Silomé

Chapitre 5 ~ Partie 4

Perdue dans ma bulle, je ne me rends pas compte que nous clôturons la balade sans un mot. Siloé affiche un sourire niais. Aujourd'hui, ses beaux cheveux noirs sont détachés, lui arrivant juste au-dessus des épaules. Rares sont les hommes qui ont les cheveux aussi longs, pourtant, ça a un certain charme...

En descendant de la selle, mes fesses et mes jambes sont en feu ! Quel sport, et pourtant nous n'avons pas dépassé le pas. Je remercie chaleureusement Siloé, ravie de cette expérience à sensations. Nous dessellons Moondust, qui elle aussi transpire.

- Ça m'a fait plaisir que tu puisses t'épanouir, reconnait Siloé.

*

La douche froide est tellement délicieuse ! Chauffer l'eau prenait trop de temps, et puis l'été je suis habituée à me doucher sous l'eau glacée. D'ailleurs cette pratique a des vertus positives pour la peau et le cuir chevelu. Cette journée a creusé mon appétit, alors je décide de rejoindre mes hôtes dans une petite salle où la lumière est tamisée. A mon arrivée, la table est déjà remplie de mets. Charles et Siloé sont en train de discuter lorsque je dépasse la porte.

- Alors, comment te sens-tu ? engage Mr. Francisco, intéressé.

- Affamée !

- Haha, c'est bon signe, ravis de l'apprendre. Ce soir, Athénaïs nous a concocté une soupe aux légumes de saison en entrée, un gigot d'agneau pour le plat, et pour le dessert un exquis framboisier. J'espère que cela te convient.

Je m'installe sur le banc, parée à dévorer ce qui trône sous mes yeux friands. La soupe est somptueuse et épouse parfaitement mes papilles qui se régalent. Décidément, Athénaïs a la réputation qu'elle mérite.

- Je crois qu'il est temps que nous parlions, entame Charles en se grattant la barbe, pensif.

- Oui. Avant, j'aimerais savoir une chose. Quand est-ce-que je retrouverais mes parents. Je suis consciente de mon rôle à Oneiros, je l'accepte pleinement. Seulement, serait-il possible que je les rassure ? Pas forcément en parlant de ce monde...

- Je savais bien qu'elle aborderait ce sujet, intervient Siloé.

- Mérida, je crains que ça ne soit impossible. Nous protégeons le portail coûte que coûte pour ne pas que les djinns s'en emparent. Les forces du mal sont partout et prennent du terrain. Ne prenons pas le risque de l'ouvrir. Le résultat serait dévastateur...

- Mais je croyais que seules les personnes originaires d'un monde à l'autre pouvaient le franchir ?

- Oui, mais avec une certaine magie il est possible de le contourner, toute magie peut être défaite.

- Donc plus jamais je ne reviendrais chez moi ?!

- Pour le moment l'urgence est de s'occuper des créatures. Dès demain, tu vas être initiée à l'Histoire ainsi qu'au combat. Ce que tu dois savoir, c'est que les djinns sont prêts à s'emparer du pouvoir. Nous sommes en situation de faiblesse au vu du manque de figures royales. Nous devons nous préparer à n'importes quelles éventualités.

Je ravale mes sanglots, ne voulant pas exposer ma tristesse sanglante. La réalité me frappe de plein fouet : je ne reverrai jamais mes parents, du moins pas de sitôt. A ce moment, je hais Charles et son faux sourire navré. Je suis persuadée qu'il avait tout calculé à l'avance ! Alors que j'ouvre la bouche dans l'espoir de protester, la porte s'ouvre à la volée où une minuscule silhouette entre telle une tornade, un doudou à la main.

- Toby ! Que fais-tu ici ? interroge Siloé inquiet.

- Je m'ennuiiiiie ! s'exaspère-t-il d'une voix plaintive.