V.

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Chapitre 5:

Les enseignes lumineuses clignotaient.

Plus nous approchions, et plus une odeur de pourri se faisait sentir.

Arrivés devant le magasin, on comprenait d'où venait cette odeur épouvantable : un tas de corps en décomposition trônait à l'entrée, nous empêchant l'accès. Robin, dont le ventre grommelait, commençait à perdre patience, quand j'aperçu, à peine 3m au dessus de nous, une petite fenêtre, qui nous permettrait sans doute l'entrée au magasin par l'étage.

Je la désigna du doigt, et Robin me regarda avec un grand sourire.

Comme dans nos anciens cours d'acrosport, Robin me fit monter debout sur ses épaules, et je pût ainsi atteindre la fenêtre en hauteur. Je la brisa avec le marteau de Robin, et pénétra à l'intérieur du bâtiment.

Après le temps d'adaptation à l'obscurité nécessaire à mes yeux, je détailla la pièce du regard : un lit, une petite table, une armoire. Pas de doute, j'avais atterri dans la chambre du proprio.

Mes yeux continuaient sur leur lancée, à la recherche d'un quelconque objet à lancer à Robin pour lui permettre de monter, et ceux-ci s'arrêtèrent sur la couette posée sur le lit. Ni une, ni deux, je l'attrapa, et avec les draps, fit un noeud entre les deux, et jeta à travers la fenêtre un bout de mon échelle de tissus, en tenant, bien évidemment, l'autre bout.

Robin escalada la façade de l'immeuble, et atterri à son tour dans la chambre.

Une pièce plutôt bien rangée, avec une place précise pour chaque objet. Une chambre de maniaque quoi. Tout le contraire de moi en fait.

Robin repris son marteau, et avec une chance que je pourrais qualifier de cocu si ma petite amie ne venait pas de mourir sous mes yeux, je trouvai une batte de baseball rangé (évidemment) dans l'armoire.

Je remarquai une porte au fond de la pièce. Je me dirigea vers elle, l'ouvrit, et tomba sur un escalier qui descendait. Je l'emprunta, suivit de près par Robin.

En bas, une autre porte nous attendait. J'essayai de l'ouvrir, mais elle était verrouillée. Robin commença à frapper sur la poignée et la serrure, et elles finirent par céder. La porte s'ouvrit, et on tomba sur une petite supérette.Robin se dirigea vers les rayons des boissons, moi de nourriture, et je commença à loger dans mon sac tout ce qui me plaisait : pâtes, riz, steak haché, hamburger, rillettes, saucissons, bonbons, gâteaux à la vanille, au chocolat, au caramel.. Tout cela nous promettait un bon gueuleton.

Une dizaine de minutes après, je vis Robin revenir avec son sac à dos chargé de sodas, de thé glacé, de cidre, de whisky, de rhum, de malibu et un peu d'eau pour se donner bonne conscience.

Notre repas de ce soir allait être royal.

Une fois les sacs pleins, on se dirigea vers l'escalier pour ressortir par notre chemin précédemment emprunté, quand on entendit un gros bruit métallique, comme une pile de conserves qui venait de s'écrouler. Robin m'attrapa le bras et me désigna un zombie sortant de l'allée fruits et légumes. Il est vrai que l'on avait presque inconsciemment oublié ce rayon. Il posa son index sur ses lèvres pour m'indiquer la nécessité de ne faire aucun bruit, et me poussa vers la porte. Mais son sac étant mal fermé, une bouteille s'échappa et vint s'éclater sur le carrelage du magasin. Le cadavre se retourna vers nous, et commença à avancer.

-« Putain mec ! Sérieux c'était la seule bouteille de cidre! »

-« Mais on s'en fout ! Y'en a un qui arrive là ! Grouille toi de monter ! »

-« Hors de question que je reparte sans mon cidre. »

Je m'arma de ma batte, m'approcha du décomposé, et lui administra un magnifique home run qui lui arracha la tête. Robin me regarda avec des yeux grands comme des balles de baseball, pendant que je retournais au rayon boissons chercher ma précieuse bouteille de cidre.

Je revins quelques secondes plus tard, la bouteille en main, et Robin me lâcha, avec un sourire en coin :

-«  Voilà. Là je te retrouve. »

Je lui retourna son sourire, et on sortit du magasin.


Contaminated WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant