Près de moi

11. Je te haime

Pourquoi insistait-il pour que je dorme avec lui? Cette question hantait mon esprit, mais dans l'instant, impossible d'articuler le moindre mot ; sa main était fermement plaquée contre ma bouche, étouffant mes protestations. Sans ménagement, il me traîna de force jusqu'à sa chambre, me poussant à l'intérieur avant de claquer la porte derrière moi. Il verrouilla ensuite soigneusement, me laissant enfermée, isolée et confuse. Putain, mais qu'est-ce qui lui prend de me séquestrer ainsi?

Je l'entendis descendre, certainement pour prévenir Carla. Dans tous les cas, je me devais de lui parler de cette situation. J'espérais sincèrement qu'il avait une raison valable pour agir ainsi, car je ne pouvais m'empêcher de ressentir une anxiété croissante face à cette étrange tournure des événements.

Après une dizaine de minutes qui me parurent une éternité, j'entendis finalement ses pas se rapprocher. Le cliquetis de la clé dans la serrure rompit le silence lourd de la pièce, et la porte s'ouvrit lentement. Il entra dans sa chambre, arborant cette allure distante et réservée qui le caractérisait si bien.

Alors qu'il s'avançait, un souvenir me revint soudain à l'esprit : la première fois que Carla m'avait fait visiter sa maison, elle m'avait confié qu'il était très sélectif quant à ses visiteurs, n'ouvrant sa porte qu'en de très rares occasions. Cette pensée me frappa alors : ma présence ici était donc quelque chose d'exceptionnel. Ce constat ajouta un poids supplémentaire à l'atmosphère déjà chargée, me faisant me demander ce qui, dans cette situation, m'avait rendu si particulier à ses yeux.

- Pourquoi m'as-tu jeté dans ta chambre ? lui criai-je, l'interrompant brusquement.

Il me fixa avec une expression glaciale.

-Ferme ta gueule, je fais ça à contrecœur pour éviter que tu ne balances des conneries à ce connard d'Adam, répliqua-t-il d'un ton sec.

-Et tu veux que je dise quoi sérieux ? insistai-je, cherchant à comprendre sa logique.

-Je t'ai dit de fermer ta putain de gueule, sinon je dis à mon enfoiré de père qui tu es vraiment ! menaça-t-il, laissant planer une tension palpable dans l'air.

Ces mots me firent tiquer. Son père ? Son père avait des démêlés avec le mien ? Pourquoi n'étais-je pas au courant ?

-Et je dors où ? demandai-je, tentant de rester calme malgré la confusion qui m'envahissait.

-Par terre, répondit-il simplement, sans la moindre trace de compassion dans sa voix.

-Quoi ? Mais je ne vais jamais pouvoir dormir comme ça ! m'exclamai-je, réalisant l'absurdité de la situation.

-Arrête de te plaindre, répliqua-t-il avec agacement.

Je soupirai, exaspérée par son attitude. Il me lança un coussin et se dirigea vers son lit pour se coucher. Pendant ce temps, je m'approchai de la porte, espérant pouvoir l'ouvrir, mais en vain.

-Bordel, tu vas arrêter ou je t'attache au sol ! menaça-t-il à nouveau, voyant mes efforts infructueux.

Putain, je te hais, Shawn.

Confrontée à l'impossibilité de quitter la pièce, je finis par me résigner et m'installer par terre, mon coussin comme seul réconfort. Je cherchai désespérément à trouver ne serait-ce qu'un soupçon de sommeil dans cette situation aussi inconfortable qu'inattendue.

Tandis que je tentais en vain de trouver le sommeil sur le sol dur, les paroles de Shawn résonnaient dans ma tête, ajoutant une couche de confusion et d'inquiétude à mon esprit déjà agité. L'homme mystérieux dont il parlait, c'était son père, et apparemment, il avait des problèmes avec le mien. Pourquoi mon père ne m'avait-il jamais parlé de cette histoire ? Cette révélation me fit soudainement penser à toutes ces armes que j'avais vues chez nous. Était-ce simplement pour se défendre ? L'idée que notre foyer cachait peut-être des secrets aussi lourds et dangereux me tenait éveillée, tourmentée par un flot incessant de questions sans réponses.