Chapitre 20

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Winter



Je suis en route pour la ruelle. La nuit enveloppe encore le quartier, mais les ombres familières m'aident à me repérer alors que je gare ma voiture à proximité. Sortant avec précaution, je garde un œil attentif sur les alentours.

Jusqu'ici, tout va bien. Personne ne bondit de nulle part lorsque je me retourne. C'est déjà une bonne nouvelle !

Je remarque un chat errant qui trottine le long de la rue, et quelques voitures passent sans se soucier de ma présence. Le félin s'arrête en entendant mes pas et se tourne vers moi en me fixant.

— Quoi ? T'as jamais vu de fille se balader en pleine nuit, toi ?

Comme toute réponse, le chat penche la tête avant de reprendre sa route comme si je ne l'intéressait pas. De toute façon, c'est pas un Aristochat 2.0 qui va m'aider s'il se passe quelque chose. On est pas dans un film.

Spoiler alert : J'ai peut-être un peu la trouille et c'est sans doute pour ça que j'ai parlé à un animal comme s'il me comprenait.

Ma main effleure le manche de mon couteau, prête à le dégainer si nécessaire. Je traverse la rue, me rappelant les avertissements d'Hélios à propos des caméras de sécurité en face de l'immeuble. Il vaut mieux éviter d'attirer l'attention si l'endroit est sous surveillance. Surtout si c'est Sharky qui vérifie les aller-retour de tout le monde. Saleté de hacker.

Sharky est le genre de type qui capte l'attention. Avec son visage d'ange et ses boucles brunes qui sont sans cesse devant ses yeux. Des yeux bleus profonds d'ailleurs. Il n'est pas vraiment musclé, tout comme Tate, mais il a un corps élancé. Je ne le connais pas beaucoup mais certains disent que c'est quelqu'un d'idéaliste. Il a des idées qu'il recommande souvent au boss et qui sont souvent acceptées. Ce qui le différencie des autres, c'est sa capacité à rester calme sous pression, à se ressaisir même dans les moments les plus critiques. Comme le jour de la marque. Lui aussi y a eu droit. Il est resté calme jusqu'au moment où la douleur devait être insoutenable et qu'il a lâché quelques cris. Devant un écran, Sharky devient un véritable prodige. Il a cette capacité rare à comprendre et manipuler le langage des machines avec une aisance déconcertante. C'est comme si les lignes de code lui parlaient, lui racontaient leurs secrets. Il peut pénétrer les systèmes les plus sécurisés avec une agilité et une rapidité qui font de lui un atout inestimable pour n'importe quel casse. Il a ce don naturel pour naviguer dans le monde numérique, pour décrypter des firewalls comme s'il lisait une simple page de magazine. Mais ce qui est vraiment impressionnant, c'est sa créativité. Il ne se contente pas de suivre les chemins tracés, il invente, il innove, il trouve des solutions là où d'autres se heurteraient à des murs. Pourtant, sa jeunesse et son manque d'expérience peuvent parfois le rendre imprudent, trop sûr de lui. Mais tout le monde, et même Orion, ont une confiance absolue en ses capacités. C'est pour ça aussi que je voulais que Tate apprenne le hacking avec lui. Je savais qu'il ne risquait rien avec quelqu'un comme lui. Mais je ne suis pas proche de lui. Nous parlons en nous croisant dans le QG mais rien de plus. Il ne semblait pas intéressé par les coups d'un soir, ou c'est rare.

Ou je ne suis pas son genre. Mais je m'en fiche un peu maintenant. Je préfère voir des yeux couleur métal.

Je sors de mes pensées quand j'aperçois la ruelle. Les affaires reprennent.

De toute façon, ce n'est pas le moment de penser aux mecs !

L'air est lourd, l'odeur de moisissure et de métal rouillé me saisit les narines. Je regarde autour de moi puis entre dans le passage étroit. Dire que je pourrais être chez moi, à cette heure-ci, et dormir dans mon lit. Et j'aurais évidemment pris une bonne longue douche avant. C'est un luxe que je me permettrait plus tard, évidemment. Je repère rapidement le premier corps. Caleb, ce sale con. Je m'approche et pose deux doigts sur son cou, non sans grimacer. Aucun pouls. Bien sûr qu'il est mort, je lui ai tiré dans le dos. Cependant, je préfère être sûre à 100%. C'était radical, mais nécessaire. Et, je dois avouer que le savoir mort, ça rend une partie de moi plus apaisée.

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