PROLOGUE

55 7 0
                                    

Tout le monde parle de la douleur du cœur, mais qui entend l'âme quand elle s'effondre ?

J'inspire profondément, debout devant le palier de ma maison, le poignet violacé par la brutalité dont il vient de faire peur.

Elle pourrait être vue comme quelque chose de robuste, mais elle s'émiette plus vite qu'un cœur brisé...

Les larmes glissent sur mes joues, alors que je fixe la rue complètement déserte. C'est la première fois qu'il se montre si virulent, et je m'en veux. Parce que ce doit-être de ma faute...

Tel un nuage, elle s'évapore quand le vent est trop fort, ou au contraire...elle grossit et étouffe la lumière du soleil.

Je me sens tellement merdique en ce moment précis ! Putain, j'aurais dû arrêter de douter de lui, je me doute que cela a dû le blesser. Pourquoi je me sens obligée d'avoir constamment le dernier mot ?!

Finalement, une âme se brise, plus vite que tout. Sous le poids d'une émotion brutale, elle s'éclate en millier de morceaux...Mais comment faire pour tout recoller ? Est-ce même possible quand celle-ci ne devient que poussière et doté d'un vide immense ?

J'inspire profondément, fait taire la sensation nouvelle dans ma poitrine, et repars dans la maison, devenue affreusement silencieuse. J'ai peur qu'il m'abandonne...je l'aime tant...

Je vais devoir fournir des efforts, sinon je perdrais le seul homme qui sait m'aimer mieux que quiconque.

*

5 ans plus tard

Suki Nolan

Je déambule, complètement épuisée et sans but précis. Enfin si, je suis censée servir des clients qui attendent leurs cafés depuis dix minutes déjà. Mais je suis tellement fatigué que je n'arrive même pas à me concentrer correctement !! Je suis un putain de boulet.

- Suki, tiens ça c'est pour le client de la table du fond, me dit Garrett, mon patron.

J'inspire profondément, acquiesce de manière monotone, avant de m'exécuter. Je finis mon service dans moins de dix minutes, mais malgré la fatigue qu'engendre ma journée de boulot, je ne veux pas rentrer chez moi. Rien que d'y penser, j'ai l'estomac dans les talons, et la gorge nouée.

- Bonjour...

La voix dans mon dos me fait légèrement sursauter, et quand je me retourne, je fais face à un habitué des lieux. Il m'offre un bouquet de fleurs, que je me force à accepter, alors qu'une immense nausée s'empare de moi. Il repart comme il est arrivé, pourtant il me faut un moment avant de m'éloigner aussi.

Garrett est dans un coin, à fumer sa clope en observant le monde en dehors de l'établissement. Je fais ça aussi quelque fois, mais cela vient me miner le moral. Parce que les gens dehors respirent la liberté; et moi je suis coincée. En rejoignant mon patron, je le salue également parce qu'il est temps pour moi de rentrer dans ma cage. Le vol fut court aujourd'hui, mais l'oiseau ne doit jamais s'éloigner trop longtemps.

Une fois dans la rue, j'hume l'air frais du début de soirée, avant de remonter la rue, perdue dans mes pensées. Je voudrais pouvoir dire que ce quotidien m'épuise, mais c'est de ma faute si je suis encore là... Je n'arrive plus à partir. Il a su y faire aussi, parce que souffrir m'empêche d'oublier que le plus méchant des monstres dans notre histoire, ce n'est pas entièrement moi !

Il avait l'air d'être l'homme parfait lorsque je l'ai rencontré. Il avait tout pour lui, il voulait se poser dans une relation sérieuse et stable, avoir un avenir...Il était réconfortant, parce qu'il avait l'air de savoir où il voulait aller. Je n'ai pas eu le temps de voir venir le revers de la médaille, je le reconnais. Quand je l'ai rencontré, je ne voulais pas d'une relation, j'aimais ma liberté et surtout, l'attachement émotionnel des relations m'angoissait ! Je ne sais pas comment il a fait pour me coincer dans tout ça, mais il l'a merveilleusement bien fait !

TEMPTATIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant