Amour Tranchant (Sharp Love) Fanfiction Aesop Sharp Hogwarts Legacy

Chapitre 28 - Le chaos de l'esprit frappeur

Mes premiers cours se passent bien. J'ai été agréablement surprise de découvrir de nombreux élèves motivés voire passionnés par les animaux. J'ai quelques idées pour rendre mes cours plus attractifs. Parmi elles, j'ai pensé à des cours de soutien optionnels. Mais pas n'importe lesquels. Des cours jumelés, c'est à dire des cours à deux professeurs, pour faire le lien entre nos matières.

Je décide d'en parler avec le professeur de sortilèges, Abraham Ronen. Il travaille ici depuis longtemps et sa bonhommie en fait le candidat idéal pour présenter ce projet. Je ne me suis pas trompée car lorsque je lui expose l'idée, il se montre très enthousiaste. Nous en discutons avec Matilda, la directrice adjointe, et rapidement, nous obtenons l'autorisation du département d'éducation magique.

Malheureusement, à la fin du mois d'octobre, un des Fléreurs tombe gravement malade. J'ai déjà croisé cette infection il y a des années au refuge et j'ai le souvenir qu'elle nécessite un remède très délicat à préparer. Je contacte sans attendre la boutique de potions du village le plus proche et je me rends d'un pas vif à l'infirmerie de l'école, espérant y trouver des recommandations.

— Ah oui, j'ai déjà entendu parler de cette affliction, me dit l'infirmière avec bienveillance. C'est en effet un soin complexe, mais une fois administré il donne de très bons résultats.

— Oui, j'ai déjà vu ça dans mon refuge mais j'avais toute une équipe à mes côtés. J'ai passé commande à J. Pippin's Potions à Pré-au-lard. Or je crains que la préparation mette trop de temps à me parvenir.

— Vous devriez demander à notre professeur de potions, il est tout à fait compétent pour créer le remède.

Même avec la meilleure volonté du monde, je ne parviens pas à dissimuler ma désarroi. Malgré notre discussion de rentrée, qui bien qu'houleuse s'est terminée un peu plus apaisée, nous n'avons pas échangé davantage avec Aesop. Pire encore, je le trouve... Inaccessible. Il arbore sans cesse un visage renfrogné, comme s'il était dérangé en permanence. J'imagine que sa blessure ne doit pas lui rendre la vie facile. Mais il est si loin du jeune homme que j'ai connu entre ces murs que cela me laisse démunie. Voyant ma réaction, l'infirmière me répond avec complicité.

— Ne vous inquiétez pas. Je sais que le professeur Sharp peut paraitre un peu... Bourru au premier abord. Mais il n'en reste pas moins excellent dans sa discipline et je suis sure qu'il ne verra aucun inconvénient à aider une collègue en détresse.

Je fais mon maximum pour ne pas montrer le doute qui m'assaille. Une collègue en détresse c'est possible, mais une Isis en demande, je n'en suis pas si sûre. Enfin, il sera peut-être soulagé d'apprendre que nos « différents » ne semblent pas s'être ébruités.

Je retourne aux enclos et constate que l'état de l'animal ne s'améliore pas. Je prends sur moi. Il est temps de mettre mes problèmes personnels de côté.

***

Arrivée devant les quartiers d'Aesop, je frappe trois coups secs. J'entends son pas claudiquant à l'intérieur.

— Je suis désolée de te déranger à cette heure, dis-je avec gêne lorsqu'il ouvre sa porte. J'ai un Fléreur très malade. J'ai envoyé un hibou à Parry Pippin qui vient de me répondre qu'il ne pourra fabriquer le remède que dans une semaine, à la suite d'une rupture de stock d'un des ingrédients. Je...

— Quel remède ?

Une fois que je le lui ai dit, il me fixe durant quelques secondes. Puis je recule avec précipitation lorsqu'il sort de la pièce et referme sa porte avant de prendre l'escalier, me laissant penaude dans le couloir. Je me retiens de pester, son attitude a le don de me crisper. Je le suis et arrivée à la salle des potions, je le vois s'affairer devant un poste. Il créé un petit fauteuil sur le côté, que je devine être pour moi. Il ne prononcera pas un seul mot. Chacun de ses gestes est maitrisé, précis. Il passera un peu plus d'une heure devant le chaudron et lorsqu'il me tend une fiole remplit à ras bord, je peine à soutenir son regard.