Je regardai autour de moi. Mes yeux croisèrent le frein à main. J'avais oublier de le désenclencher. J'aurai dû y penser dès le début. Je rageai contre moi-même face à mon manque de réflexion. Je le relâchai donc en appuyant sur le bouton situé au bout et le ramenai vers le bas avec difficulté. J'avais cette peur constante de faire une idiotie et de me tromper dans mes gestes peu experts. Mais je n'avais pas le temps de me défiler. Nils devait sûrement se vider de son sang actuellement. Le temps était précieusement compté.

Je me souvenais des mots que mon amie avant prononcé. Elle m'avait dit de retirer mon pied de la pédale avant de pouvoir démarrer. Je relâchai alors mon pied gauche de sur la pédale priant pour que la voiture avance. Par miracle, les roues bougèrent. Lentement mais elles tournaient. Je poussai un petit cri de joie. Cette émotion positive fut rapidement remplacer par de l'angoisse. Qu'allais-je faire à présent ?