.Chapitre 10.

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Kanade

La cloche sonne. Enfin une journée de finie. Le professeur ramasse ses affaires en annonçant la fin du cours puis s'en va. La plupart des élèves font de même dans un grand brouhaha. Je m'étire avant de me relever, espérant raviver mes membres devenus  beaucoup trop engourdi.

Ayant autrefois l'habitude de rester cloîtrer dans ma chambre pendant des heures, rester assise deux heures de suites et entendre d'une oreille peu attentive tout un cours de géographie aurait dû rentrer dans mes cordes. Seulement, les chaises sont très peu confortables, ici, pour se concentrer.

J'avais de bonnes notes autrefois, à l'époque où je suivais des cours en ligne. Mais depuis l'incident, je ne suis plus capable de me suffire à moi-même. Je n'ai pas le choix, il faut que je  m'adapte, il en va de ma survie. Je me lève en  rangeant mes livres et m'apprête à prendre la porte, dans l'unique volonté de rentrer vite au dortoir pour continuer à composer.

Mais une silhouette qui m'est bien connue m'intercepte avant que je ne disparaisse pour de bon dans le couloir. C'est Mizuki. Vu les retouches faites à son uniforme, ça ne pouvait qu'être elle.

– Yo, Kanade ! Tu n'aurais pas vu Ena ?

– Ena ?

Je secoue la tête, ça fait un moment que je ne l'ai pas croisée non plus.

– Ça s'annonce mal, elle sèche un peu trop en ce moment. Si un prof l'attrape, ça ne sera pas bon pour son compte.

– Hmm, tu veux que je t'aides à chercher ?

– Vraiment ?

Ma proposition semble l'intéressé, au vu de son expression. Ça fait un peu moins d'un mois que j'étudie ici, et jamais je ne me suis sentie aussi à l'aise avec une personne que je venais de rencontrer. Mizuki a un véritable don pour ça.
Ça doit aussi être pour cette raison qu'une personne occupée comme Mafuyu accepte sa présence à ses côtés dans certains moments.

Pour Ena, ça doit être un peu plus compliqué, elles ont toutes deux des caractères opposés. Je me demande même quand est-ce que leur amitié a débuté. Les connaissants, ça doit être à partir d'un lien spécial s'étant liés entre elles.

Après une demi-heure de recherche, nous ne trouvons toujours aucun signe de notre amie. Nous nous décidons donc à nous séparer. Je fais un signe à Mizuki, et lui promets de l'appeler si je la trouve en première puis pars dans la direction opposée à la sienne. Je marche un long moment, dans les couloirs désertées. L'académie Hoshi est un établissement exigeant, la plupart des élèves doivent être dans leurs clubs ou faire leurs devoirs au lieu de traîner.

Certains pensent même à demander d'emprunter une salle pour exercer en toute tranquillité un passe temps en particulier. C'est pourquoi je ne m'étonne pas de voir une des classes allumée alors que les autres sont éteintes et vides. La salle d'art.
Il me semble que Mafuyu m'a dit qu'Ena a toujours eut une certaine passion pour cette discipline et qu'elle en souffrait parfois.

Je reste un petit moment immobile avant de pousser doucement la porte. Je passe entre les pupitres avant de l'apercevoir presque avachi sur le sol. Elle ne me remarque pas encore mais je vois que ses épaules tremblent. Elle tient dans ses bras une sorte de carnet de dessin. Elle le presse fortement au point où l'on croirait qu'il s'agit de son précieux bien. Ou qu'elle s'en sert comme bouclier, ce qui expliquerait sa position défensive.

Je m'accroupis a son niveau pour lui parler.

– Ena ? j'appelle calmement.

Elle sursaute et me réponds sous forme d'un hoquet. Elle pleure ? Elle se redresse et me regarde avec des yeux desséchées. Elle tente de faire partir des traces de larmes mais c'est trop tard pour les cacher.

– Qu-qu'est-ce que tu fais ici ? me demande t-elle, sa voix encore un peu embrumée.

– Mizuki te cherchais.

Elle soupire et replace une mèche derrière son oreille. Elle doit savoir que son amie s'inquiète.

– C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais seule ici, je reprends sans la quitter des yeux.

– Je-je voulais respirer un peu, c'est tout.

C'est à ce moment que je remarque ce qu'elle dissimule dans son carnet. Des croquis aux pages déchirées. Pour quelle raison nous évite t-elle ? Serait-ce en rapport avec le professeur d'art dont Mafuyu m'a parlé ? Je me retiens de demander mais la question me titille sur la langue.

– Ena, tu aimes dessiner, non ?

– Hmm...

Elle réajuste sa position et reprends sa voix hautaine de d'habitude.

– J'ai commencé l'art lorsque j'avais 5 ans, mon père est un artiste plutôt connu alors j'ai souhaité suivre ses pas, j'ai essayé de tout sacrifier pour me faire reconnaître par lui mais c'est en mon petit frère qu'il a placé tout ses espoirs, comme si je n'existais pas ! Ça me tue quand je pense qu'Akito à arrêté de prendre des cours de dessins pour ne pas m'offusquer, peut-être que si j'avais été un garçon...

Elle s'arrête, comme sur le point d'éclater à nouveau en sanglot. Je ne connaissais pas cette facette d'Ena. Comme quoi, tout le monde a une petite part de faiblesse.
Ces pages anéantis doivent témoigner de chacune de ses souffrances et échecs, c'est admirable de vouloir continuer malgré tout.

– Écoute, Ena...

– Je crois que la seule raison pour laquelle je suis venue ici, c'est tout d'abord pour faire mes preuves.

Une illumination semble traverser mon esprit lorsque je l'entends prononcer ces mots. Soudain, je repense au problème de Mafuyu. Et si il existait une solution pour elles deux ?

– Ena ! je crie en me relevant brusquement, je crois que je peux t'aider à prouver à ton père que tu as du talent et convaincre la mère de Mafuyu de la laisser étudier ici en même temps.

– Hein ? Comment ça ?

– L'académie prépare bien un festival pour bientôt, non ? Tu pourrais préparer ta propre exposition pour l'époustoufler.

– Ç-ça serait impensable ! Il est tellement dur !

– Ça ne coûte rien d'essayer.

Je souris pour appuyer mes propos et poursuit :

– Pour faire entendre raison à Mme Asashina, j'ai aussi ma petite idée...

– Les filles ! Vous étiez là pendant tout ce temps ?! s'exclame Mizuki en apparaissant brusquement par la porte.

– Mizuki !

J'avais fini par l'oublier mais ce n'est pas un problème, elle fera aussi partit de notre plan. Il est maintenant temps de faire nos preuves.




À bientôt pour le prochain chapitre !

Faites moi signe si il reste des fautes, je suis vraiment fatiguée en ce moment.

La cohérence de nos sonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant