.Chapitre 5.

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Toya

C'est la quatrième fois que le professeur prononce mon nom. Je relève la tête et vois plus d'une quinzaine de paires de yeux me dévisager.
Une sensation de malaisance m'envahît alors jusqu'aux tripes. Je reprends mes esprits et bredouille des excuses.

– Vous semblez bien déconcentré aujourd'hui, Aoyagie. Venez donc jouer devant la classe la Sonate n*14 de Beethoven, me dicte de sa voix sévère notre instituteur.

Vu mon niveau je doute avoir une quelconque difficulté en jouant ce morceau et puis, n'ayant pas bien écouté je le mérite amplement. Mais pourquoi est-ce accompagné d'une peur au ventre que je me lève de mon siège et me dirige vers le piano au fond de la salle ?

Assis sur le banc froid je positionne mes doigts au dessus des touches et attends. Mais rien. Impossible. Le professeur ne l'a pas remarqué mais je tremble. Mes membres refusent de m'obéir. Une goutte de sueur dégouline sur mon visage lorsque je me ressasse la voix de mon père. Quel mauvais moment.

Ma gorge étrangle un léger pardon par habitude.

Je ferme les yeux, horrifié.

Mes paumes se remémore encore la saveur de chaque coups atterrissant sur ma délicate peau. À chaque erreurs, à chaque fautes, un coup. Encore et toujours sans jamais pouvoir fuir ce cauchemar éveillé.

J'ignore si le destin a soudainement décidé de prendre mon parti pour aujourd'hui mais entendre la sonnerie annonçant la fin du cours retentir m'apporte un grand soulagement.

Je me presse à sortir de la salle et respire comme si je prenais un grand bol d'air frais. Je savais que renouer avec la musique classique prendrait du temps mais pourrai-je même jouer du violon et du piano comme j'aimais tant autrefois ?

J'en rêverai, de pouvoir pratiquer ce qui me plaît vraiment. Pourtant repenser à ce qu'on m'a fait subir ne m'apporte que nausée et dégoût. En parlant de ça je plaque une main sur ma bouche et tente de reprendre mon calme.

– Toya ? Tu vas bien ? s'exclame une voix derrière moi.

Akito. Il s'approche de moi, inquiet. Je lui sourit et lui fait comprendre que tout va bien même si je sais qu'il n'en restera pas là. Aussi loin de ce que je me souvienne Akito est mon premier réel ami. Autrefois, je n'aurai jamais su le bien-être que ça aurait apporté dans mon cœur encore blessé.

Comme l'effet d'un pansement un peu dur et doux à la fois.

– Tout s'est bien passé dans ton heure cours ? demande t-il.

– Oui, il n'y a rien eut de bizarre, je lui mens.

– Tant mieux, si j'avais pu j'aurai tout fait pour ne pas que tu ne te sentes seul.

Ne suivant pas le même cursus que moi, Akito doit s'en vouloir de devoir me laisser chaque jours dans l'idée que je ne me sente pas à l'aise partout. À force de le côtoyer j'ai fini par comprendre que les études ne sont pas son point fort. Contrairement à mon cas.

Bien que nous ignorons tout les deux quoi faire en pensant à notre avenir, songer à rester ensemble me rassure assez pour avoir la force de supporter encore le lendemain.

– Rentrons on dortoir, Toya, m'intime mon ami en tournant les talons.

Alors que je me résignai à le suivre une voix susurra mon prénom.

Je m'arrête et me retourne par réflexe mais ne vois personne. Je détourne la tête, me persuadant de n'être pas devenu fou. Ce n'est pas le moment de délirer.
Un simple geste vint éclaircir mes doutes. De dos, je reçoit une boule de papier en pleine tête.

La cohérence de nos sonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant