24. Médecin

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Nils

Une violente douleur me traversa le corps tout entier. J'ouvris difficilement les yeux et tombai nez à nez avec le airbag déployé. Je me l'étais pris en pleine figure. Et le choc m'avait fait atrocement souffrir. Il avait sûrement dû s'activer à la suite de notre brutal accident.

La douleur était semblable à celle provoquée par un coup de poing reçu en plein visage. J'avais l'impression que je sortais d'un des combats qu'il m'arrivait d'effectuer la nuit avec les gamins de mon quartier quand j'étais plus jeune. Quand nous avions des comptes à régler. Ou quand mon père me tabassait parce que je n'avais pas correctement fait ce qu'il m'avait ordonner de faire. Mon visage palpitait et je sentais qu'il était gonflé.

Je soufflai alors un bon coup. Pour tenter de me remettre les idées en place. Et de faire passer la douleur au passage. Je devais l'oublier. La surpasser et l'ignorer. Je n'avais pas le temps de me poser plus de questions ou de m'apitoyer sur mon sort. Non. Se plaindre, c'était uniquement réservé aux faibles. Pas à moi.

Je jetai un coup d'œil à la fille. Elle ne bougeait plus. Merde. Je me mis à la secouer brutalement pour qu'elle se réveille. Mais rien ne se passait. Sa poitrine se levait au rythme de sa respiration lente. Elle était encore en vie. C'était le principal.

Je la vis soudain expirer lourdement juste avant d'ouvrir les yeux. Elle redressa sa tête qui était écrasée sur le airbag avant de se tourner nonchalamment vers moi. Je la regardai attentivement. Elle avait du sang sur le visage. Son arcade sourcilière était légèrement ouverte et son nez saignait. Elle semblait avoir plus douillé que moi.

Je décidai de sortir de la voiture sans un mot. Je n'allais certainement pas m'éterniser dans cet épave. J'avais une mission à remplir. Même si pour le moment, le plus important était de me sortir de là en vie. De nous sortir de là.

On avait eu beaucoup de chance. La voiture avait fait de multiples tonneaux sur l'herbe mais elle était réatterrie sur ses roues et non à l'envers. On aurait aussi pu se retrouver la tête en bas. Mais ça n'avait heureusement pas été le cas.

J'ouvris difficilement ma portière qui émit un horrible grincement aigu et posai mes jambes au sol. Je me levai péniblement. Un violent mal de crâne me prit soudainement me faisant ressentir un puissant vertige. Je dû m'appuyer quelques instants sur la carrosserie pour ne pas m'écrouler.

Une fois ce malaise légèrement passé, je me dirigeai vers le coté de la fille et ouvris sa portière. Son corps faillit s'écraser au sol mais je la rattrapai aussitôt juste avant qu'elle ne finisse par terre. Elle était consciente mais elle avait l'air complètement à l'ouest. Comme si son corps était présent mais que ses forces, elles, étaient ailleurs. Absentes.

- Tu peux marcher ? lui demandai-je.

- Je...je ne sais pas, j'ai très mal au cou et au dos, répondit-elle d'une petite voix faible.

Je la pris alors dans mes bras. J'espérai qu'elle ne s'était pas fracturée les cervicales à la suite de notre accident. Ou pire encore. Elle pourrait finir handicapée si sa colonne vertébrale était endommagée.

Cette idée ne plaisait absolument pas. J'avais une mission à remplir. Je devais la ramener en entière et sans aucunes séquelles. Même minimes. Mon client me l'avait indiqué. Alors si, par malheur, elle finissait invalide, je serai dans l'obligation de le buter. Non pas que cela me faisait peur. Non. Tuer pour moi était désormais devenu une simple routine parmi tant d'autre depuis mon plus jeune âge. Je n'en avais rien à foutre de sacrifier des vies. Même innocente. Mais je n'avais pas particulièrement envie de faire davantage la une des journaux que je ne le faisais déjà et d'être encore plus recherché par tout le pays.

WadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant