Décembre 1875
Peu après notre retour du congrès, nous nous promenons dans les rues de Londres lorsque Will me dit qu'il doit passer prendre un dossier important au ministère. Je l'attends en bas du bâtiment, espérant ne pas croiser son collègue. Et je vois Aesop arriver, une sacoche à la main. C'est une manie ces temps-ci, il faut vraiment que j'arrête de penser à lui si ça le fait apparaitre à tous les coups !
— Isis, dit-il en me voyant. Bonjour.
— Bonjour, dis-je rapidement.
— Tu... Tu vas bien ? dit-il avec timidité.
— Oui.
— Tu as besoin de quelque chose ?
— Non.
Le malaise est palpable. Il soupire et me lance.
— Ecoute je... C'est surement déplacé de ma part, après toutes ces années... Je comprendrais que tu sois... Enfin que tu...
Dans un autre contexte, j'aurais trouvé charmant son bafouillement. Mais en cet instant je préfèrerais qu'il parte.
— Non Aesop, ne...
— J'insiste, me coupe-t-il avec douceur. Je veux dire, j'ai eu le temps d'y réfléchir depuis le temps. J'admets que de nous être revus récemment a ravivé pas mal de souvenirs et...
Son visage change d'expression au fur et à mesure de ses paroles. Je suis dans la plus grande confusion. Je n'ai rien à lui dire mais je rêve depuis si longtemps qu'il me parle.
— Pardonne au jeune homme que j'étais, j'ai eu...
Des années que mon passé me fissure le cœur mais il choisit le pire moment pour en discuter. Will apparait à nos côtés.
— Aesop, dit Will en lui serrant la main. Je passais prendre un dossier. Comment ça se passe de ton côté ?
— Euh, ça avance. Je t'enverrais un hibou en fin de semaine.
— Parfait. On y va ? me dit Will d'un ton enjoué en me prenant la main.
— Vous allez où ? demande Aesop d'une voix rauque.
— Je pense qu'on va aller goûter ce fameux hydromel dont je t'avais parlé, ça te convient ma belle ? dit Will en m'embrassant la main.
Il se tourne vers Aesop, montrant ma main dans la sienne.
— Je ne t'ai pas remercié de m'avoir présenté. J'ai toujours dit que les amis de mes amis sont mes amis. Bon bah finalement un peu plus, dit-il avec un petit rire. Tu veux te joindre à nous ? lui propose-t-il avec sympathie.
La voix d'Aesop est une sorte de gargouillis rauque.
— Peux pas, boulot...
Il tourne les talons après un signe de tête abrupt et disparait dans le ministère.
— Bah tu le connais au moins autant que moi. Taciturne, me dit Will complice.
Une fois installés, nous sirotons notre boisson et je me rends compte que je ne sais pas par où commencer.
— Tout va bien ? me demande Will avec douceur.
— Oui, dis-je avec un soupir. Enfin... Il faut que je sois franche avec toi.
— Ah ? A quel propos ?
— Voilà. Aesop et moi n'étions pas de simples camarades à Poudlard. Nous... Enfin, nous sommes sortis ensemble.
— Oh. D'accord. Je comprends mieux.
— Comment ça ?
— Je me demandais pourquoi il faisait une tête pareille quand il te voyait. J'aurais dû me douter. Nous avons à peine parlé lui et moi, il s'est montré assez évasif. Et je peux être naïf, me dit-il sur un ton d'excuse. J'espère que je n'ai pas manqué de tact en annonçant notre relation ainsi ?
— Je pense que c'est mieux comme ça.
Aesop a eu des années pour faire le premier pas. Je suis atterrée qu'il attende encore le dernier moment pour s'exprimer.
— Et vous êtes restés ensemble longtemps ?
— Un an et demi environ. Quelques mois véritablement. Il me restait ma dernière année d'étude et il commençait sa formation, donc nous avons passé une bonne partie du temps éloigné.
— Un an et demi quand même.
Je constate comme ça le touche, son regard a perdu un peu de sa jovialité.
— C'était il y a longtemps. Nos chemins se sont séparés il y a des années, ajoutais-je.
— Et pourquoi ? Enfin, si ce n'est pas trop indiscret.
— Aesop s'est rendu compte que... Sa carrière n'était pas compatible avec une relation.
— Il t'a quitté pour ça ? demande Will, surpris.
— Oui. Nous étions très jeunes.
— Hum, je vois. Et vous ne vous étiez pas revu depuis ?
— Non. Les retrouvailles sont donc un peu, disons... Etonnantes. Il n'est pas facile de parler avec lui.
Will me regarde avec attention.
— Peut-être que c'est le bon moment alors ? demande-t-il.
— Pour quoi ?
— Pour lui parler.
— Je... Je ne sais pas.
— Ça ne me regarde pas évidemment. Mais si tu en ressens le besoin, ça peut être une opportunité.
— Je ne saurais pas quoi lui dire pour être honnête.
— Et si tu avais surtout besoin d'écouter ? Il te parlait quand je suis arrivé tout à l'heure, non ?
— Oui, mais... Je ne sais pas.
Je bois une gorgée de ma boisson, intriguée par cette conversation.
— Tu dis ça avec une telle simplicité.
— Bien sûr, me répond-il avec confiance. Pourquoi ça serait compliqué ?
— Tu es le plus mature d'entre nous, dis-je avec complicité.
— Faut bien que ça serve d'être aussi vieux.
— Ne dis pas ça voyons !
— Si, si. Laisse-moi le rôle du mentor, ça me va très bien, me dit-il avec un grand sourire.
— Attends. Tu as dit que tu étais en septième année quand Aesop est entré à Poudlard, dis-je en calculant en même temps, ça veut dire que tu as six ans de plus que lui. C'est suffisant pour être mentor ? demandais-je avec humour.
— J'ai tout appris à Aesop, tu te doutes bien ! dit-il avec un clin d'œil. C'est un garçon brillant et il le sait le bougre. J'ai vite remarqué qu'il avait une confiance en lui plutôt débordante. En même temps, il peut se le permettre, j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi doué si jeune.
Son admiration pour lui est touchante. Je pose ma main sur celle de Will.
— Sache que je suis bien avec toi. J'apprécie notre relation.
— J'ai de la chance, me dit-il d'un air entendu. Moi aussi j'aime être avec toi, c'est pour ça que je n'hésite pas à te faire part de ce que je ressens.
— Et je t'en remercie. Bon, je vais réfléchir à ce que tu as dit, ajoutais-je au bout d'un moment.
Discuter avec Aesop ne m'enchante guère. Mais je comprends ce que veut dire Will.
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Amour Tranchant (Sharp Love) Fanfiction Aesop Sharp Hogwarts Legacy
FanfictionAvant ma rencontre avec Aesop Sharp, ma vie était tranquille. Sauf si on s'en prend aux créatures magiques. Ma meilleure amie me l'a toujours dit : « Isis Shettle, dès qu'il s'agit des animaux fantastiques, tu es impitoyable ». Je prends ça pour un...