.Chapitre 3.

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Kanade

Caressant du doigt le petit coffret en bois que tu m'as laissé, accroupie sur la dalle froide, les gouttes de pluie viennent se mêler à mes joues humides. Je dépose une fleur d'iris sur ta tombe, celle que maman et toi appréciez. Fleur de février vous remémorant le mois de ma naissance.

Bien que les températures commencent à baisser, je ne sens plus le froid geler mes doigts frêles. Malgré la pâleur de mes joues, j'aurais souhaité te montrer le sourire que tu aimais tant.

Tout est de ma faute.

Le jour où je t'ai retrouvé étendu sur le sol, je n'aurais jamais cru que tu irais jusque là. Je n'ai pas voulu, je n'ai jamais souhaité que les choses tournent ainsi. En voulant faire le bien, je t'ai pris une chose précieuse à tes yeux. C'est débile, mais j'espère au plus profond de moi que tu me pardonneras un jour.

– Mlle Yoisaki il est bientôt l'heure.

Un orage éclate au loin lorsque je me résigne à relever les yeux de ta pierre tombale. Un jour mon nom y sera inscrit aussi. Le temps que cet événement arrive tu seras assez patient pour m'attendre, n'est-ce pas ? D'un geste lent j'ouvre la petite boîte faites de bois et y laisse échapper la mélodie nous berçant les nuits où le sommeil nous manquait. Absorbé par les cliquetis de l'horloge le temps semblait s'arrêter.

L'image d'une famille parfaite se dilapide une fois mes yeux ouverts. Le foyer que j'ai connu est comme détruit. L'orpheline qui se tient debout sous la pluie est prête à dire au revoir à son monde imaginaire. J'ai grandi papa, je peux me débrouiller seule maintenant.

– C'est bon nous pouvons y aller, Ai.

Ai, la gouvernante de notre maison m'invite à la suivre d'un geste de la main. Désormais seule il ne me reste plus qu'à partir trouver un nouveau refuge. Une ancienne amie de ma mère m'a proposé de m'inscrire à l'internat dont la directrice est une de ses connaissances. À seulement 15 ans je n'ai pu que m'y résoudre, au moins le temps d'atteindre la majorité.

L'établissement se trouvant assez proche de la tombe de mes parents je n'ai pas à faire un long trajet. J'embrasse et salue les personnes m'ayant élever enfant dans l'espoir de les revoir très vite. Est-ce avec pincement au cœur ou une sorte de soulagement que je les quitte ? Je l'ignore.

Nous arrivons bien vite au seuil de l'internat. Je fus accueilli par l'intendante, Mme Asashina. Cette dernière m'a confiée avoir une fille de mon âge. Peut-être aurais-je la chance de tomber sur elle un jour ? Pour l'instant ce n'est pas une priorité. Je refuse vivement de fréquenter une personne si ce n'est que dans la peur de la blesser à son tour.
Sortant du bureau de l'administration pour finir quelques papiers, une fille semble m'attendre dans le couloir et m'accueille en penchant la tête.

– Kanade je présume on m'a chargé de vous faire visiter les bâtiments, m'explique t-elle.

– C'est gentil mais je ne pensais pas en avoir besoin.

– Croyez-moi, ce genre d'attention n'est pas donné à tout le monde. Votre père était quelqu'un de spécial alors j'insiste pour vous guider.

Je finis par céder et elle m'entraîne dans différents endroits en omettant aucun détails. J'apprends par la suite qu'elle se nomme Rio, cela fait maintenant deux ans qu'elle est ici. Faisant partit du conseil d'étudiants elle mise tout sur la réussite dans l'espoir d'un jour surpasser ses frères. L'arrivée d'une élève venant chuchoter dans son oreille vint mettre fin à notre sympathique échange. Celle-ci affiche une mine consternée et s'excuse de devoir me laisser à à hâte.

La cohérence de nos sonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant