When the raven caw

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   Il n'y a pas d'heure pour le commencement de la fin, mais notre temps est compté. Compté, avec plus ou moins de précision. Compté par le chagrin, compté par la douleur. Compté par la maladie. Le sien l'était.

   Depuis quelques années maintenant, elle chérissait chaque instant de plus passé à pouvoir respirer, à pouvoir mouver chacun de ses membres, à pouvoir profiter de ses enfants. Réellement, il s'agissait de sa fille et son neveu, mais elle avait élevé ce dernier comme son propre enfant, et aujourd'hui, tous trois étaient reliés par des liens. Des fils, dont un blanc, blanc comme neige, blanc comme la pureté d'un nouveau né qui vient de commencer sa longue vie, reliant les deux cousins ensemble. Et un deuxième, noir, noir comme le jais, noir comme les plumes du corbeau qui croasse sur le toit de la maison et qui fait planer l'inquiétude, attaché au premier fil, le bloquant dans ses entraves, relié directement à cette femme qui chérissait pourtant ses deux enfants qu'elle aimait plus que tout.

   La réalité était qu'Hylia subissait depuis déjà 3 ans le lourd fardeau de la maladie. Cette maladie de Charcot, s'encrant à sa chair, collant à sa peau, vissée entre ses tripes, ayant le monopole sur son corps. Son sourire était toujours le même, si doux, si rassurant et bienveillant, si sécurisant, mais son teint avait pâli, son corps avait considérablement maigri, ses mouvements étaient désormais plus lents. La flamme de vigueur qui irradiait autrefois tout son être n'était désormais qu'une flammèche, et elle menaçait de s'éteindre un peu plus chaque instant.

Parce que chaque jour devenait plus court que la veille.

Parce que chaque moment devenait plus éphémère que l'antécédent.

Parce que chaque parole devenait plus dure à prononcer que la précédente.

   Et désormais, dans ce monde ravagé d'une apocalypse soudaine depuis les environs d'un mois, il était d'autant plus dur de vivre. En fait, ce n'était plus une question de vivre, mais de survivre.

   Malgré la tranquillité de leur village, le prix de chaque petit élément avait considérablement augmenté, et pour cette famille de trois seulement qui avait toujours vécu dans la modestie, le rythme n'en était que plus compliqué à tenir. Qibli et Haru travaillaient d'arrache-main pour récupérer de quoi les nourrir et les faire vivre, sachant qu'Hylia ne pouvait plus travailler depuis un moment déjà. Son diagnostic avait donné 6 ans restant à vivre et pourtant, ils savaient bien tous qu'à ce train-là, la sixième année était inatteignable.
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   La pluie venait de cesser, l'atmosphère nuageuse planait toujours au dessus de leur maison. Qibli, depuis la fenêtre de sa chambre, pouvait apercevoir les quelques personnes qui décidaient de sortir de leur cachette après l'averse qui les avait assaillis toute la journée. La fin d'après midi était calme, silencieuse, humide. Il s'affairait à ranger ses affaires de manière robotique dans son placard, jetant parfois distraitement des coups d'œil par la seule source de lumière de la pièce, d'où passait parfois un petit oiseau piaillant.

   Le bruit de cassure qui retentit lui fit relever la tête. Son instinct guida ses pas vers l'escalier avant même de le réaliser, et sa main dévala la rampe aussi vite que ses pieds sautaient les marches. La poitrine comprimée, il déboucha sur la salle à manger, où ses yeux se posèrent immédiatement sur cette longue chevelure de jais. De profil, l'expression d'Hylia n'était pas reconnaissable.

   Est-ce qu'elle souffrait ?

   Est-ce qu'elle souriait ?

   Ou n'était-ce qu'une grimace, ce repli sur sa joue et ces bras tendus contre le bord de l'évier ?

One-shots || Recueil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant