Chapitre 3 ~ Partie 3

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Une fois changée et lavée, je me glisse dans mes draps, priant pour que les réponses me viennent...

Ce n'est qu'en fermant les yeux que tout devient clair.

-          Mérida.

La simple entente de sa voix dénoue le nœud de mon estomac. Il est dans la forêt. Il fait nuit noire. Le bruissement des feuilles semble réel, bien que l'atmosphère paraisse... hors du temps. Je ne parviens pas à formuler une phrase. Ma bouche ne s'ouvre pas, tandis que mon corps n'émet aucun geste. Je réalise que je suis en train de rêver. C'est la première fois que j'en prends réellement conscience... Je dois aller au bout des choses.

-          Pardonne-moi si j'enfreins ta demande. Nonobstant, tes rêves sont l'unique moyen afin que je puisse t'adresser ces quelques mots. Fais très attention à Matthew. J'ose supputer que tu as déjà fait sa rencontre. Je sens sa présence ici... elle est très forte, et néfaste ! Toutefois, ma mise en garde n'est qu'inutile. Fais confiance en ton intuition, car elle se révèle véridique. J'aurais aimé pouvoir t'en dire plus mais... je refuse d'être ta source d'angoisse. Tu es déjà assez chamboulée.

Soudain, le décor se métamorphose. Nous sommes près de mon repère.

-          Est-ce moi qui ai engendré ce changement ?

Ma voix est cristalline. Je me sens... en osmose, encore une fois en dehors du temps qui s'écoule. C'est comme si je me trouvais dans une autre dimension : douce, enveloppante.

-          Effectivement. Tu es en plein rêve lucide. C'est-à-dire que tu le contrôle à ta guise. Cet espace est venu dans ton esprit. Pourquoi ? As-tu besoin d'être en sécurité ?

-          Je...

-          Je devine. Demain, Mérida. Lorsque le zénith aura atteint son apogée. Lorsque tu seras davantage reposée. En attendant, fais de beaux rêves...

Sans que je n'aie le contrôle sur quoi que ce soit, la forêt s'illumine. Les rivières s'écoulent tranquillement, les animaux sauvages se baladent. Je peux humer l'odeur de la mousse des arbres, la terre fraichement retournée par une famille de sanglier... Si la paix a une définition bien précise, je décrirai cela.

Depuis mon réveil, j'arbore une attitude zen, ce qui contraste fortement avec mon stresse d'hier soir. Je n'ai pas répondu aux multiples messages en provenance de Cassien, ni d'un expéditeur inconnu qui je présume doit être Matthew. Au lieu de cela, j'ai noué mes cheveux en une longue tresse et je me suis habillée un peu plus chaudement. Aujourd'hui, un léger brouillard s'est abattu, emmenant avec lui une faible pluie ainsi qu'un peu plus de fraicheur. Je ferme ma veste tout en vérifiant que mon nouveau couteau s'y trouve bien, juste au cas-où. Peut-être suis-je folle d'à nouveau le rencontrer. Seulement, j'ai besoin de réponses. Et j'ai aussi besoin de le voir, de constater qu'il est bien là, vivant, et que ce n'est pas que le prisme de mes rêves. Je me tapote les joues, tentant de me motiver. Tout ce que j'espère, c'est que les deux garçons n'aient pas eu l'idée d'aller à la cabane. Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir...

Difficile de suivre le transite du soleil, caché par les nuages gris. Heureusement, j'ai apporté ma montre. En revanche, j'ai oublié mon téléphone... Je crois sérieusement n'avoir aucun instinct de survie ! S'il m'arrivait quoi que ce soit, je ne pourrais joindre personne. Espérons juste que je n'aurais pas à utiliser mon couteau car je ne sais nullement comment l'utiliser... Il est onze heures cinquante-six. Pas de signe de vie dans ma petite bâtisse ni autour de moi. Je m'assois sur un tronc d'arbre, patientant.
Je suis toujours fascinée de constater que je n'angoisse pas. Dès lors que je prends conscience de sa présence, c'est comme si la vague déferlante dans mon ventre se calmait. Etrange. Une voix désormais familière s'élève derrière moi. Je me redresse, faisant volte-face. Il est là, à quelques mètres de mon banc improvisé. Ses pommettes sont légèrement recourbées, lui donnant un air quasiment angélique. Une de ses mèches flotte devant son front. Il a le teint assez pâle, si je devais le comparer au mien. Siloé porte un pantalon en lin ainsi qu'un pull blanc en coton. Pour être différent, ça, il l'est !

SiloméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant