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Buvant un café dans la cuisine, je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Sophia m'a bien fait comprendre que je devais la craindre autant que son père. Je suis tombé dans le panneau comme tous les autres avant moi à croire que son apparence de jeune femme belle à tomber puisse ne pas être un danger pour moi.

Devant l'ilot central de la cuisine, je regardais l'allée devant le manoir par delà la fenêtre. Je bu une gorgée de café avant d'entendre Sophia descendre les escaliers. Baissant les yeux sur le plan de travail devant moi, je ne tourna pas la tete vers elle. Je sais à qui j'ai à faire à présent...

Sophia fit glisser sa main sur mon dos en passant derrière moi pour atteindre le frigo. Ses doigts avait tracé une ligne horizontale sur mes omoplates... C'est une référence direct à hier soir, quand elle m'a fait comprendre que je lui appartenait et que je n'étais qu'un jouet pour elle.

Continuant sur sa lancée, Sophia ouvrit le frigo et je su qu'elle était dos à moi. Je pourrais l'attaquer et la tuer mais je n'ose même pas imaginer ce que me ferait Hydra si je repondais a cette pulsion. Elle referma la porte et revint à coté de moi. Se penchant sur l'ilot central, elle détourna la tete dans ma direction en appuyant ses coudes sur le plan de travail.

Le regard droit devant moi, je ne me permis pas de la regarder. Je veux me tenir aussi loin d'elle que possible mais ce n'est pas son cas. Elle frôle mon bras de chaire avec le sien et c'est calculé. Elle sait que je n'ai pas l'habitude du contact physique et elle en joue.


"Comment va ton cou ? Demanda t-elle d'une voix douce."


Elle est schizophrène ou quoi ?

Tournant la tete vers elle, je fronça les sourcils en analysant son visage. Elle ne laisse rien paraitre, son air impassible est revenu et elle doit forcément se moquer de moi.


"Ne me regarde pas comme ça... Souffla t-elle en prenant une pomme dans la corbeille à fruit au centre du plan de travail. Tu sais très bien de quoi il était question hier soir."


C'était une démonstration de force.


"Tu as sappé mon autorité, il à fallut que je te prouve à toi comme aux autres que tu ne pouvais pas te permettre ce genre de chose..."


Croquant dans sa pomme, elle se retourna pour s'adosser au plan de travail. Elle est vraiment entrain de faire un debrief de sa menace d'hier soir ? Je n'arrives vraiment pas à cerner cette gamine.

Croisant les bras sur sa poitrine, elle mâcha en regardant ses pieds. Je ne crois pas qu'on ai déjà été aussi proche l'un de l'autre sans se menacer ou tenter de s'intimider...


"Tout est très clair... Raillais-je en portant ma tasse à ma bouche.

-Parfait..."


Je suis aussi amère que ce liquide au fond de ma tasse. Je me suis laissé avoir alors que je savais que c'était un piège, je ne suis pas aussi crédule dans mes missions d'habitude. Je sais reconnaitre une menace quand j'en ai une en face de moi. J'ai été stupide et naif.


"Tu vas m'accompagner quelques part ce matin..."


Ne disant rien, je me mis à agir comme avec son père. En attente des ordres, je posa ma tasse de café sur le plan de travail sans dire un mot. Elle tourna la tete vers moi et me regarda un instant avant de continuer sa charade.


"Ce n'est pas parce que je n'accepte pas que tu me dises non que je veux un soldat écervelé pour autant."


Tournant la tete vers elle, j'essaya de ne pas remplir mes pupilles bleus de la haine que je ressens à cet instant.


"Qu'est ce que tu attends de moi.. Raillais-je

-Ne te conduis pas comme un sauvage."


C'est elle qui dit ça ?

Se décollant de l'ilot centrale, elle le contourna pour mettre de la distance entre nous et jeta sa pomme à peine entamée à la poubelle.


"Tu devrais t'estimer heureux d'etre encore en vie. Railla t-elle en prenant une bouteille d'eau au frigo.

-Si tu veux me tuer, ne te gènes pas."


Claquant la porte du frigo, elle se tourna vers moi en gardant la main sur la poignée. Choquée par mes propos, elle me dévisagea en fronçant les sourcils.


"C'est ce que tu veux ? mourir ? Demanda t-elle en relachant la porte du frigo."


Serrant les dents, je détourna le regard vers la porte d'entrée. C'est ce que je veux à chaque fois que son père apparait dans mon champ de vision me rappelant que je ne suis plus un individu à part entière.


"Réponds.

-Parfois... Soufflais-je."


Ne détournant pas le regard vers cette femme dans mon dos, je lui laissais la possibilité d'atteindre un des couteaux de cuisine pour me le planter dans le dos. Mais au lieu de ça, elle posa sa bouteille d'eau sur le plan de travail à coté de moi et se tourna dans ma direction.


"Et là tout de suite ?

-Si tu décidais de me tuer, je ne t'en empecherais pas."


Tournant la tete vers elle, j'humidifia mes lèvres avant de reprendre une gorgée de café. Je suis sincère, j'ai vécu bien assez de temps et ma vie sur terre n'a pas été de tout repos. Pendant 70 ans, je n'ai pas souris ou ris sincèrement. Je n'ai plus jamais ressentis un instant de paix ou de légèreté.

Je sais que mon manque de sommeil parle pour moi et que ma fatigue me fait voir le monde en noir mais c'est le cas. Mon monde est noir et vide de sens depuis des dizaines d'années.


"Tu n'as jamais choisi d'etre à Hydra n'est ce pas ?"


Secouant négativement la tete, je pinça les lèvres en sentant le café parcourir mon oesophage. Sans relever la tete pour voir sa réaction, je m'approcha de l'évier avec ma tasse en main et la déposa dedans. Elle non plus ne doit pas avoir eu le choix que de rejoindre les ordres. C'était dans son héritage et quoi qu'il arrivait, elle devait surement y répondre.


"De quoi sont fait tes cauchemars toi ?"


Etonnée de la voir si curieuse ce matin, je me rappela qu'elle m'avait vu me réveiller en sueur la première nuit. Cherchant mes mots une seconde, je finis par répondre sincèrement.


"De ce que m'a fait ton père."


Tournant la tete vers elle, je remarqua qu'elle ne m'analysait plus. J'ai l'impression que je n'ai pas à me méfier d'elle à cet instant.


"Et toi ? Essayais-je en faisant référence à la nuit dernière."


Sophia resserra ses poings et détourna le regard. Je n'aurais pas du, elle se renferme sur elle même. J'ai cru pendant un instant qu'on échangeait nos blessures passées mais ce n'était pas le cas. J'ai franchi la limite.

Fronçant les sourcils, Sophia passa à coté de moi en quittant la pièce. Elle ne voulait sans doute pas repenser à ce qui l'a mit dans cet état la nuit dernière ou c'est le fait que moi je l'ai vu comme ça qui l'énerve autant... C'est une maniaque du contrôle et de la domination, elle ne doit pas supporter d'exposer une fragilité qu'elle quelle soit.

La regardant descendre les escaliers pour aller au sous sol, je pinça les lèvres en sentant que j'avais manqué un coche. Je suis sur que cet endroit en bas est un refuge pour elle, j'en suis certain maintenant. Elle s'y rends dès que quelque chose la perturbe et c'est pour protéger ce cocon qu'elle s'est créée qu'elle est impitoyable avec ceux qui s'en approche sans autorisation.

Note pour plus tard, ne pas poser de question sur ses angoisses...











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Sans foie ni loi (pdv Bucky barnes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant