13 I Pour son bien

111 5 0
                                    


Suite à cette altercation, Akira et Livaï prenaient grand soin de s'éviter, tandis que Kiro tentait de se rattraper auprès d'elle. Rien que l'idée qu'elle puisse lui en vouloir lui était insupportable.


Un soir, accoudée à la rambarde du toit du QG, Akira observait distraitement l'horizon. Elle songeait au monde par delà les murs. À tout ce qu'il leur restait encore à découvrir sur ces terres dont ils ne savaient rien. Et au nombre des personnes qui avaient laissé la vie dans cet objectif.


"Tu deviendrais de la chair à titan. L'espérance de vie d'un membre de ton putain de Bataillon est de six mois. Et encore, si la chance est de son côté. C'est ça ton putain de rêve ?"


Elle se souvenait sans peine des paroles de Livaï, ces mots qu'il lui avait craché afin de tenter de la raisonner. Finalement, alors qu'il n'avait jamais vu la surface, il avait touché du doigt la vérité. La majorité de ceux qui offraient leur coeur à l'humanité sacrifiaient leurs vies dans le même temps. Tant de soldats mouraient, tant se faisaient bouffer par les titans que la liste des morts s'allongeait à une vitesse hallucinante à chaque expédition. Ça, elle avait refusé de le voir. Ça lui avait surgi d'un coup en pleine figure quand Livaï était rentré de sa dernière expédition, plus renfrogné que jamais. Sur deux cent vingt soldats, quarante-sept étaient rentrés. Cent soixante treize morts. En une expédition...


Du mouvement à sa droite ramena son esprit au présent, mais elle ne vit pas l'ombre d'un danger en la personne de Livaï, qui venait d'adopter la même position qu'elle, juste à un mètre d'elle. Il n'exprimait toujours aucune émotion, laissant son visage éternellement de marbre, mais elle se doutait que son esprit était en proie à des émotions violentes. Suffisamment pour qu'il recherche sa compagnie.


Elle leva les yeux vers le plafond étoilé, qui était sans l'ombre d'un doute la chose qu'elle aimait le plus en ce monde. La chose qui l'apaisait le plus. Elle inspira profondément, appréciant l'air frais qui s'engouffrait dans ses poumons, puis expira dans un souffle.


"Tu ne devrais pas te priver de la protection de Kiro la prochaine fois que tu iras hors des murs".


Quand elle baissa la tête pour poser les yeux sur lui, elle ne put dissimuler la surprise que ses paroles provoquèrent en elle. Il l'observait calmement, puis tourna la tête vers l'horizon après quelques secondes.


"Te fais pas d'idée, je l'aime pas", poursuivit-il. "Cependant, c'est un bon soldat, il est fort. L'écarter, c'est te mettre une balle dans le pied".


"J'ignorais que j'avais besoin de ton assentiment quant à mes décisions au sujet de mes hommes", trancha-t-elle. "Mais puisque nous en sommes à donner nos avis, je vais te faire part du mien. Petra est amoureuse de toi, elle te colle aux basques comme une bête baveuse. À ta place, je lui dirais ce qu'il en est vraiment plutôt que de la laisser nourrir de faux espoirs. Parce qu'on sait tous les deux qu'un coeur, c'est la seule chose que tu n'as pas".


Sur ces mots, elle prit la direction de la porte afin de regagner sa chambre. Mais, alors qu'elle avait la main sur la poignée, la voix de Livaï suspendit son geste.


"C'est un conseil que je pourrais te donner moi aussi. Vu comment Kiro te regarde, il n'attend qu'une occasion pour t'avoir".

Le Prix de la Liberté (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant