Rien qu'un seul jour

Chapitre 6 : Lily et Lewis

« Cœurs stressés, corps fatigué, yeux cernés...»

« Ça ne compte pas, je ne sais pas quel poison tu m'as injecté... »

Voilà ce qu'il m'a dit avant de partir ne me laissant même pas le temps de réfléchir à tout ça. Il ne pourra jamais rien se passer entre nous parce qu'il ne me comprendra jamais, c'est impossible. Pourtant quand ses lèvres se sont posées sur les miennes précipitamment j'ai eu l'impression qu'il entendait mon combat silencieux plus que personne. J'ai dû me tromper mais je n'arrive pas à me sortir toute cette scène de la tête. Je n'ai pas d'autre choix que d'appeler Ari, je m'en veux de lui faire endurer tout ça mais je ne pourrais rien faire sans elle.

Elle me regarde silencieusement une fois que j'ai tout déballé. L'arrivée de Sasha, le secours de Noa et Maël, les mots échangés avec Lewis, toute la suite... Je ne la presse pas parce que je sais qu'elle a besoin de digérer les informations. Elle se lève simplement, attrape une feuille et un feutre. Elle se réinstalle et commence à écrire. Je me redresse pour essayer de lire par-dessus son épaule. Un tableau avec une colonne Pour et une autre Contre se dresse sur le papier blanc.

On passe le reste de la soirée à le remplir en se concentrant uniquement sur ma relation avec Lewis. Les cases se remplissent plus ou moins vite et je suis obligée d'admettre qu'il y a beaucoup de Pour. Ari essaye de me convaincre mais je sais que je ne pourrais pas. Cette relation ne marchera jamais, je ne peux rien lui dire. Mon passé restera mon passé, je ne veux plus en parler. Alors une relation avec la personne qui veut le plus déterrer et découvrir ce qu'il m'est arrivé, ce n'est pas une bonne idée.

Mais mon être tout entier vit Lewis, tremble Lewis, respire Lewis, crie Lewis.

Ce matin j'ai réussi à avoir mon bus et heureusement parce qu'Ari est coincé dans son lit avec quarante de fièvre. C'est donc seule que je traverse cette journée, ce qui ne me dérange pas vraiment, j'aime ma solitude. La sonnerie de fin de journée s'active, les couloirs commencent à être déserté alors je reste un peu pour apprécier le silence. Du moins avant qu'une voix que je connais trop bien s'élève derrière moi. Je commence déjà à frissonner quand sa main se pose dans le bas de mon dos.

- Te voilà seule, plus de grand gaillard pour me faire partir.

J'ai la nausée, je refuse de la regarder et je cherche à m'échapper, en vain. Elle m'attrape le bras et me plaque contre le mur pour m'embrasser.

- C'est sympa quand il y a personne. Elle dit d'une voix répugnante.

Je suis paralysée quand elle fait glisser sa main le long de mon corps jusqu'à mon entrejambe.

- Arrête. Je murmure.

- Je ne t'entends pas.

Les larmes me brouillent la vue alors qu'elle continue à me salir. Mes jambes ne me tiennent plus vraiment mais son emprise sur moi me maintient debout.

- Arrête, arrête ! Je dis de plus en plus fort.

- Je ne t'entends toujours pas. Elle siffle.

- Je crois qu'elle t'a demandé d'arrêter. S'élève une voix plus forte derrière.

Sacha me relâche rapidement et je m'écroule par terre en me roulant en boule pour pleurer.

- T'es qui toi ?

- Son copain ! Dis Lewis d'une voix forte.

Elle ricane en le dévisageant.

- Elle ne t'aime pas, il n'y a que moi dans sa vie.

- Tu devrais partir avant que j'appelle la police. Il articule.