Chapitre 1 - Une étincelle dans le désespoir

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Mikasa Ackerman pleurait. De douleur, de panique, de peur, de stress. Dans sa chambre, elle faisait les cent pas, s'asseyait, se relevait, tournait en rond. La jeune femme essayait de contrôler sa respiration, surtout pour calmer les battements de son cœur. Les mains sur ses reins, elle se penchait, puis prenait appui contre la cheminée, pour en définitive se laisser tomber par terre.

L'homme qui était à ses côtés se sentait démuni. Impuissant, inutile. En vérité, il était impressionné par l'énergie qui émanait de Mikasa. Elle était forte, bien plus que tout ce qu'elle pouvait penser.

Mikasa ne criait pas, mais des larmes rondes coulaient sur ses joues, sans ne plus s'arrêter.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi Mikasa ?, lui demanda-t-il en s'approchant doucement d'elle, comme un homme devant un animal effrayé.

- Si tu me poses sincèrement la question... Sois mon soutien. Assieds-toi sur le lit, cale ton dos contre le mur et prépare-toi à me supporter. À la plus grande surprise de Mikasa, le jeune homme lui obéit. Il releva les coussins et ouvrit pudiquement ses bras. Elle posa enfin ses fesses sur la couette, releva avec difficulté ses jambes et ses épaules rencontrèrent le torse de l'homme.

Mikasa posa ses mains sur les cuisses du jeune homme, inspira une longue bouffée d'air et... Fut parcourue de sanglots puissants. L'homme ne savait même plus si le ventre de la jeune femme était parcourue de spasmes ou de...

- J'ai envie de...

- Pas encore Mikasa.

Le corps de Mikasa trembla, et le jeune homme serra les dents. Il devait résister, pour elle. Il tendit l'oreille. Un silence de mort régnait dans toutes les pièces. Pourquoi personne ne venait l'assister ?

- Où est Jean ?

- Parti, mais il m'a ordonné de veiller sur toi.

Mikasa serra les poings. Elle était admirable, elle était courageuse, elle était digne. Son front suait, ses cheveux étaient en désordre, ses pensées s'entrechoquaient.

- J'ai mal. Une souffrance dont t'as pas idée.

- Et que je connaîtrai jamais, je sais. Respire Mikasa.

Pour la première fois de son existence, l'homme décida de montrer l'exemple. Il avala une grande bouffée d'air, qu'il recracha. Il devait rester fort, pour elle.

- Je le sens.

À l'instant où Mikasa révélait ce secret, la porte de l'appartement s'ouvrit avec fracas. Un homme et une jeune femme déboullèrent dans la chambre, encore vêtus de leurs capes et de leurs chaussures.

- Mikasa ! Je t'avais promis que je reviendrai... Avec le docteur Geldstein, en plus ! On a couru à travers la ville avec Eliabel. Si tu voyais les rues : elles sont illuminées de mille feux.

Les mots de Jean Kirstein rassuraient toujours. Mikasa suivit du regard son époux, jusqu'à ce que sa tête lourde tombe en arrière, au creux de l'épaule du jeune homme qui l'encourageait à la force de paroles sécurisantes.

Eliabel s'était préparée. Elle avait délicatement posé sa pèlerine sur un fauteuil, s'était déchaussée et lavée les mains. Elle se tenait à présent au pied du lit.

- Je peux t'examiner Mikasa ?

- Fais ce que tu as à... La bouche de Mikasa se tordit. Elle sentait ses boyaux s'arracher de l'intérieur. Survivrait-elle à la nuit ? Ce combat était définitivement celui de sa vie.

Le jeune homme dévisagea Jean. Ils étaient frères d'armes, ils avaient survécu et pourtant... Ils savaient qu'ils devaient se tenir aux côtés de Mikasa, une dernière fois.

Jean s'agenouilla près de Mikasa, qui se tordit de douleur. Seuls des râles sortaient désormais de sa gorge.

Le silence. La beauté d'Eliabel. Un ange. Reiner Braun ne voulait retenir que ces merveilleux détails... Dans le sang, la perte de contrôle et les tremblements. Il vivait un moment hors du temps. Inimaginable.

L'enfant naquit. À sa venue au monde, il hurla. Recouvert de vernix, les poings fermés, relié à sa mère par le cordon ombilical. La vision était aussi hideuse qu'extraordinaire.

- Bienvenue au monde Eren.

De l'autre côté de la mer - Reiner BraunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant