Chapitre 14 : Mabel

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Je fini de coudre la dernière manche de mon pull, c'est un accomplissement de trois mois qui s'achève. Le tricot rose est doux entre mes mains, il va sûrement être plus qu'agréable a porter et ce constat m'emplis de joie et de fierté. Je fais un nœud pour sécuriser l'ouvrage et coupe le fil avant de tenir mon pull devant moi, un sourire nostalgique se dessine sur mon visage.

Ce projet de cosplay, c'est celui qui a aussi accompagné un énorme changement dans ma vie. Trois mois que je vis ici... Un mois et huit jours qu'Elliot est bizarre, il est redevenu le mec limite instable du début. Pas plus tard qu'hier, il s'est vexé quand je lui ai demandé s'il avait quelque chose à me reprocher, alors qu'une minute plus tôt il était aussi doux qu'un agneau. Je ne sais plus par quel bout le prendre et c'est extrêmement frustrant.

La complicité que nous avions établie est toujours là, par intermittence mais je suppose que je ne devrais pas m'en plaindre. Il n'a toujours pas voulu me dire ce qui s'est passé cette nuit-là, et ses excuses bidon sont de plus en plus louches. Je sais bien qu'il me ment, c'est marqué sur son front, ce mec se pense insondable. Mais quand on le connaît un peu, on remarque vite ses tics. Par exemple, il a tendance à détourner légèrement les yeux quand il est mal à l'aise.

Quoi qu'il en soit, il me manque. Je me déteste de devoir me l'avouer mais ce crétin est devenu un élément capital à ma bonne humeur.

— Alors, mon pull avance ?

Je sursaute, je ne l'ai pas entendu arriver et mon cœur manque un battement.

— Ça te dérangerait de prévenir ? Tu veux ma mort sur la conscience ?!

Cet idiot a le culot de se marrer en plus ! Je lui montre mon majeur et, évidemment, il se tord de rire.

— Puisque c'est comme ça tu verras rien ! Et pour te faire pardonner t'es obligé de m'accompagner à la convention.

Il s'étouffe avec son rire et un sourire machiavélique se dessine sur mon visage, bien fait pour toi Kermit.

— Tu n'es pas sérieuse ?

On dirait que je lui ai demandé de sortir à poil, il est tout effrayé et intérieurement, je jubile.

— J'ai l'air de plaisanter ? D'autant plus que tu m'évites depuis un mois, tu pourrais te faire pardonner.

Il réfléchit quelques secondes et soupire avant d'acquiescer.

— Très bien, je vais venir a ta foutue convention.

Il ajoute quelque chose en français qui ressemble à "aimekaslékouye", un mot qui m'est inconnu mais qui semble être une expression de lassitude, au vu de son expression faciale.

— Qu'est ce que ça veut dire ?

— Que je suis ravi.

Je fronce les sourcils, il est en train de se foutre de ma gueule là, non ?

— Elliot Perrin, je préviens d'un ton agacé.

— Quoi? Il glousse.

— La vérité. Maintenant.

— Que tu me les brises.

Il est culotté au point de sourire comme un abruti. Je me met a genoux sur le canapé et lui met une tape sur le bras, ce qui l'amuse encore plus. Bon sang, qu'est ce que j'ai fait au bon dieu pour mériter ça ? Je lève les yeux au ciel et me rassoit pour bouder. Il me rejoint, s'assoit à mes côtés et pose un baiser sur ma joue pour se faire pardonner. Qu'est ce que je disais ? Il est vraiment lunatique et moi, je rougis comme une idiote. Des milliers de sentiments m'assaillent quand il m'étreint, je ne cherche pas à m'en éloigner. Son odeur, si caractéristique, m'entoure et mes sentiments s'apaisent.

— Je ne sais pas ce qui t'arrive, je débute dans un murmure, mais j'aimerais que tu arrêtes de m'éviter.

Un long souffle se fait entendre au-dessus de ma tête alors qu'il caresse mon dos. Cette envie de rester là pour toujours refait surface, comme une affreuse sensation de déjà vu. Non pas que je sois gênée. Je suis à peu près certaine d'être capable de me mettre en couple... mais ruiner cette amitié, je ne suis pas sûre que ce soit judicieux, ce que je sais, c'est que je ne veux perdre aucun de ces trois garçons. Ça, c'est hors de question.

— À quoi tu penses ?

Sa voix n'est qu'un souffle qui chatouille les petits cheveux de ma tempe et le frisson qui parcourt mon dos est loin d'être chaste.

— A... A rien.

Il pouffe, ajoutant à ma gêne le feu de mes joues. Je reste tout contre lui et cache mon visage contre son torse. Il souffle le chaud et le froid avec moi et je suis embrouillée entre la vérité et ce que j'imagine. Il pose un baiser sur le haut de ma tête, si doux qu'on dirait une caresse, en vérité il effleure à peine mes cheveux, comme effrayé par ce que ce geste signifie. Je redresse la tête pour l'observer, son expression a changé. Il est de nouveau fuyant. Sauf que je n'ai aucune envie de le laisser partir.

Ma conscience me hurle de l'embrasser autant qu'elle m'en empêche, c'est a rien n'y comprendre. Et pourtant, il a l'air aussi incertain que moi. Ses yeux vagabondent vers mes lèvres et il avale sa salive, faisant tressauter sa pomme d'adam. Elliot fait vriller mon esprit et embrouille tous mes idéaux, si je craque, je ne pourrais pas revenir en arrière.

Oh allez, on sait tous que tu en meurs d'envie.

La vilaine petite voix m'encourage à passer ce cap et je décide de dépasser cette peur qui me dévore, elle a raison, j'en ai envie. Non. J'en ai besoin à cet instant. Timidement, j'approche mon visage du sien et, avec appréhension, je pose délicatement ma bouche sur la sienne. Un milliard d'explosions de feu d'artifice éclate au creux de mon ventre et sa réponse à ce baiser, beaucoup plus assurée, fait voler en éclats ce qui reste de ma raison.

Ses mains s'accrochent à ma taille pour me coller à lui, sa bouche, avide, ne quitte pas la mienne. Ce qui était timide il y a encore quelques instants se transforme en quelque chose de passionné, je n'arrive même plus à réfléchir correctement. Tout en moi hurle de joie, la chaleur que causait ma timidité est toujours là, sur mes joues, ma peau, mais sa raison est tout autre désormais. La moindre parcelle de mon épiderme bouillonne de désir quand ses lèvres migrent vers mon cou, me laissant tout le loisir de pousser de petits soupirs que je ne me connaissais plus. J'ai envie de plus. Je le désire contre moi, en moi, tout de suite. Ce gars là me rend dingue. Il doit le sentir parce qu'il redresse la tête avant de murmurer, déjà essoufflé par le désir que je lis dans ses iris couleur noisette.

— On devrait aller dans ma chambre... Si tu en as envie...

Je hoche la tête, incapable de parler, nos mains se lient et je le suit sans demander mon reste. Déjà en proie à une excitation qui, je l'avoue, m'avait manquée. Après un an d'abstinence, mon entrejambe crie sa frustration et son impatience et je ne veux que lui pour combler cette envie. Mon cerveau est déjà trop embrumé et le sentir en moi est devenu une urgence. Même si j'ai l'étrange impression d'avoir déjà vécu cela. Je balaie cette pensée loin, c'est impossible, je m'en souviendrais, si j'avais couché avec l'homme beau comme un dieu qui ferme la porte derrière nous. Il ouvre précipitamment sa chambre et referme la porte aussitôt que nous la passons. La tournure des événements est des plus inattendues, mais je ne lui laisse pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, ma main agrippe le col de son t-shirt et je l'embrasse passionnément pour éviter de laisser mes pensées dériver trop longtemps.

Scientist Lovers - Tome 1- Rewrite The StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant