Quand Livaï ouvrit la fenêtre de l'étage, il grimaça sous le tissu qui lui servait de masque. Ils n'avaient pas quitté le QG depuis si longtemps et pourtant la saleté avait repris le dessus. Il soupira longuement en pensant au ménage presque interminable qui l'attendait: hors de question que son bureau baigne dans la poussière. A coups de chiffons et de balais, il laissait, chose rare, à ses pensées la liberté de divaguer.
Les temps avaient changé et à présent, l'escouade Livaï ne comptait plus que sept membres... Non pas que les autres soient morts et quelque part, le caporal se demandait si ce n'était pas pire... Ils avaient trahi pour une raison qu'il ne parvenait pas encore à capter. Finalement, ça ne changeait rien à la mission confiée: garder Eren et Historia à l'abri. Chose aisée au premier abord puisque cet endroit était inconnu de la plupart des gens. Aussi bonne planque que ce QG pouvait être, Livaï refusait de vivre, même quelques jours, dans un endroit sale.
Livaï avait horreur de la saleté, triste traumatisme qui le ronge depuis ses plus jeunes années. Il n'avait pas vraiment connu sa mère mis à part sa profession et les histoires qu'elle lui racontait. Kuchel Ackerman, la catin ayant enfanté un gosse de père inconnu. C'était les risques du métier et malgré sa pauvreté, Kuchel n'avait jamais considéré Livaï comme un "accident de travail", non, elle l'aimait, vraiment. Elle l'aimait tellement mais l'amour n'est pas toujours suffisant. Dans les bas-fond de la grande ville, Livaï baignait dans la saleté, enfant rachitique qui ne bouffait pas assez. Il faisait pitié, réellement.
Le caporal grimaça en pensant à cette ancienne faiblesse. Il en avait fait du chemin... Passer du gamin torturé qu'on n'osait pas regarder tant l'apparence était répugnante au soldat le plus fort de l'humanité n'avait pas été aisé. Finalement, est-ce que la vie de Livaï avait un jour été aisée ? Non, sûrement pas, elle avait seulement été plus simple grâce à Isabel et Furlan. Ces moments étaient doux, réel contraste avec les souvenirs de sa mère sur son lit de mort, dur contraste avec l'éducation de son oncle Kenny.
Insensible, impassible, froid... C'était ce qu'on lui reprochait toujours mais comment briser des murs depuis longtemps ancrés dans son esprit quand Kenny Ackerman était son tuteur ? Livaï vivait dans la saleté et sous sa tutelle, il vivait dans le sale, le vol, les combats et le malhonnête. Si certain avait eu une tendre enfance, ce n'était pas le cas du caporal puisque la sienne était douleur, malsain, alcool, coups et souffrance.
Alors comment croire en cette humanité quand tout pousse, depuis gosse, à tuer avant d'être tué ? Comment croire en cette Liberté quand, pour vivre, il fallait se battre ? C'était la question à laquelle Livaï ne parvenait pas à répondre. Comment croire en l'Homme quand lui-même avait été traître ? Comment croire en la vie quand il n'avait pas choisi la sienne, compilation de regrets: regret de ne pas les avoir suivi ce jour là, regret de s'être embarqué dans cette mission trop périlleuse pour trois enfants rêveurs, regret de leur avoir fait confiance et de les avoir retrouvés démembrés sur l'herbe devenue écarlate. Il n'avait même pas choisi de faire partie du Bataillon, n'avait pas choisi de donner sa vie pour une idéologie stupide d'un homme cupide, n'avait pas choisi de ployer le genou devant Erwin Smith.
Et pourtant, regrettait-il tous ces choix qu'il se persuadait de ne pas avoir choisi ? Parce que dans la vie, on a toujours le choix et ce même quand la mort et l'un d'eux. Livaï avait préféré vivre mais à quel prix ? Cette question était putain de récurrente ; quel est le prix d'une vie libre ? Quels sont les moyens d'y parvenir ?
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Le goût de l'interdit
Fanfiction« - Le goût de l'interdit est attirant, n'est-ce pas ? - C'est ton interdit qui l'est, ne pas renoncer à toi violerait toutes les règles... - À vous de juger si je vaux le risque. » L'un était le soldat le plus fort de l'humanité, l'autre l...