Chapitre 20 - le journal d'un deuil

4 0 0
                                    


Il y a maintenant deux ans exact qui se sont écoulés depuis que tu nous as laissé. Aujourd'hui je ne saurais dire si je t'en veux tout autant qu'avant de nous avoir abandonné, d'un geste aussi lâche qu'égocentrique. 

Je m'imagine ce qu'aurait été notre vie maintenant. Avec toi pour nous surveiller, avec toi en vie. Mais je pense que tu as préféré partir parce que tu n'étais plus heureux, et que c'était sûrement trop dur à vivre pour toi. Mais je me demande quand même si une once d'honnêteté t'aurait tué? 

Peut-être toujours un peu trop tôt pour ce genre de blague, non? Après je me dit que si je parviens à les faire et à en parler c'est que je vais sûrement mieux. 

Pourtant je ne peux m'arrêter de me dire qu'aller mieux c'est bizarre comme sensation. Parce que c'est à la fois égocentrique, incompréhensible et intemporel. Un jour maman m'a dit que chacun faisait son deuil à sa façon, que nous ne pouvions pas le généraliser ni le définir. Mais que nous pouvions l'extérioriser en concentrant notre chagrin dans quelque chose de positif. Tu connais maman, elle voit toujours le meilleur partout. Je pense tenir d'elle de ce côté, ce qui explique ma réaction face à ton ... accident ?

Tu sais maman a repris la peinture, elle nous peint, et les beaux paysages sudistes aussi. Je sais que tu ne voulais pas la rendre malheureuse, que tu voulais simplement la voir épanouie sans toi. Pour elle. Rapidement, nous nous sommes tous concentré sur quelque chose. L'année prochaine je retourne à Paris, je rentre dans le grand conservatoire de Paris. Je suis certaine que tu aurais adoré entendre mes mains se balader sur les notes de ton piano. Je pense à toi quand je joue. Je pense à ce monde classique que tu m'as fait découvrir sous un angle que personne ne pourrait s'imaginer.

Iris a l'air de se débrouiller, mais tu sais elle est douée pour camoufler ses émotions. Je n'ai pas de doute concernant de qui elle tient, toi papa. Charlotte grandit sans papa, mais Connie a l'image de l'homme "de la maison" pour elle. Elle est tellement courageuse, et reste souriante à chaque épreuve qu'elle traverse. Elle sait qu'elle n'est pas seule.

Si on me demande aujourd'hui si je crois à la vie après la mort, je répondrais oui. J'aime l'idée que tu sois en paix. Je veux te savoir heureux, peu importe où tu trouves aujoud'hui. Alors certes ça parais idiot et futile. Mais tu es mon père, pour qui je voudrais toujours le meilleur malgré tes erreurs et cachoteries. C'est la première fois que tu vivais la vie, comme nous. Tu avais le droit à l'erreur. Je te le pardonne.

Je suis tellement désolée que tu ne te sois pas senti suffisamment bien avec nous pour pouvoir nous dire ton secret. Maman et toi n'étaient plus que des meilleurs amis, et je m'imagine qu'elle s'en doutait. Je n'ai pas revu ton dernier amour, mais je suis certaine qu'il brûle toujours autant d'amour pour toi. Il sait que tu veilles sur lui de là-haut. 

Tu auras de mes nouvelles l'année prochaine, et l'année d'après. 

Je t'aime papa.

Rosie

À suivre...

chapitre épistolaire sur vous! j'adore écrire des lettres pour pimenter un chapitre:))

À bientôt,

Rose 🌟

Nous, et les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant