Près de moi

1. Seule

Cela fait maintenant quatre longues années depuis que ma mère nous a quittés, m'abandonnant avec ce connard, et quatre ans également depuis notre déménagement. Mon père a choisi de s'enfuir dès qu'elle a eu son accident, probablement dans l'espoir d'oublier. On pourrait penser que j'ai tissé des liens avec lui, mais c'est loin d'être le cas. Il est rarement présent. Pourquoi ? Je l'ignore.
J'aurais préféré rester à Chicago, où j'avais au moins des amis. Ici, je suis seule, mais honnêtement, vu leur mentalité, je préfère être seule. Je peux passer une semaine sans voir la sale gueule de mon père, et ça ne me dérange pas le moins du monde.
Putain de John.
Il ne m'a jamais aimée, surtout depuis que ma sœur s'est suicidée. Depuis ce jour, il est devenu froid, trop froid à mon égard. Elle est partie quand j'avais dix ans. Est-ce que mon père me tiendra toujours responsable de cela ? Je l'ignore toujours.
J'aimerais tellement avoir des réponses à toutes ces fichues questions qui ne cessent de tourner en boucle dans ma tête, surtout à une en particulier Pourquoi a-t-il disparu du jour au lendemain sans un mot
Je parle bien sûr de lui, l'unique et incroyable, mon premier amour ! J'avais treize ans quand nous sommes sortis ensemble. Il était tout pour moi. Quand j'étais triste, c'est lui qui me réconfortait. Il me manque terriblement. Je n'ai plus eu de nouvelles de lui depuis qu'il est parti. Mais ai-je vraiment été aimée de lui ? Il était du genre insociable et très réservé avec les autres, mais avec moi, il était d'une tranquillité rassurante. Ce qui me perturbait le plus avec lui, c'est qu'il refusait toujours de parler de moi à sa famille. Nous étions discrets, trop discrets.
Peu importe, en ce moment, ma priorité est de trouver le moyen de financer mes études universitaires, car cet enfoiré de père dilapide son argent en cigarettes et en drogues. Ainsi, je suis contrainte de me débrouiller complètement seule. La solitude est devenue ma compagne quotidienne, un fardeau que je porte silencieusement tout en cherchant désespérément à construire un avenir meilleur pour moi-même, malgré les défis incessants.
Le résumé de ma vie, en gros, c'est d'être seule.

Lendemain soir
Los Angeles

Il m'arrive fréquemment de me laisser dériver dans les ruelles labyrinthiques de cette ville, avide de dévoiler ses mystères enfouis. Malgré le fait que je réside ici depuis déjà quatre ans, j'ai le sentiment de n'avoir effleuré que superficiellement tout ce que cette cité a à révéler. Chaque coin de rue semble abriter une histoire, chaque mur dissimuler un secret, et je me sens constamment poussé à explorer davantage, à plonger plus profondément dans les méandres de cette ville intrigante.
J'apprécie vraiment me perdre dans mes balades; elles m'offrent un répit bienvenu, me permettant d'oublier mes soucis, ne serait-ce que pour un instant. Après tout, pourquoi se tourner vers la drogue quand on peut simplement explorer, respirer l'air frais, et se laisser absorber par la beauté qui nous entoure? Se promener, c'est une manière saine et simple de s'évader, un remède naturel accessible à tous. Un après-midi, alors que je déambulais sans but précis, je me suis trouvée devant un bar dont une petite affiche attira mon attention : "Recherche serveuses, débutantes acceptées." Cela semblait être un signe du destin. Je me suis arrêtée, hésitante, pesant le pour et le contre, mais finalement, je me suis dit que je n'avais rien à perdre. Après tout, j'avais désespérément besoin de cet argent pour mes études.

Poussant la porte, je pénétrais dans un univers inattendu. L'intérieur du bar baignait dans une lumière rougeâtre, et l'ambiance me fit penser à un club de nuit un peu louche avec ses clients aux regards affamés. Cette ambiance me déprimait un peu, mais c'était pour payer mes frais de scolarité, alors, je le ferai. Je m'approchai du barman pour lui demander si l'annonce était toujours d'actualité.

-Bonjour, j'ai vu l'affiche devant le bar. Serait-il possible de me prendre ? demandai-je au barman.

-Bonjour, il n'y a pas de problème. Donne-moi ton prénom et ton nom, répondit-il.