Le Prix de la Liberté (Tome I)

18 I Sensations persistantes

Au cours du petit déjeuner, Akira se montra fermée et sur ses gardes. Assis à la même table qu'elle, Kiro, Shin et Hansi ne savaient pas comment réagir face à cette boule de nerfs qui évitait à tout prix de parler de la soirée de la veille. Qui évitait de parler tout court, d'ailleurs. Ce qui eut le don de mettre le blond en rogne.

"Bon sang Akira, tu vas pas te murer dans le silence indéfiniment !?!"

Les regards de toutes les personnes présentes dans le réfectoire convergèrent vers eux, mais aucun des quatre soldats ne sembla s'en préoccuper. Pas plus que Livaï, qui posait son plateau sur cette même table, aux côtés d'Hansi.

"Elle n'a peut-être pas envie de partager avec toi ses activités nocturnes, Kiro", tenta de le raisonner Shin. "Tu dois l'accepter".

"Ses...activités nocturnes ?", répéta le jeune homme, hébété. "Activités nocturnes ? Akira, dis-moi que c'est faux. Dis-moi que t'as pas couché avec un gars hier soir !"

La jeune femme releva soudain les yeux vers lui, affichant un air furieux.

"Que ce soit le cas ou pas, je ne vois pas en quoi ça te regarde", grogna-t-elle froidement. "Je n'ai de comptes à rendre à personne".

"Tu te fous de moi ?!?", s'égosilla Kiro, tapant du poing sur la table. "Et je suppose que vu ton état d'ébriété, tu n'as pris aucune précaution ! Imagine que ce salaud t'ait foutue enceinte ?"

Des sueurs froides parcoururent le corps de la jeune femme. Ils ne s'étaient effectivement pas protégés... Elle n'y avait même pas pensé au réveil, la seule chose qui la préoccupait était de faire comme si jamais rien ne s'était passé. Ils y arrivaient par ailleurs remarquablement bien tous les deux, même Kiro ne semblait pas soupçonner quoi que ce soit. Mais quelle imbécile elle était !

"Ça suffit", gronda-t-elle en se levant, posant un peu bruyamment sa tasse de thé, quelques gouttes s'en échappant pour s'écraser sur la table. "Si t'as de l'énergie à revendre, viens t'entraîner avec Jean, Reiner et moi au lieu de gueuler dans les oreilles de tout le monde. T'as besoin de ta branlée matinale, apparemment".

Elle s'éloigna sur ces mots, faisant signe à Reiner et Jean qui partirent à sa suite. Les poings serrés, Kiro fronça les sourcils, la colère brûlant dans ses yeux verts.

"Si je trouve le fils de titan qui a posé les mains sur elle, je le bute", siffla-t-il rageusement. "Je suis sûr que c'est cet enfoiré d'Eren..."

"Arrête tes conneries et laisse-la vivre", le réprimanda Shin. "Elle est grande, elle n'a plus besoin que tu la protèges comme si sa vie était constamment en danger. Nous ne sommes plus dans les Bas Fonds, Kiro".

Agacé, le blond poussa un profond soupir puis quitta la table, sans doute pour aller s'entraîner. Il n'en resterait pas là, tous en étaient conscients, et ça aboutirait sans l'ombre d'un doute à une dispute entre les deux amis. Comme à chaque fois.

"Tu comptes le laisser croire que c'est Eren ?", demanda soudain Hansi, les yeux rivés sur Livaï, qui buvait silencieusement son thé.