Un matin comme celui là

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Le petit matin, la lumière passe à travers les persiennes , le bois d'un bleu écaillé retient la lumière encore un peu, il est 8h du matin, beaucoup trop tôt, mais ici la chaleur arrive vite.

Nous sommes dans le midi, c'est ici que j'ai décidé de terminer mes jours, j'ai pu économiser assez d'argent pour pouvoir m'offrir cette petite maison de campagne.
Les gens ne savent pas que j'habite ici, très peu le savent,  à part le facteur. Très peu aussi savent avec qui j'ai travaillé et qui j'ai fréquenté, je suis un secret à moi toute seule.
J'ai en moi des milliers d'images que je pourrais raconter au monde entier,j'aurais pu me faire beaucoup d'argent avec tout ce que je sais, mais pourtant je me suis tue et je suis partie.

Ici les terres sont principalement exploitées pour les lavandes, et en dehors de la saison estivale, les lieux sont relativement désert.  C'était ce que je voulais . J'ai trop vécu les fréquentations désagréables et les mouvements de foule, j'étais devenue un peu agoraphobe vers la fin, je voulais partir, mais pas toute seule, j'aurais aimé qu'il me suive, il en était question...

C'était un matin comme aujourd'hui,  je me souviens très bien , parce que ce matin la, je l'ai retrouvé ivre mort dans sa chambre.
J'étais venue pour m'assurer qu'il était pret et donc préparer les affaires,  mais au lieu de ça, j'ai toqué à la porte, qui s'est entrouverte pour laisser apparaître le désastre sous mes yeux...

Le lit était défait, et il était à moitié  nu allongé sur le ventre. Il avait dû saigner du nez, elle n'osait imaginer la raison...
Des bouteilles,  des verres, des substances illégales qui traînaient partout, j'étais sous le choc. Parce que c'était une des premières fois pour moi que je  le voyait ainsi.
Alors j'ai paniqué.
J'ai paniqué parce que pour moi ce n'était plus la popstar à mes yeux, c'était devenu une sorte d'ami et confident, nous étions devenus proches il me semble et je lui faisais entièrement confiance .

Bien malheureusement,  on n'a pas le contrôle sur tout, sur les gens . A vrai dire, je ne savais plus pourquoi on m'avais prise dans l'équipe,  devais je être l'assistante, la nounou, la confidente, l'infirmière? Peut être tout cela à la fois...j'étais consentante à cela.

Ce qu'il se passait très souvent, c'était les soirées arrosées qui se terminaient comme vous imaginez que cela se termine,  des filles , toujours de nouvelles filles,mais des hommes aussi, qui viennent,  qui toquent,  qu'il ne sélectionne pas forcément,qu'on lui met sous le nez là, bras ballant,  juste le besoin, de ne pas être seul pour la nuit, le besoin d'être aimé,  adoré, la necessité d'existe de se sentir vivant.

Je l'adorais pourtant. Mais il ne le voyait pas. J'étais assez transparente, totalement transparente.  J'avait passé ces dernières années à ses côtés à juste l'observer et anticiper ses réactions,  ressentir ce qu'il ressentait (ou du moins essayer) et devoir juste l'aider.  Mais c'était un garçon très renfermé,  bien qu'en société il était toujours souriant et a l'aise avec tout le monde, il renfermait en lui un profond manque de confiance en soi. Il pouvait avoir toutes les femmes du monde a ses pieds , cela ne le rassurait pas pour autant.Il porte sur lui un masque parfait qui lui seyait à merveille.

Il avait besoin de briller pour se sentir important, et pour se sentir important, il fallait faire des choses extraordinaires.
De plus en plus grand, de plus en plus fou. Il a voulu toucher les étoiles,  mais pour cela, Il fallait faire face à la réalité,  qu'il n'est qu'un humain. Que l'on a peu à peu  transformé en robot avec des automatismes, albums, concerts, promo, tournée des stades, toujours plus grand toujours plus haut.  Le ciel n'avait pas de limite,  sa seule limite c'était celle ci , en prendre trop, et tomber d'épuisement.

Je l'ai donc attrapé par les pieds et l'ai traîné jusqu'à la salle de bain pour tenter de l'immerger dans la baignoire et de le réveiller.  J'étais paniquée et pleurais,  me demandant ce qu'il fallait faire et si cela allait être de ma faute comme si je n'avais pas surveillé un petit enfant.

Je tentais désespérément de le faire émerger quand Tomas est entré dans la pièce en colère.
Je ne savais plus contre qui il était en colère,  contre lui qui avait encore abusé des substances, ou contre moi qui n'était pas à ma place.
En soi ,il avait sûrement raison, je n'étais pas à sa place, mais je ne voulais pas partir de là sans être sûre que tout irait bien pour lui. J'avais failli à sa promesse et je voulais me racheter.

Maybe One DayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant