Aurora se fraye un chemin parmi les curieux amassés à la frontière de leur territoire ; ceux-ci ne semblent pas particulièrement accueillants avec la nouvelle arrivée, elle entend même distinctement le mot « sorcière ». Jouant des coudes, elle se retrouve finalement face à l'étrangère : elle a la taille d'une humaine ; ce qui signifie qu'elle a deux bonnes têtes de plus que la Printanière. Ses cheveux sont longs et noirs, portés en queue de cheval, et ses yeux d'un bleu clair et limpide comme l'eau qui ruisselle dans les montagnes. Aurora aperçoit à son cou une ficelle ornée d'étranges pendentifs, ce qui a sans doute suffi à certains de ses incultes confrères pour employer des termes liés à la sorcellerie.
Elle décide de se montrer amicale et lui tend la main en souriant : « Bonjour étrangère, je me nomme Aurora. Quel est ton nom, et qu'est-ce qui t'amène dans notre repaire ? » Elle aurait sans doute dû attendre le chef, mais en savoir plus sur la nouvelle arrivante lui ferait gagner un temps précieux. Et puis, il faut bien que quelqu'un aille vers elle, la pauvre se trouve encerclée de toutes parts ! Néanmoins, l'étrangère ne semble pas décidée à lui répondre : elle plante son regard dans celui d'Aurora mais ne dit pas un mot. La Printanière est étonnée en remarquant un renard qui vient se lover contre les jambes de la nouvelle arrivée : il est très étrange qu'un animal sauvage apprécie ainsi la compagnie d'un être qui n'est pas de son espèce...
« Tu ne veux rien dire ? Tu sais, rester muette ne sert pas ta cause... » L'inconnue affiche une moue contrite, et ses yeux se fixent sur le sol à ses pieds, comme si elle avait honte. Soudain, une idée vient à l'esprit de l'être de lumière. « Est-ce que tu es au moins capable de parler... ? » La femme la regarde à nouveau, et tourne la tête pour lui répondre par la négative. Elle a deviné ! Ainsi, cette jeune femme est muette... « Ne t'inquiète pas, on va essayer de t'aider. » C'est à ce moment précis que le chef arrive : Aurora lui fait un rapide compte-rendu de la situation, lui délivrant les maigres informations qu'elle a pu avoir. Il hoche la tête, pensif. « Très bien Aurora... Puisque c'est toi qui a réussi à initier un contact avec cette étrangère, tu seras chargée de son accueil et responsable de ses actes tant qu'elle se trouvera au sein du clan. Notre objectif premier, c'est de savoir dans quel but elle s'est introduite ici. Elle a l'air inoffensive, mais restons tout de même sur nos gardes. »
La Printanière opine de la tête, et la foule se disperse rapidement, chacun vaquant à ses activités. Bientôt, les deux femmes sont seules, et elle se tourne vers sa protégée. « Il va bien falloir qu'on te trouve un nom, je ne vais pas t'appeler l'étrangère à tout bout de champ... » Elle hésite quelques secondes, avant de lui adresser un grand sourire. « Que dirais-tu de Naïla ?C'est joli, n'est-ce pas ? » La dénommée Naïla hoche vigoureusement la tête, souriant à son tour : de toute évidence, elle ne lui en veut pas de lui avoir trouvé un autre prénom. « Bien, dans ce cas Naïla, viens avec moi, je vais te faire visiter notre repaire. » Naïla lui touche le bras, l'air interrogateur, puis désigne le renard à ses pieds. Aurora émet un rire cristallin. « Bien sûr que tu peux emmener ton renard avec toi ! Nous sommes proches de la nature, personne n'y verra d'inconvénient. Les animaux sont nos amis, même si nous n'arrivons pas à leur parler. » Docile, le renard se met à les suivre tandis que la Printanière fait le tour des abris, présentant à tout son clan la nouvelle arrivée. Beaucoup lui demandent la raison de sa venue ; elle se contente de les regarder avec gravité, clignant très peu des yeux. De toute évidence, il ne s'agit pas d'une visite de courtoisie et Aurora se promet de creuser cette question avec elle plus tard, quitte à l'inviter à communiquer avec des signes.
Elles mettent une bonne heure à faire le tour de leur petit village, et à bavarder avec les Printaniers. Enfin, surtout Aurora, qui a parlé pour deux. Naïla, elle, est restée tranquillement à ses côtés. Le renard qui lui sert de compagnon a fait beaucoup rire les enfants ; la Printanière est persuadée qu'une personne ayant de mauvaises intentions ne pourrait imposer un tel calme à son ami à fourrure. Même sans parler, les animaux en disent long sur eux-mêmes et ce qui les entoure... Maintenant, c'est à Aurora de parvenir à communiquer avec Naïla : il est temps d'avoir certaines réponses à ses questions. Elle emmène sa nouvelle amie dans son modeste abri, composé de branchages et de grandes feuilles en guise de toit. « Voilà, c'est ici que j'habite... Nos abris ne sont pas très élaborés, parce qu'en vérité nous passons très peu de temps à l'intérieur. Quoi qu'il en soit, fais comme chez toi. Tu as peut-être beaucoup marché avant de parvenir jusqu'ici... Est-ce que tu te sens fatiguée ? » Naïla opine de la tête, réprimant un bâillement silencieux : Aurora remarque seulement maintenant ses traits tirés. La pauvre a peut-être marché une partie de la nuit... Pour fuir quoi ? Elle ne l'a sans doute pas fait par plaisir. « Ma pauvre, tu es fatiguée et tu as quand même trouvé l'énergie de faire le tour du village avec moi ! Repose-toi, tu peux t'allonger par là, nous parlerons plus tard. Surtout, n'hésite pas à venir vers moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » La femme lui montre sa bouche d'un signe, et la Printanière parvient à comprendre au bout d'un bref échange qu'elle a soif. Elle va donc lui chercher de l'eau, posant un petit verre à côté de son couchage.
A son réveil, il sera temps d'éclaircir certains mystères.
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Enchantées
FantasyAurora est une Printanière : elle fait partie du peuple qui se réveille d'un long sommeil au printemps. Avec les Estivaux, les Automnaux et les Hivernaux, son peuple régule le temps et veille sur les populations humaines. Un jour, son chemin croise...