Libération d'émotions.

Le courage

Et chaque jour, elle avance en souriant.
Et chaque soir, un fois chez elle, elle fond en larmes.
Et chaque nuit, elle se retient de retrouver sa plus vieille amie.
Et chaque heure, elle se retient de partir vers un autre monde.
Et chaque minute, elle côtoie ses bourreaux :
Cet homme qui, lorsqu'elle avait voulu se confier, lui avait pris son innocence.
Cette fille qui, avant, lui disait qu'elle serait toujours là et qu'elles étaient meilleures amies pour la vie.
Ce mec qui, après être sorti avec elle, avait révélé tous ses secrets et lui avait brisé le cœur.
Ce garçon, son frère, qui la tape et la harcèle dès que leur père sort.
Cet homme, son père, qui lui reproche d'être faible et de pleurer pour un rien alors qu'il ne connaît pas son calvaire.
Cette femme, sa mère, qui l'a abandonnée.
Ces personnes, ses professeurs, qui lui crient dessus et se moquent ouvertement d'elle.
Et la vie, qui s'acharne sur elle.
Mesdames, messieurs, avez-vous compris ce qu'elle vit ?
Voyons, soyez compréhensifs au lieu de, vous aussi, l'insulter ! Apparemment vous ne comprenez pas.
Et comme chaque nuit, elle va se blottir au fond de son lit et pleurer toutes les larmes de son corps.
Et comme chaque matin, elle sortira du lit avec des cernes sous ses yeux, toujours plus creuse, à cause des insomnies.
Et comme chaque fois, les insultes voleront à son passage.
Et comme toujours, les coups la meurtriront plus que son corps ne l'était déjà.
Et comme chaque après-midi, elle rentrera à pieds, car ils ne veulent pas la laisser rentrer dans le bus.
Et comme toujours, son courage faiblira de plus en plus au fil des jours.
Et comme elle l'avait tant rêver, elle tentera de se suicider.
Mais son frère, toujours horrible, l'en empêchera en lui répétant : "Fais pas ça... T'es une moins-que-rien, même là-bas ils ne voudront pas de toi !".
Mesdames et messieurs, avez-vous enfin compris ? Ah, je vois que oui... Non attendez, que venez vous de dire ? Où est le courage ? Je me suis trompée, vous n'avez toujours pas compris !
Mesdames et messieurs, sachez que le courage peut être présent sous plusieurs formes... Et sachez que cette jeune enfant en déborde.
Elle affronte plus de problème que vous n'en avait jamais surmonté, elle est plus mature que la plupart des adultes, elle est plus triste que vous ne l'avez jamais été et malgré ça, sa bouche forme toujours un sourire éclatant.
Elle avance la tête haute et en silence alors que dans sa tête, c'est le bordel -je vous prierez d'excuser ma vulgarité.
Et malgré son envie de quitter ce monde, elle reste.
Et malgré son envie de retrouver sa lame, elle ne le fait pas.
Alors maintenant, je vous le dit, le courage est une personne, le courage est le nom de cette jeune fille, elle est constituée de courage et jamais personne ne lui ressemblera.
Et jamais personne ne la rabaissera assez bas pour qu'elle parte, car elle est courageuse.
Maintenant, avez-vous compris ? C'est bien, je vois que oui...
Hum, qui a-t-il ? Moi ? Qui je suis?
Oh, je suis la femme qui un jour a vécue auprès d'elle.
Je suis la femme qui un jour à pu la tenir dans ses bras.
Je suis la femme qui a essayée de l'éduquer.
Je suis la femme qui l'a soi-disant abandonnée.
Je suis la femme qu'un jour son père a tué.
Je suis la femme qui l'admire et qui ne veux surtout pas que sa fille la rejoigne.
Je suis la femme qui un jour fut sa mère.