13. Lettre

10 0 0
                                    


De retour chez moi, je constatai que mon père n'était pas là. Tant mieux. J'avais retrouvé Oso, et sa simple présence apaisait mon cœur tourmenté. Il était plus qu'un animal de compagnie, il était mon ami fidèle, toujours là pour moi dans les moments sombres.

En pénétrant dans ma chambre, je fus frappé par l'atmosphère pesante qui y régnait. Cette pièce était le témoin silencieux de toutes les épreuves que j'avais traversées, de toute la tristesse qui avait assombri mon existence. Chaque coin, chaque objet semblait imprégné de souvenirs douloureux.

Mon regard se posa sur le miroir dans le coin de la chambre, cet objet qui avait été le témoin muet de mes moments de désespoir. Je me rappelai les nuits où je m'étais effondré devant lui, contemplant mon reflet avec dégoût, voyant seulement les défauts et les imperfections

Peut-être devrais-je un peu ranger cette chambre, me dis-je, espérant qu'ainsi les souvenirs douloureux s'effaceraient petit à petit. Motivé par cette idée, j'ouvris les tiroirs de mon bureau pour en retirer et jeter ce qui ne servait à rien. C'est alors que je tombai sur de vieux dessins que j'avais faits pour mon père, mais que je ne lui avais jamais offerts. Je me doutais qu'il les aurait jetés, voire brûlés, alors j'avais préféré les garder. Sur l'un d'eux, réalisé à l'âge de 12 ans, j'avais dessiné notre maison, où mon père et moi nous promenions. Sur un autre, j'avais représenté toute notre famille : moi, Ava, ma mère et lui.

Ces dessins, je devais les détruire. Je ne voulais plus me rappeler que j'avais un jour éprouvé de l'amour pour mon père. Avec un pincement au cœur, je les mis de côté et continuai ma petite fouille. Je trouvai d'autres objets oubliés, chacun porteur de son propre passé, certains douloureux, d'autres doux-amer. Je m'appliquai à faire le tri, gardant ce qui pouvait encore avoir une place dans ma vie rénovée et jetant ce qui n'avait plus lieu d'être.

Enfin, j'avais fini de ranger mon bureau. Je me dirigeai vers une boîte que j'avais trouvée sous celui-ci. Qu'est-ce qui pouvait bien se cacher dedans ? Sans plus d'hésitation, je l'ouvris et distinguai des feuilles pliées. Des dessins ? Des lettres ? Je les sortis toutes de la boîte et en pris une dans ma main tremblante. J'étais angoissé à l'idée de découvrir ce qui se cachait sur ces feuilles. En ouvrant l'une d'entre elles, je découvris que c'étaient les lettres que m'écrivait Shawn. Je laissai échapper une larme, une larme qui contenait toute la douleur qu'il m'avait infligée.

Pourtant, malgré la douleur qui m'étreignait, je pris conscience que ces lettres étaient aussi le témoignage d'un amour sincère, aussi éphémère soit-il. Elles portaient en elles les espoirs et les rêves d'une histoire qui avait semblé si belle et si réelle, mais qui s'était effondrée sous le poids des mensonges

Je décidai alors de lire cette lettre, au moins une...

"Ivy,

Bordel, Ivy, si tu savais à quel point je suis amoureux de toi. Je ne permettrai à personne de te faire du mal, à personne. Même mon père, je le tuerais s'il le fallait. Je ne peux pas supporter l'idée de te voir souffrir ou menacée par quiconque. Mon amour pour toi dépasse tout, et je ferais tout pour te protéger, pour assurer ta sécurité. Tu es tout ce qui compte pour moi, et je suis prêt à aller jusqu'au bout pour toi.

Je t'aime, cariña.

Shawn"

Maintenant, je me souviens, il m'écrivait souvent des lettres ; c'était sa façon de s'exprimer. Est-ce que tout ce qu'il me disait à cette époque est encore d'actualité ? J'en doute.

Des larmes coulèrent sur mes joues, alors que je réalisais à quel point ces souvenirs étaient précieux, bien qu'emprunts de douleur. Ils étaient trop importants pour être simplement jetés. Peut-être que Shawn m'avait vraiment aimée, ne serait-ce qu'une fois. 

Près de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant