3- Menace provocatrice

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  Comme ils l'avaient tous imaginé, la cérémonie avait été loin d'être joyeuse

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Comme ils l'avaient tous imaginé, la cérémonie avait été loin d'être joyeuse. Pourtant, aucun ne versa de larmes: ils comprenaient l'importance de cet événement. Cette commémoration marquait la fin de leur vie de nouvelles recrues, à présent, ils étaient importants pour le Bataillon. Et puis ils l'avaient tous compris: ces morts ne seraient pas les derniers, bien loin de là. Le Major Erwin l'avait dit à la fin de l'officialisation de leur grade:

N'oubliez pas ; nous pleurerons nos morts après la guerre. Tant qu'il y aura des titans, il y aura des morts.

C'en suivit du traditionnel poing contre leur coeur et du "Shinzo wo Sasageyo !": ils donnaient leur coeur au Bataillon, ils donnaient leur corps et leur âme à la protection des Murs. Pourtant, Eren se souvenait des mots du caporal: "L'humanité est foutue, Eren et ce depuis sa création. Nul besoin de titan pour nous tuer, nous y arrivons très bien seuls."
Devant la masse fourmillante de soldats les acclamant, Eren avait cherché le regard de son supérieur fièrement dressé à son opposé, défiant la foule de la froideur glaciale de son regard à l'allure mort. Finalement, par un magnétisme surprenant, leurs yeux s'attirèrent et pendant un long moment, ils restèrent comme cela, accrochés l'un à l'autre tels des aimants. Que voulait-il dire par ces mots ? Qu'avait-il pu lui arriver pour que ses prunelles soient si éteintes ? Silencieusement, ils s'observaient comme si la marée humaine devant eux n'existait pas. C'était psychique, cette surprenante attraction semblait déconnante et pourtant, ils ne se lâchaient pas, totalement absorbés par leurs questions muettes et la recherche de réponses fictives. Accrochés jusqu'à ce qu'Erwin, de sa voix forte et autoritaire ordonne:

— Soldats, rompez !

Comme les graines de pissenlit quand les bourrasques étaient trop fortes, les dizaines de soldats se dispersèrent pour disparaître dans le QG. Dehors, sur l'estrade, il ne restait que la nouvelle escouade Livaï et les trois cadres du Bataillon. Brisant définitivement le contact visuel avec Eren, le caporal s'avança pour se placer devant ses subordonnés.

— J'ai plusieurs choses à vous dire, commença-t-il. Tout d'abord je vous veux tous demain ici à la première heure avec vos sacs, on déménage momentanément dans un ancien quartier. Ensuite, quelques principes que vous devez intégrer en étant sous mes ordres. A présent, nous sommes tous responsables les uns des autres et en particulier moi, je suis responsable de vous. Je suis à votre tête et je veux que le respect soit votre maître mot. Pour survivre dehors, il faut que votre confiance se place en chacun de vous et en priorité en vous-même. Votre cohésion doit être impeccable et surtout, si l'un de vous meurt, il ne faudra pas pleurer: vous donnez votre vie pour le Bataillon, c'est votre choix alors ne vous dégonflez pas. Dans tous les cas, je ne vous laisserez pas vous dégonfler.

Faire partie de l'escouade Livaï était un honneur pour eux. Sous la tutelle du soldat le plus fort de l'humanité, ils se devaient de briller et s'ils avaient été choisi, ce n'était sûrement pas pour rien.
Leur groupe était remarquablement soudé pour de simples soldats. Entre eux s'étaient tissés des liens amicaux forts et chacun se démarquait par des capacités spécifiques. Tout d'abord Armin Arlert. Le blondinet venait du district de Shiganshina, il avait vu le Titan Colossal apparaître monstrueusement derrière le mur. Son intelligence et ses stratégies rusées étaient précieuses pour l'ensemble du Bataillon. Avec lui, Eren Jäger et Mikasa Ackerman. Si l'une excellait dans toutes les disciplines allant de la tridimentionalité au combat au sol, l'autre se démarquait par sa détermination à exterminer l'assaillant. Eren vivait pour tuer les titans et sa passion pour assouvir sa vengeance était admirable. En plus de cela, Eren était vu par certains comme un monstre, par d'autres comme l'Espoir de l'Humanité, lui, l'homme inexplicablement capable de se transformer en titan. Livaï, lui, était indifférent. Il ne voyait en Eren qu'Eren et ne cherchait pas plus loin. La seule chose qu'il s'était permis de retenir c'était la complicité du trio. Souvent, en les écoutant quand les insomnies possédaient son corps, en s'égarant sur les toits du QG, il se souvenait, nostalgique, que lui aussi avait connu cet amour platonique, familial. Isabel et Furland leur ressemblaient beaucoup...
Ensuite il y avait le trio de malheur: Sasha Braus, Connie Springer et Jean Kristen. Des qualités, ils en avaient sûrement mais bien cachées... Bien qu'à l'entraînement, ils n'en branlaient pas une, sur le terrain, à eux trois, ils pouvaient valoir dix soldats et encore, s'ils s'amélioraient, leurs talents pourraient combler le manque de plusieurs dizaines de recrues.
Christa et Ymir étaient efficaces, leur duo marchait assez bien et leur précision était irremplaçable.
Pour finir, il restait le duo solitaire: Reiner et Bertholt. Tous deux étaient irréprochables, forts et assidus, ils étaient prometteurs.
Finalement, l'entente de leur groupe était aussi bien un inconvénient qu'un avantage: leur coordination était exceptionnelle mais Livaï ne pouvait s'empêcher de redouter le jour où l'un d'eux périra... Et il le savait, c'était inévitable. Dans ce Monde hiérarchisé où les Hommes n'étaient pas au sommet de la chaîne alimentaire, on ne pouvait pas tous survivre alors la force préservait les élus. Et ce même si les élus rêvaient de la mort, incapable de se satisfaire d'un Monde aussi bancale...

Le goût de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant