18- Tomber amoureux

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  Qui aurait cru que le Caporal Chef Livaï pleurerait un jour pour des mots, pleurerait un jour pour un homme, pleurerait si fort qu'il ne saurait plus si c'était de rage ou de tristesse ? Lui non, jamais et c'était pourtant ce qu'il se produisait

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  Qui aurait cru que le Caporal Chef Livaï pleurerait un jour pour des mots, pleurerait un jour pour un homme, pleurerait si fort qu'il ne saurait plus si c'était de rage ou de tristesse ? Lui non, jamais et c'était pourtant ce qu'il se produisait. Là, assis sur sa couchette qui était la même depuis des années, là, sur son matelas presque pourri, les couleurs du crépuscule se déversant dans sa piaule, il relisait cette putain de lettre qu'il n'aurait préféré ne jamais ouvrir. Il avait passé toute la journée à le haïr de toute son âme puisqu'à nouveau, il l'avait abandonné. Un jour entier à le détester puis finalement, pleurer pour les mots qu'il lui laissait. Mais quel dieu avait chié sur sa bonne étoile pour que sa vie soit à ce point une compilation de conneries ?
"Alors, Livaï, mon amour, tue-moi s'il te plaît" Cette phrase, noyée autour de tant d'amour, était la plus énorme de ces conneries... Sûrement celle pour laquelle il pleurait si pitoyablement aujourd'hui...

Oh Eren, c'est notre interdit qui me tue-, avait-il soufflé au silence de sa chambre.

Pour la troisième fois, il repassa ses yeux sur les lignes écrites à la vas-vite, presque soignées si Eren n'écrivait pas depuis toujours comme un pied. Dehors, le monde entier était au crépuscule d'un nouvel apocalypse, tout s'accélérait, tout s'enchaînait et pourtant, Livaï relisait la lettre avec une impression de ralenti, comme si Eren lui soufflait ses mots.

"Vous me détestez à en crever, hein caporal ?"

— De tout mon être-, répondit-il au vide.

"Vous pensez que je vous ai abandonné, encore... Quelque part, c'est ce que je fais, vous abandonner une nouvelle fois ; sûrement de la même manière que l'on s'attirait, encore et encore ; que l'on s'imaginait s'aimer, encore et encore ; que l'on voulait froisser nos draps pour le plaisir de nos corps, encore et encore. Seulement cet encore et encore au goût d'abandon est moins plaisant, je vous l'accorde... Mettons ça sous une revanche personnelle ; vous souvenez-vous, ce soir-là, à Mahr, quand je vous ai demandé si vous vouliez partir avec moi ? La Grande Ancêtre Ymir elle-même doit savoir à quel point j'aurai savouré mes dernières années auprès de vous, reculés de ce Monde qui me débecte, qui ne nous mérite pas, ni vous, ni Armin et Mikasa, ni Sasha, ni personne d'autre.
Si tout se passe comme dans mes souvenirs du futur, la veille, nous aurions dû chérir nos corps, encore.
Mon caporal, vous aurez beau me haïr du plus profond de votre âme, promettez-moi de lire cette lettre jusqu'à la fin. Mettez ça comme un échange, monnaie du plaisir charnel que nous nous sommes offerts.
Quand vous m'aimez à en crever, à m'en détester, j'en meurs. Je meurs d'amour pour toi, Livaï, toi qui pense baiser mon corps, toi qui pense pouvoir détester mon être. La vérité c'est que tu fais l'amour à mon âme alors même que ton esprit te crie d'aller loin de moi. C'est ce que nous aurions dû faire, aller loin l'un de l'autre pour ne jamais transgresser les règles de notre Monde.
Mais dis-moi, toi, mon amour, qu'est-ce que le Monde à côté de la saveur de notre interdit ? Qu'est-ce qu'est le Monde à côté de nous ?"

Le goût de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant