Mon projet avance à grand pas mais c'est beaucoup de travail, je ne pensais pas que ce serait si contraignant. Will est aussi très pris de son côté. Un jour, je décide de passer chez lui. Lorsqu'il ouvre sa porte, son visage présente un nombre inquiétant de contusions.
— Will ! Tout va bien ? m'inquiétais-je.
— Isis ! Je... Je ne m'attendais pas à te voir aujourd'hui, dit-il gêné.
— Mais... Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
— Ne t'inquiètes pas. Ça va vite guérir, je suis plus solide que tu ne crois !
— Pardonne-moi d'arriver à l'improviste, dis-je en entrant chez lui. Je voulais partager avec toi, mon père m'a envoyé des spécialités françaises en retard pour mon anniversaire, je n'ai pas pensé que...
— Oh la merveille !
Will se rue sur la boite et dévore avec avidité une viennoiserie. J'ai du mal à détacher mes yeux de ses blessures. Il sent mon regard inquiet.
— Vraiment je t'assure, ça va aller, même si c'est impressionnant. On a rencontré quelques difficultés mais rien de grave. Et puis, tu m'as amené des douceurs, dit-il en croquant dans un chausson aux pommes. Et ton joli visage, ajoute-t-il avec un baiser sucré.
— Que s'est-il passé ?
— C'est vraiment risible. Nous étions en mission avec Aesop il y a quelques jours et bon... On a été un peu malmené.
— C'est vrai qu'en te regardant on se dit que c'était une simple bousculade !
— Non mais...
— Je sais que tu veux me protéger. Mais moins tu m'en parles, plus c'est angoissant. Tu t'es regardé ?
— Oh non... Ma beauté légendaire n'est plus, c'est ça ?
Il pousse un cri de désespoir exagéré, sa main sur le cœur. Je lève les yeux au ciel sans pouvoir m'empêcher de sourire à son petit numéro.
— Je ne veux pas t'accabler avec tout ça, me dit-il.
— Je sais. Mais tu peux me parler Will. Je t'assure.
Je pose ma main sur la sienne. Elle est glacée alors que nous sommes devant un feu de cheminée. Je vois bien qu'il est plus affecté qu'il ne le dit.
— On était bien parti au début. Et puis ça s'est gâté. Je te passe les détails mais on s'est retrouvé immobilisé tous les deux.
J'essaye de dissimuler mon effroi à cette révélation.
— Par chance, nous sommes tombés sur les mages noirs les plus stupides du pays. Ils n'ont pas vu qu'Aesop avait toujours sa baguette. Il nous a vite libéré, j'ai récupéré ma baguette et... On a un peu bataillé, dit-il en passant sa main dans sa nuque.
— Un peu ? On dirait que tu es passé par une fenêtre !
Les lèvres de Will se pincent si fort que je comprends que je suis tombée juste.
— Non ?! Will...
— Je sais que mon métier est dangereux. Je ne l'ai pas choisi au hasard. Mais j'avoue que c'était...
Son regard s'assombrit. Je passe mon bras autour de ses épaules et me presse contre lui.
— Mais on s'en est sorti. Aesop manie le sortilège de désarmement comme personne, même s'il a fallu aller un petit peu plus loin...
— Comment ça ?
— Non, c'est une façon...
— Will ? lui dis-je en le regardant dans les yeux.
— Je me suis souvent demandé ce qui était pire, avoua-t-il au bout d'un moment. Subir un sortilège impardonnable ou en jeter un ? Mon métier me confirme que dans tous les cas, on n'en sort pas indemne. Au moins ça nous aura tiré d'affaire.
Je lui caresse doucement les cheveux. La réalité implacable de ce métier m'apparait comme jamais.
***
Le lendemain, je passe la tête dans le bureau d'Aesop. Je savais qu'il serait présent grâce à Will.
— Bonjour, dis-je joyeusement.
Lorsque je vois sa main et son oreille bandées, j'ai un coup au cœur.
— Isis ? Tout va bien ?
— C'est plutôt moi qui devrais te poser la question. Will m'a dit... Pour...
— Ah... Ca va aller.
— Je t'ai gardé quelques viennoiseries, mon père me les a envoyés pour mon anniversaire, dis-je en déposant une boite.
— Oh. Merci.
— Et, cette histoire m'a fait réaliser quelque chose. C'est un métier vraiment particulier que vous faites, dis-je songeuse. Et au-delà de tout ça, il y a les proches... Comment avoir une vie normale ? Comment leur cacher, ou leur en parler, sans les inquiéter ? Il faut pouvoir le supporter ça aussi.
Aesop me regarde avec bienveillance. Peut-être même avec reconnaissance.
— Je pense que je comprends d'autant plus ce que tu as du réaliser il y a des années. Je vais te dire ce que j'ai dit à Will. Votre métier c'est votre vie et je le respecte. Mais de grâce, si vous avez besoin de vous confier, vous savez que je suis là. Je suis plus solide que vous avez l'air de le penser tous les deux. Et puis surtout, ça sert à ça les amis, dis-je avec détermination.
Il me sourit franchement à présent. Il se lève et me prends les mains.
— Merci beaucoup Isis. Et sache que c'est valable pour toi aussi.
— Merci Aesop, dis-je en lui souriant.
— Je... Je sais que je n'ai pas été là quand il fallait mais...
— Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ?
Je prends congé et repart chez moi pour travailler. Durant le trajet, je me surprends à repenser à une partie de ce que nous avons vécu avec Aesop. Et il est vrai que beaucoup de ces moments ont eu lieu alors que nous étions amis. Et c'était agréable. La seule différence c'était mon état d'esprit, il me faisait craquer, ça me crispait et j'accumulais de la frustration. Maintenant, je me sens tout à fait détendue en sa présence, c'est une première.
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Amour Tranchant (Sharp Love) Fanfiction Aesop Sharp Hogwarts Legacy
FanfictionAvant ma rencontre avec Aesop Sharp, ma vie était tranquille. Sauf si on s'en prend aux créatures magiques. Ma meilleure amie me l'a toujours dit : « Isis Shettle, dès qu'il s'agit des animaux fantastiques, tu es impitoyable ». Je prends ça pour un...