15- Détestable amour

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  Parti

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Parti. Eren était parti. Il s'en était allé alors que, quelques jours plus tôt, Livaï s'était dévoilé. Comment en étaient-ils arrivés là ? À partir de quand la situation avait-elle échappé au caporal ? Le départ du jeune homme avait été si brusque qu'aucun n'avait pu s'y attendre, si déchirant qu'aucun ne se permettait d'en chercher la cause.
Pourquoi y repenser aujourd'hui, sur ce foutu toit où il avait appris à connaître son subordonné, appris à apprécier l'interdit, s'était fait délicieusement séduire par son regard vert demandeur de liberté ? Pourquoi y repenser maintenant, un an depuis son putain de départ ?

Oh, souffla Livaï à la nuit. Un an, un an que t'es parti, gamin.

Depuis quand la situation lui avait-elle échappé ? C'était cela, la question clé, non ? Impuissant, Livaï avait vu l'âme d'Eren s'envoler plus loin de jours en jours, bloquée sur l'horizon qui n'avait jamais été aussi Beau que ce jour, à la mer. Impuissant, le caporal avait vu Eren s'envoler, sans poésie et sans beauté, sans même comprendre. Impuissant, il était tombé amoureux de lui, éperdument. De son regard pourtant si innocent et rêveur qui, au fil des jours depuis l'océan, s'était fermé, complètement. De son sourire qu'il se rappelait si doux, agréable fraîcheur dans l'étau brûlant de ce Monde cruel... Sourire plus rare, bien plus rare. Impuissant, Livaï se surprenait à attendre le retour de ses éclats de rires qu'il se souvenait harmonieux, le retour de ses remarques espiègles qu'il se remémorait putain d'excitantes. Impuissant, le Caporal Chef se languissait du retour d'Eren, se passionnait pour le souvenir qu'il avait d'Eren. Et pourtant le garçon était toujours là, proche de lui à partager son lit bien plus avidement, bien plus sauvagement, bien plus violemment, bien plus exceptionnellement, souvent par haine. Parce que Livaï détestait l'ignorance d'Eren, parce qu'Eren détestait Livaï de ne pas avoir su l'aimer plus tôt, avant qu'il ne comprenne tout.
Seul sur son toit, Livaï buvait comme si finir sa bouteille allait lui ramener Eren, Eren tout court, rêveur ou non, espiègle ou non, peut importait, juste lui et la vie qu'il lui insufflait. Seul sur son toit, face à la nuit, Livaï se raccrochait à des souvenirs comme il l'avait toujours fait. Comme avant, comme toujours, le sommeil le refusait alors que son esprit se torturait à comprendre pourquoi.

"Encore aujourd'hui, j'me demande pourquoi. Hein Eren, pourquoi m'as-tu laissé ? Pourquoi ne pas m'avoir parlé de tout ce que tu savais, comme tu l'avais toujours fait avant ? Pourquoi avoir encore répété la boucle infernale de mon histoire où chaque personne à qui je tiens meurs ? Non mais sérieux, regarde-moi, j'me retrouve dans un putain de fauteuil roulant, aussi inapte qu'un grand père... Si tu ne peux pas me dire pourquoi, dis-moi au moins que l'horizon est Beau de là-haut..."

Ils s'étaient haïs, haïs au point de se préserver. Eren n'avait pas parlé, n'avait pas dit "pourquoi", Livaï avait cessé de demander, n'avait plus tenté de le retenir. Eren s'était éloigné, éloigné de lui, éloigné de ses amis, ces gosses pour lesquels Livaï éprouvait tant d'affection et pourtant Eren était toujours là, et pourtant leurs regards se mélangeaient toujours.
Un jour, le mélange de leurs regards n'avait plus suffi et dans les couloirs du quartier général, Eren avait retenu son supérieur par le bras. Le regard affolé des autres membres de l'escouade avaient scruté la réaction de leur caporal dont l'esprit était tiraillé.

Le goût de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant