Le Chant des Âmes fantômes

7 . Cent voix

- Le Volhentana ? répéta Enzo.

- Non ! Un mot comme celui-là ne se prononce pas avec cet air simpliste ! Il faut ressentir l'énergie qui le traverse, et le laisser glisser dans l'espace autour de toi, répondit Flo d'un air sérieux.

- Tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ? lança-t-il, d'un air désabusé.

- Arrête de dire des bêtises et répète : Volhentana, articula son interlocuteur avec passion.

- Volhentana.

- Rah ! Mais qui m'a apporté cette andouille ? Volh-en-ta-na.

- Volhentana ?

- Bah voilà. C'était si compliqué que ça ?

- Au lieu de vous amuser, vous ne pourriez pas nous dire où est-ce qu'on peut trouver quelque chose à se mettre sous la dent ? les interrompit Oria.

L'adolescente lorgna Flo, lequel lui rendit son regard curieux sans broncher. Finalement, il n'avait rien d'un survivant terré dans sa cachette dans l'attente d'un miracle, mais plutôt d'un gamin incompris. Il parlait en faisant de grands gestes et avait ce petit tic de taper trois fois du bout des doigts lorsqu'il était frustré.

Il semblait avoir... attendu l'arrivée des Reïkenn de pied ferme, et s'était équipé en conséquence. Elle lui posa la question qui la taraudait :

- Vous semblez avoir de l'expérience en matière de survie.

Il sourit de toutes ses dents.

- Ça sonne plus comme une affirmation.

Oria se sentit mieux. Si le reste du groupe ne comprenait rien, elle avait saisi la signification de sa phrase.

Oui. Il était différent. Et il était prêt à lui apporter des réponses.

Une connexion s'était formée. La jeune fille en était sûre et prenait soudainement confiance en elle et son avenir, peut-être moins sombre qu'il ne l'était. Presque euphorique, elle s'apprêtait à rejoindre les garçons dans la cuisine, lorsque tout bascula.

- Ne te réjouis pas aussi vite. Rien n'est fini, hypocrite, lâcha-t-il.

Puis il se dirigea vers la sortie, lui lançant une œillade mauvaise au passage.

Il est bipolaire ? espéra Oria, plus pour se convaincre elle-même.

Oui, c'était cela. Il avait eu un coup de stress, et déblatérait des bêtises. Il lui expliquerait par la suite.

Voilà. C'était tout.

Sa gorge s'assècha et son corps refusa de lui répondre. Ses mains se mirent à trembler, sa respiration devint sifflante. Au fond d'elle, on lui confirmait la véracité des paroles de Flowen.

Je le savais, je le savais, je le savais...

Sa poitrine comprima douloureusement ses poumons, l'empêchant d'inspirer convenablement.

Ne te laisse pas faire. Tu es forte.

Une petite voix dans ses pensées la contredit. Elle secoua violemment la tête pour reprendre ses esprits. Oui elle était forte.

Et elle le savait.

Flo était malin : il avait détourné la question d'Enzo en leur décrivant un sujet complètement opposé, il avait bien pu faire allusion à autre chose et tentait de la mettre mal à l'aise.

Un sentiment de méfiance planait autour de lui.

- J'ai trouvé ! lança James, sa voix aiguë résonnant dans la pièce.