Chapitre 4

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Le fameux soir est arrivé, et les deux femmes se préparent gaiement. Naïla enfile la robe cousue par Mireille : une coupe simple au vu du peu de temps dont la couturière disposait pour la créer, mais néanmoins élégante. D'un rouge éclatant, elle n'est pas faite pour passer inaperçue. Aurora, quant à elle, revête la robe lilas qu'elle affectionne, et ses pensées papillonnent. Il y a bien une personne qu'elle a hâte de voir ce soir, et elle est sûre de la rencontrer, aucun Printanier ne manquerait ce rendez-vous incontournable... Elle se tourne vers Naïla, arborant un grand sourire. « Wouah, tu es superbe dans cette robe Naïla ! Elle te va bien ! » La jeune femme lui sourit à son tour, levant le pouce pour exprimer son contentement. « Comment tu me trouves ? » L'être de lumière tourbillonne dans le petit abri, et son amie l'applaudit vigoureusement, ce qui la fait rire.


Tout à coup, une tête passe par l'entrebâillement de la porte d'entrée, et Aurora se met à rougir en reconnaissant la mine espiègle de Laos. « Comment ça va, là-dedans ? Vous êtes déjà prêtes pour le bal ? » La nouvelle venue entre dans l'abri, révélant une belle robe longue vert émeraude et de longs cheveux châtains descendant en cascade dans son dos. Aurora s'immobilise, avant de crier joyeusement.« Laos, ma belle tu es là ! Tu es splendide, enfin comme d'habitude, mais là encore plus ! Je suis jalouse. » Les deux Printanières s'enlacent amicalement, avant d'inclure Naïla dans leur démonstration de tendresse en faisant un câlin à trois.


Déjà, elles entendent au loin les musiciens accorder leurs instruments. Les trois femmes s'élancent hors de l'abri, se mêlant à la foule des badauds se dirigeant tous vers la place centrale du village. Certains bavardent gaiement avec leurs voisins, d'autres hèlent leurs congénères à travers la foule pour les saluer avec enthousiasme. La bonne humeur règne partout, et Aurora adore voir tous ces sourires illuminer les visages. Elles arrivent en quelques minutes sur le lieu des festivités, et la joie monte encore d'un cran : sur de longues tables est disposé un appétissant buffet, ainsi que des coupes et plusieurs sortes de boissons. Le comité d'organisation a fait un excellent travail, il y en aura pour tout le monde et pour tous les goûts.


Les trois acolytes se servent à boire, se laissant peu à peu gagner par l'effervescence environnante. La musique démarre, et les premiers danseurs ne se font pas prier pour gagner la piste de danse : sans doute l'alcool commence-t-il à faire sentir ses premiers effets. Laos invite Naïla à danser, et Aurora se sent jalouse : c'est elle qui aurait voulu être invitée par la belle Printanière. En y réfléchissant bien, elle se dit qu'il s'agissait sûrement d'une invitation de politesse, étant donné que Naïla est nouvelle ici et qu'elle ne connaît pas grand monde. La suite des évènements lui donne raison, puisqu'après deux danses c'est Aurora que Laos invite à danser. Celle-ci observe Naïla se diriger vers le buffet, avant de s'autoriser à aller danser avec celle qui sait toujours lui faire monter le rouge aux joues. D'où lui vient donc ce pouvoir troublant ? Serait-ce dû à son charisme, son charme naturel, ou encore la façon qu'elle a de sourire qui la fait fondre instantanément ?


Décidément, la vie est belle ! La Printanière ne voit aucune ombre au tableau, et elle invite elle-aussi Naïla à danser pour ne pas qu'elle reste seule dans son coin. Cependant, celle-ci a l'air préoccupée, ce qui attire l'attention d'Aurora. « Qu'est-ce qui ne va pas, Naïla ? » Elle la regarde d'un air interrogateur, et la femme prend sa main pour l'attirer en périphérie de la piste de danse. Une fois qu'elles sont hors d'atteinte des danseurs, elle désigne discrètement un homme qui lui, n'est pas si discret. En effet, il surplombe l'assemblée d'au moins deux têtes, et est vêtu de noir, ce qui n'est pas habituel chez les Printaniers. De toute évidence cet homme n'est pas d'ici, alors que vient-il faire au bal ? Et en premier lieu, comment les a-t-il trouvés ? Aurora, paniquée, en a le souffle coupé. Elle ne veut pas se faire repérer par cet étranger, mais elle est obligée de parler fort pour que Naïla l'entende malgré la mélodie de la musique. « Nous devons trouver le chef, et vite ! »


Elles se mettent en quête de Gwenaël, leurs regards balayant l'assemblée avec précision. Elles ne tardent pas à le localiser, un peu en retrait près du buffet en train de bavarder avec quelques anciens. Aurora attrape la main de Naïla, et l'entraîne à sa suite à la rencontre du chef. « Gwenaël ! Gwenaël ! » Celui-ci finit par se tourner vers elles, l'air contrarié d'avoir été interrompu dans sa discussion. La Printanière ne se laisse pas intimider, et lui désigne l'homme louche un peu plus loin. « Qui est-ce ?Tu sais ce qu'il fait ici ? » Gwenaël pose son regard sur l'inconnu, puis à nouveau sur elle, et il a l'air méfiant à présent. « Je ne l'avais pas remarqué, il est habillé en noir... Tout ceci est très inhabituel... Je vais aller voir de quoi il retourne. »


Gwenaël, accompagné de ses bras droits, se dirige vers l'étranger. Celui-ci prend la fuite lorsqu'il s'aperçoit qu'il a été repéré, et les hommes du chef s'élancent à sa suite. Ils ont sur lui l'avantage de connaître le village et la forêt, mais lui a l'avantage de courir plus vite avec ses longues jambes. D'autres Printaniers ont remarqué qu'il y a quelque chose d'anormal, et s'arrêtent de danser pour regarder en direction du chef de clan.


Les bras droits de Gwenaël ont-ils réussi à attraper le fuyard ? Rien n'est moins sûr...

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