Chapitre 4 : Lily

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« Le corps, un miroir qui reflète nos luttes intérieures, dont on s'efforce de trouver la beauté dans chaque imperfection »

Je sonne à la porte d'une main et les doigts de l'autre sont liés à ceux d'Ari. On attend sur le palier et je redoute déjà ce qu'il va se passer par la suite. Cette porte s'ouvre sur le visage souriant de ma mère et sur le sourire forcé de mon frère. Je ne savais pas qu'il serait là et ça ne fait qu'augmenter ma peur. Ses yeux descendent sur nos mains entrelacées et une moue de dégoût se voit sur son visage. J'essaye de ne pas y faire attention et entre, invitée par ma mère. Je leur présente Ari et on va directement s'installer à table. Je m'assois à côté de mon amie, de l'autre côté se trouve Alexandre et en face de moi se trouvent mes parents qui m'observent d'un œil critique. Je suis nerveuse alors ma jambe commence à tressauter et je tords mes doigts. Ari consciente de mon état, pose sa main sur mon genou pour me calmer. Les yeux d'Alex descendent dessus, son regard se durcit encore plus et il se lève les mains toujours posées sur la table.

- Sales pédés ! Cri-t-il. Je t'avais dit de ne plus jamais nous ramener une fille !

Mon sang se glace, je ne bouge plus, tout le monde pose ses couverts mais mes parents n'interviennent pas.

- Dégage de là ! Continue-t-il.

Ari se lève doucement et se tourne vers lui.

- Écoute-moi bien mon petit Alexandre. Tu as peut-être du mal à t'accepter, ce n'est pas pour ça que tu dois réagir comme ça. Oui, je suis pédé comme tu le dis si bien, enfin je suis lesbienne comme on dit avec les bons termes. Elle continue sur le même ton. Oui, ta sœur a déjà ramené une fille. Ce n'est pas ton problème, ce n'est pas toi qui couches avec. La vie de Lily n'est pas la tienne, elle fait ce qu'elle veut, tu fais ce que tu veux mais plus jamais tu lui reparles comme ça est-ce que c'est bien compris ?

- Tu ne vas absolument rien faire Ari. Siffle-t-il en insistant sur le prénom de manière désagréable.

Elle rigole avant de répondre.

- Moi non, mais je connais cinq joueurs de football américain qui seraient heureux de te rencontrer.

Alexandre ne dit plus rien et quitte la table puis claque la porte d'entrée dans son dos. Je me retourne face à mes parents et Ari se rassoit pour manger comme si il ne s'était rien passé.

- Alors euh... Vous sortez ensemble ? Demande ma mère mal à l'aise.

- Non, Lily est ma meilleure amie. Elle est extraordinaire.

Je vois mon père recommencer à respirer et à manger comme si il était rassuré et j'enrage à l'intérieur de moi. Ils n'ont jamais accepté que je pouvais aimer les hommes et les femmes. Ils reprennent le cours de leur vie pendant que je joue avec ma fourchette et la nourriture dans mon assiette.

- Mange, tu es déjà trop mince. Tu as la peau sur les os ! Me lance ma mère.

Je regarde mon assiette d'un œil dégoûté, ça a l'air bon mais mon estomac n'en veut pas.

- Non merci, je n'ai pas très faim.

- Tu as mangé quand pour la dernière fois ? Me demande maintenant mon père d'un ton sec.

- C'est un interrogatoire. Ricanais-je avec la fourchette qui me passe toujours de doigt en doigt.

- Réponds juste !

- On a mangé sur le chemin pour venir là, c'est pour ça. Intervient encore une fois ma sauveuse de la journée.

Alexandre revient dans l'après-midi alors que je suis dans mon ancienne chambre avec Ari. Il ne prend même pas la peine de venir nous dire au revoir quand on part. J'ai mal au cœur, quand on était petit on ne pouvait pas nous séparer. Il était une partie de moi et j'étais une partie de lui. Partout où il était j'y étais. Mon frère était toute ma vie et maintenant on ne se parle plus ou alors il me crie dessus comme dégouté par moi, par ma personne. Oui, ça me fait mal, j'en souffre. Mon frère, mon meilleur ami devenu un inconnu, un bourreau. Et malgré ça l'espoir que tout redevienne comme avant reste là dans un coin de ma tête, dans un coin de mon cœur.

Rien qu'un seul jour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant