Alexander.
Le chemin du retour s'est déroulé dans le silence total. Même en compagnie de Winter. Celle-ci voulant seulement conduire, se concentrer sur la route, sans musique, ni discussion sur l'arrivée de Jody un peu plus tôt. Et ça, je le comprends. J'ai eu le temps de me remémorer toutes mes actions depuis le début de la "mission". De mon point de vue, j'ai fait ce qu'il fallait. Enfin, plus précisément, ce que je pouvais. Mais est-ce qu'Orion l'entendra de cette oreille ?
Je suis actuellement au QG des Red Sun. Jody a directement foncé voir le boss pour faire son rapport. Je ne suis pas tranquille. S'il s'avère que j'ai échoué, qu'est-ce que je subirais comme punition ? Je pense y survivre, mais tout de même. Cet homme connaît tout de moi. Je lui ai parlé de mon passé. Il pourrait retourner tout cela contre moi. Comment savoir ?
Je me passe la main sur le visage, dépité. Et les regards de certains membres me mettent mal à l'aise. Je les regarde, stoïque, comme toujours. Ils n'ont rien d'autre à faire, là ? Comme boire ou baiser ? Ils ne savent faire que ça, de toute façon. Que des merde mais qui pourraient me tuer quand bon leur semble, à part si je me débrouille bien et que je sois armé. Ce qui est actuellement mon cas.
— Le petit nouveau va avoir une punition je pense ! s'écrie un vieux croulant, du côté du bar.
— Tu paries ? Lance un autre. 200 dollars !
Tous des connards. Comment ce genre de personnes peut tomber dans cette organisation ? Oui, c'est moi qui pense ça. Mais moi je suis jeune.
Et c'était une opportunité à saisir. Et j'aime ce que je fais ici.
J'aime que quelqu'un veuille quelque chose de moi. Orion fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Même s'il a des méthodes...pour le moins barbare.Les minutes passent lentement, peut-être trop. Mon esprit perd sûrement la notion du temps. Qu'est-ce que j'en sais ? Mais fort heureusement, Jody revient vers moi, un sourire narquois aux lèvres. C'est le signe que ça n'augure rien de bon pour moi. Je me lève de ma chaise, toujours la même expression sur le visage. Je me permet d'inspirer autant d'air que je peux, avant d'expirer lentement.
À nous deux, Orion.
Je m'avance jusqu'à la porte du bureau d'Orion et frappe. J'entends l'homme qui m'autorise à entrer, ce que je fais immédiatement. Je suis souvent rentré dans cette pièce mais elle me procure toujours un sentiment étrange auquel je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Les murs sont recouverts d'un papier peint sombre, presque noir, avec des motifs de têtes de mort, pour la plupart. Des étagères en bois bordent les murs, remplies d'armes blanches : dagues, poignards, couteaux de lancer. Au centre de la pièce trône un bureau massif en bois foncé. Sur le bureau, il y a un grand cendrier rempli de mégots de cigarettes et de cigares à moitié consumés, accompagné d'un zippo qui doit coûter pas mal d'argent. Pour ce que j'en connais. Le siège d'Orion est une imposante chaise en cuir noir, usée par l'usage mais toujours imposante. Aucune fenêtre. Je n'aime pas vraiment ça dans une pièce. J'ai l'impression d'être enfermé. C'est peut-être l'effet rechercher et je ne peux que m'incliner. L'éclairage est faible et tamisé. Une odeur de clope me remplit les narines.
— Hélios ! m'interpelle Orion. Enfin à la maison ! Assieds-toi donc. Tu as fait un long voyage !
J'essaie de jauger l'humeur d'Orion mais, difficile à dire. Toujours la même veste en cuir sur lui. Même sourire qui étire ses lèvres. Toujours avec une barbe noire. Il n'a pas pris de cheveux blancs pendant mon absence non plus. Je pense que mon cas n'est pas trop désespéré. Enfin, ça, c'est ce que je penserais si je ne connaissais pas l'homme qui se tient face à moi. Avec lui, tout est possible. Vraiment tout. L'inimaginable. Je peine parfois à croire tout ce que Tate m'a raconté à son sujet avant qu'il ne devienne le chef. Je m'assois sur le seul autre siège disponible et ose lever un sourcil.
— Bonjour Orion, commencé-je d'une voix grave. Je suis à la maison. Mais ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais mon retour.
Je sais que je peux parler librement avec lui, tant que je reste un minimum dans sa vision des choses. Il arque un sourcil avant de rire à gorge déployée. C'est évident que son petit test le fasse rire. Mais moi, ça me fait tout l'effet inverse. Bien que, j'aurais dû me douter que je ne partirais pas tranquillement en mission sans avoir montrer mes preuves en dehors de l'entraînement quotidien. Lorsqu'Orion se calme, il soupire de contentement.
— C'était bien le but, commence-t-il. Je n'allais pas t'envoyer chez les ennemis dès le départ et surtout pour faire affaire. D'après ce que Jody m'a raconté, tu as tout de même été en mauvaise posture. Tu sais que les secondes que tu as gaspillé à espérer que tes camarades reviennent t'auraient coûté la vie dans une vraie mission ?
Je serre les dents. C'est vrai que j'espérais que les autres reviennent vite pour qu'ils leur prête main forte. Voyant que je garde le silence, il reprend :
— Tu réfléchis trop. Mais tes techniques au combat sont vraiment efficaces.
— Je voulais que nous restions tous en vie. C'est aussi le but,qu'il n'y ait pas de pertes dans nos rangs.
Un sourire narquois naît sur les lèvres d'Orion, et là, je vois que j'ai commis une petite erreur. Orion veut la réussite, mais qui sait s'il n'est pas prêt à subir des dommages collatéraux. Est-ce qu'il aurait été satisfait de ça ? Non, pas si cela concerne ses meilleurs hommes...alors...
— Pourquoi m'avoir fait faire équipe avec Winter ? Demandé-je, me retenant de serrer les points. Elle ne devait pas passer de test, elle.
— Tu n'as pas compris ? me questionne Orion. Un joli minois est toujours le bienvenue pour certaines missions et j'avoue qu'elle est douée pour le peu où elle a été utile. Mais je voulais vérifier sa loyauté et voir ce que tu ferais si elle était en danger de mort.
Je fronce des sourcils. Je ne comprends pas très bien. Il voulait voir si j'allais la sauver ou juste me tirer en la laissant ?
— Sauver quelqu'un de l'organisation n'est pas la priorité ? — La priorité est de réussir la mission, déclare Orion. Et ça, même si quelqu'un de nos rangs meure malencontreusement. Ce qui aurait pu être le cas de la belle brune, tu comprends ?
J'hoche la tête lentement. Je dois me faire aux règles d'ici. Même si, ça m'aurait quand même fait chier de laisser Winter se faire tuer par ces hommes de pacotilles. Maintenant, le plus important :
— Est-ce que j'ai réussi le test ? Je veux savoir.
Orion met un moment à répondre. Il aime faire des effets de suspens. On dirait un animateur télé qui veut garder l'attention du public. Je suis patient de nature mais là, ça a tendance à me taper sur le système. Mais je ne dirais pas ça à voix haute, bien sûr.
— Tu as réussi Hélios, lâche le boss. Ce qui te sauve c'est ta technique et ta colère. Mais pour la prochaine fois, je m'attends à mieux, est-ce que c'est clair ?
— Oui, Orion, soupiré-je de soulagement. Est-ce que je peux y aller ?
— Tu peux, mais dernière chose : Tu vas dorénavant vivre en appartement. Tes affaires sont encore à la maison? Quelqu'un t'emmènera dans ton nouveau chez toi.
J'écarquille les yeux. Quoi ? Pourquoi je devrais déménager si j'ai réussi le test ? Ce n'est pas logique !
— Pourquoi ? je supplie presque d'avoir une réponse.
— C'est un ordre, me réprimande Orion, l'air sévère.
Je ne pipe plus un mot. Je me lève pour quitter la salle. Et là, je commence à m'inquiéter. Et Tate ? Qu'est-ce que ça veut dire pour lui ? Je me suis habitué à vivre avec lui maintenant. Je dirais même que ça ne me déplaît plus tant que ça. Je pensais qu'Orion...Je croyais... L'espoir est un cadeau empoisonné. Je devrais le savoir depuis le temps.........................
Chapitre terminé ! J'espère qu'il vous aura plu ! ^^
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Red Sun
RomanceTate va mourir à 18 ans. Il le sait depuis bien longtemps. C'est sa destinée. Peu importe comment. Sa première mission chez les Red Sun va le tuer. Tate s'y ai fait mais il ne voudrait tout de même qu'une seule chose: qu'au moment où il rendra so...