.Chapitre 1.

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Toya

La voiture s'arrête.

Mon cœur rate un battement lorsque le chauffeur vient nous ouvrir la portière. Il me regarde d'un air peiné, il ne me reverra probablement jamais.
Le temps que je revienne un jour, mes parents auront profité de le remplacer avec quelqu'un d'autre.

C'est pourquoi je ne me suis jamais attaché à un de nos personnels. J'ai fini par m'y habituer. Dès que nous mettions un pied à terre, l'air froid de novembre vient me glacer les poumons. Se tient devant nous l'immense bâtisse que j'aurais prochainement comme demeure.

Je sens ma mère presser ma main contre la sienne, une enivrante chaleur m'envahit alors.
Je ne cherche même plus le regard de mon père.

Je n'espère plus y trouver ne serait-ce qu'une lueur de tendresse, disparue, comme toute trace de son amour pour moi.
Une femme en tailleur blanc approche vers nous un sourire aux lèvres, je ne pourrais décrire ni relever l'expression qu'elle affiche sur son visage porcelaine.

– C'est un honneur de vous rencontrer en vrai Mme Asashina, aborde mon père en serrant la poigne de la femme aux cheveux violets.

– Moi de même M.Aoyagie. Je vois que nous avons là Toya ! s'exclame t-elle en baissant les yeux à mon niveau.

Un frisson me parcours l'échine lorsqu'elle me détaille du regard. Mon côté impulsif me crie de fuir ses pupilles perçantes, pesant sur le moindre de mes faits et gestes. Mais je dois savoir mieux que quiconque que je ne peux pas retourner en arrière.

– J'espère pouvoir le déposer entre de bonnes mains, lui adresse ma mère en me désignant, on a maintes fois couverts d'éloges la pédagogie de vos enseignants. J'espère ne pas être déçue.

– Vous ne le serez pas madame. En tant qu'intendante je ne peux qu'espérer le meilleur pour nos élèves.

Ses mots résonnent comme faux dans un sens.
J'ai fait le choix de ne pas prêter confiance à n'importe qui en venant ici, et la pointe de duplicité dans son regard ne me donne en rien l'envie de changer d'opinion.
Je vois mes parents s'échanger des messes basses avec cette femme dont j'ignore la vie et les passes temps. Après quelques papiers signés et des adieux faits, la valise sous le bras, j'aperçois mes parents s'éloigner sans prendre la peine de leur supplier de ne pas me laisser seul là.

Le regard terne, le fait de revoir un jour mes frères n'est plus qu'un fantasme que je me dois de clôturer. Mme Asashina m'entraîne dans le couloir, nous dirigeant vers ma nouvelle chambre.
En marchant elle ne fait que fredonner une note désormais encrée dans mon esprit, ça avec le son que fait ses talons aiguilles entrant en contact avec le sol.

– La cohérence des sons est vraiment troublante, n'est-ce pas ?

– Pardon...?

– Ce n'est rien, ne faites pas attention. Vous finirez par le comprendre tôt ou tard, glisse t-elle en s'arrêtant devant une porte.

Elle me désigne cette dernière et la pousse, me laissant submerger par la somptuosité des lieux. Avoir un toit sur lequel reposer mon esprit me suffisait déjà, je n'ai jamais eu besoin d'un tel apparat. Je dépose mes affaires sur un meuble lorsque la présence d'un deuxième lit à côté du mien attire mon attention. Je ne serais donc pas seul.

–En plus d'une salle d'eau cette chambre comporte un piano pour vous exercer. Votre père nous a demandé de le mettre à votre disposition.

Je tressaille, me remémorant la raison de ma venue. L'idée même de presser une touche sous mes doigts m'écœure au plus au point. Bien que je n'ai pas mon mot à dire pour ces choses-là, j'aurais espérer effacer totalement la présence de mon père en moi.

– Je vous laisse vous installer pour l'instant. Si vous avez des questions surtout n'hésitez pas, m'informe t-elle avant de disparaître par l'embrasure.

Une fois que la porte fut bien claquée, je me jette sur mon lit et soupir. Je passe une main dans mes cheveux aux deux nuances de bleus et ferme lentement les yeux. Après que mon cœur se soit bien calmé, je cherche à m'endormir.

Voilà pour le tout premier chapitre, j'espère qu'il vous aura plu.

Le rythme de publication sera peut-être lent mais j'essaierai de faire de mon mieux.

À bientôt pour le second !

La cohérence de nos sonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant