.Chapitre 2.

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Akito

– Encore une fois, je ne poserais pas les pieds là-bas !

Appuyé sur le rebord de la fenêtre, la tête reposé sur mon poing, je vois ma mère levée les yeux au ciel, mon père consulte sa montre, le temps défile. Qu'ils se lassent ! J'aurais bien l'air d'un enfant cruel je ne céderais pas.

– Enfin Akito, ça serait une super occasion de passer du temps avec ta sœur.

– C'est bien ça le problème ! J'ai la chance de de passer tout une scolarité sans voir sa tête et puis là, vous me proposez de déménager dans une école super prestigieuse !

En réalité, la vérité est tout autre. Je sais pertinemment qu'Ena a travaillé dur pour aller là-bas. Étant l'ainée, j'ai bien peur qu'elle ne me voit comme un obstacle

Je n'ai aucun réel potentiel pour y être admis. Ambitieuse comme elle est, elle va trouver ça louche que je sois accepté aussi facilement qu'elle ne l'a été. Ena a du talent, j'aimerais qu'elle le comprenne. Avec un peu de chance, elle pourra succéder notre père. Enfin à l'heure qui l'est, c'est mort. Un peu depuis que leur relation est devenue tendue.

Je la soutiens de mon côté mais si mes parents prenne cette décision, elle sera persuadée de ne jamais pouvoir réaliser son rêve par ma faute. Je ne veux pas qu'elle me déteste, mais je ne veux encore moins qu'elle soit détruite. Je ne pense pas que ça, mon père le saisisse.

– Il y'a plusieurs options disponibles, quelques clubs te plairont sûrement là-bas, suggère ma mère d'une voix mielleuse.

Je fais tout de même la sourde oreille. Il en va de la préservation de notre relation fraternelle. En aucun cas je mettrais ma soeur à dos, ça engendrerait une sorte de guerre de succession et il n'en est nullement question. Et puis je suis très bien dans mon collège.

– Quoiqu'il en coûte ne t'entête pas. Nous t'avons déjà inscris, il ne nous reste qu'à t'y emmener que tu le veuilles ou non.

Avant que je ne puisse protester quoique ce soit d'autre j'étais déjà dans la voiture, mes affaires bien préparées. J'avais oublié que sur ce coup-là moi et Ena tenons de notre père. Bien qu'on m'ait menacé de me tenir tranquille j'aurais dû m'enfuir au fin fond de l'antarctique quand j'en avais encore l'occasion.

– Vous m'avez donné naissance, non ? C'est à vous de prendre vos responsabilités et pas à des inconnus !

– S'il te plaît, Akito. Tais-toi donc ! implore ma mère en se massant le front, prise d'une soudaine migraine.

Je vois s'éloigner au loin l'environnement de mon enfance. On me dépose devant le fameux bâtiment aux couleurs froides et démodés. Si je viens à habiter ici, je prierais tout de même à ce qu'on refasse la déco. Ça attirerait un peu plus les touristes tel que moi. Nous procédons à une visite de l'établissement mais au fond de moi, j'étais déjà perdu. Puis vint l'heure des adieux, j'ai bien fait de prendre avec moi la fiole de fausse larmes que j'ai acheté pas cher plus tôt.

– Oh Akito, toi aussi tu vas nous manquer.

C'est si facile d'attendrir ma mère.

– C'est faux chérie, allons-y et ne perdons pas de temps.

Mon père un peu moins.

– Parents indignes ! Vous m'abandonnez donc, ainsi ?! Après tout ce que j'ai fait pour vous ?!

Je dois me rendre à l'évidence. Ils ne reviendront plus jamais me chercher. Il ne me reste plus qu'à vite décrocher mon diplôme et de m'en aller d'ici. Hélas, j'arrive à peine à remonter ma moyenne en maths. Tout compte fait, il ne me reste plus qu'à sévèrement prier.

Déambulant dans les couloirs, à la recherche de la chambre où j'allais couler des jours paisibles, j'imaginais la tête d'Ena en me voyant. Non, nos parents ne lui ont rien dit pour que ça ait l'effet d'une « surprise ». Bah déjà que ma naissance n'était pas vraiment un cadeau, je m'attends de voir sa réaction.

Je finis par arriver devant la porte portant le numéro sur ma feuille. Mettants fin à toutes ses pensées superflues, je m'arrête et la pousse. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant un garçon de mon âge relever timidement ses yeux gris vers moi.

Après un instant, je me reprends et lui souris faussement.

– Je vois, je ne m'attendais pas à avoir un colocataire. Je m'appelle Shinonome Akito, et toi ?

Il cligne d'abord plusieurs fois des yeux avant de comprendre que je m'adressais à lui.

– Ah ! Je m'appelle Aoyagie Toya, enchanté !

– Enchanté de même, Toya. Je peux t'appeler Toya, n'est-ce pas ?

Il hoche furtivement la tête.

– Alors Toya quel projet as-tu en tête pour venir ici ?

Autant commencer à sympathiser si on est amené à vivre ensemble.

Bien que je plaisantais un peu en posant ceci.

– Je n'ai pas d'objectif bien précis à vrai dire, et toi ?

– Mes parents ont justes insisté pour que je rejoigne ma sœur ici. Elle fait des études pour les beaux-arts mais je ne le suis jamais intéressé à ses choses là.

– Alors que souhaites-tu vraiment ?

Sa question me frappe d'un coup vif. Je ne me la suis jamais réellement posée. Ayant vécu une partie de ma vie dans le but de répondre aux attentes des adultes, je n'ai pas vraiment pris le temps de faire attention à ce que je voulais.
Finalement je lui affiche un sourire dénué de sincérité.

– Je m'en fiche un peu, tu sais. Ce n'est pas le plus important !

Mentir aussi grossièrement est devenue une habitude pour moi. Mon sourire entier est un mensonge pourtant plus je passe du temps avec Toya plus je me dis que révéler ma vraie nature ne serait pas si mal.

Mais prendra t-il peur lorsqu'il découvrira la personne que je suis vraiment ?
Sa voix a quelque chose de réconfortant, comme une douceur que je n'avais jamais tâté auparavant. Je crois bien, mais j'espère, qu'il m'acceptera au moins tel que je suis.

La cohérence de nos sonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant