Running in the Rain

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   Ayumi se souvenait. Elle se souvenait de ces jours ensoleillés qu'elles passaient, elle et sa meilleure amie, à bronzer sur les transats de la plage alors que leurs enfants s'amusaient dans l'eau. Elle se souvenait aussi de ces jours de neige des années auparavant, lorsqu'elles étaient toute deux de jeunes femmes dans la fleur de l'âge, à se lancer des boules de neige et à faire l'ange sur le sol. Mais il y avait aussi ces jours de pluie qu'elles avaient passées à observer les gens courir sous l'averse, et c'était alors qu'elles se demandaient tout bas à l'une et à l'autre pourquoi les gens se pressaient, pourquoi quelques gouttes de pluie les faisaient courir comme si le temps manquait à la vie.

   Aujourd'hui, Ayumi comprenait. Parce qu'au delà de tous les souvenirs merveilleux qu'elle avait avec Hylia, elle se souvenait également de celui-là. Ce jour qui avait signé sans qu'elle ne le sache le commencement de la fin. Le début de la noyade dans l'eau profonde dans laquelle sa meilleure amie tomberait à la renverse. Le début du plongeon qu'elle même allait faire dans les abysses de cette douleur lancinante de perdre quelqu'un à petit feu, sans savoir ni où, ni quand, ni comment ça allait se passer, alors que tout était inéluctable.

   C'était un jour de printemps parmi tant de jours de pluie. A l'extérieur de la petite maison d'Hylia, les oiseaux secouaient leurs ailes sur les branches des arbres pour en enlever la rosée, avant de s'envoler tour à tour. La femme pouvait passer des heures à observer l'extérieur tant cela l'apaisait, mais en ce jour, elle redressait la tête pour porter son attention à Ayumi, qui était venu lui rendre visite. Son amie s'assît en face d'elle autour de la table après lui a déposé une tasse de café devant elle. Elle la remercia à peine que déjà elle entendit les pas précipités de sa fille dévaler l'escalier 4 par 4, atterrissant brusquement. Son visage était rayonnant, Hylia ne pouvait que sentir cette chaleur dans la poitrine de voir sa fille si contente, parce que même si jour après jour Haru restait le rayon de soleil de la maison, il n'en manquait pas moins d'un jour de plus. Les deux femmes lui sourirent et Hylia, comme toute bonne mère, lui fit quand même un commentaire inutile dont elle savait qu'Haru n'écouterait pas une syllabe. Sauf qu'avec Hylia, les commentaires étaient toujours trop doux pour être pris au sérieux.

– Je t'ai déjà dit de pas sauter sur les marches comme ça, tu sais que les planches de bois ne tiendront pas très longtemps si tu continues.

   Haru hocha la tête, et comme prévu, n'écouta pas une miette de ce que disait sa mère. Elle s'avança en débitant comme à son habitude, sans se soucier de ce qui se passe autour d'elle.

– Maman ! Aujourd'hui je vais sur la côte, comme il fait beau... oh, Ayumi, bonjour ! Ça va ? Je disais comme il fait beau les surfeurs vont se précipiter, en plus y'aura certainement des vagues aujourd'hui, puis les gens aussi vont se précipiter pour faire leur première plage puisqu'il fait assez chaud aussi. Ça veut dire que le bar ouvre, donc je vais y travailler ! Ça me fera un peu d'argent, comme ça je t'achèterai un beauuuu truc pour ton anniv. Bref, j'y vais, au fait j'ai eu Qibli, il passera certainement demain, il a des partiels aujourd'hui. Bon, adieu cette fois !

   Et puis, sur ce, elle embrassa Ayumi puis sa mère un peu plus fort et disparut en quelques secondes. Les deux femmes rirent ensemble.

– C'est une vraie boule d'énergie, ta fille me surprendra toujours ! S'exclama Ayumi. Jamais une once de mauvaise humeur, ça me fascine à chaque fois.

– Elle empourpre de bonne humeur ceux qu'elle croise, oui. Sourit Hylia en retour, flottant sur un nuage à chaque fois qu'elle voyait sa fille embaumer la pièce de joie.

– Ma Amity a cette même vigueur pour vivre mais disons qu'elles l'expriment différemment.

   Elles rirent à nouveau parce qu'elles savaient à quoi faisait référence Hylia, mais furent coupées lorsque la main de cette dernière trembla trop lorsqu'elle prit sa tasse en main, et qu'elle la fit tombée aussitôt sur sa robe noire. Elle grimaça, la chaleur forte lui brûla la cuisse immédiatement. Elle sentait un nuage planer sur elle, comme souvent en ce moment. Elle déglutit, regardant du coin de l'œil sa main tremblante posée sur son autre cuisse.

One-shots || Recueil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant