Lee Felix a seulement vingt ans quand il se retrouve à élever seul son neveu.
S'il est soutenu par ses amis de toujours, ces derniers sont à une étape de leur vie qui ne coïncide plus avec ses nouvelles responsabilités. Peu à peu il s'éloigne de ce...
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Il faisait déjà nuit quand il franchit les portes automatiques du grand building où se situaient les bureaux de l'entreprise pour laquelle il travaillait.
Dans son costume gris anthracite, Felix ressemblait à tous ces travailleurs de bureaux qui circulaient sur la place devant lui, couraient mallette en mains ou sac sur le dos. Un certain nombre rejoignait les bouches de métros, les arrêts de bus ou encore des taxis qui s'arrêtaient sur le bas-côté de la route. Lui-même avait remis sa besace sur son épaule, regarda une fois de plus sa montre avant de repartir au pas de courses en direction d'un abri bus à quelques mètres dans la grande avenue.
Après quelques minutes de trajet, sans cesser de jeter des regards furtifs à l'heure qui défilait, au trafic qui se faisait plus dense, Felix se perdit dans l'observations de lumières de la capitale coréenne.
Ces grands immeubles qu'il voyaient tous les soirs, cette ville moderne en effervescence. Il regardait parfois les passants sur le trottoir, certains avaient son âge et riaient aux éclats, s'apprêtant à passer une soirée festive. Son regard se voilait d'une émotion nostalgique et la commissure de ses lèvres s'étiraient en songeant à sa vie il y a encore deux ans de cela. Mais les réminiscences de ce qu'aurait pu être sa vie furent de courte durée, après deux arrêts, il revint à lui juste à temps pour sortir du bus, ne manquant pas de bousculer quelques occupants au passage, s'excusant humblement avant de sauter sur le trottoir.
Encore quelques minutes. Il regarda de chaque côté de la route et repartait pratiquement en courant.
Ses chaussures vernies frappaient le bitume tandis qu'il accélérait encore, sentant sa cravate lui serrer la gorge et la chaleur le faire suer sous sa veste de costume. L'air était encore chaud et il n'était qu'au début du mois d'avril.
Il devrait s'estimer heureux, lui qui n'avait jamais le temps de rien, avait sa petite séance de sport habituel, tous les soirs. Il partait avec l'espoir d'arriver à l'heure, courrait jusqu'à s'en brûler les poumons et finissait par arriver déçu, devant le grand portail vert, d'où il ne percevait jamais qu'une seule et unique lumière.
Mais aujourd'hui était un jour où il pouvait s'autoriser à sourire. Essoufflé, les mains sur les genoux, la cour était encore pleine d'enfants et de parents qui venaient récupérer leur progéniture.
Aujourd'hui, il était à l'heure.
Felix traversa la cour en desserrant légèrement sa cravate, le front humide, la bouche encore ouverte, cherchant désespérément à reprendre une respiration normale.
Il secoua ses cheveux et passa les premières portes battantes qui menaient aux salles de classes. Là, des enfants couraient encore dans tous les sens, leur petit cartable sur le dos, prêt à rejoindre leurs parents dans l'euphorie collective. Il reconnut une des institutrices qu'il salua d'un petit signe de tête, cette dernière lui désigna d'un sourire la salle de classe pratiquement vide.