TEMPTATION

CHAPITRE 1 : Dans l'antre des péchés

SUKI

- Il ne m'a pas laissé finir, tu comprends il venait d'éjaculer !

Sofia continue de raconter son plan cul d'hier, sous mon attention partielle. Je finis de me maquiller, sans rien prononcer. Je souris, lâche des "ah bah dis donc" de temps en temps, sans vraiment m'impliquer. Parfois, cela me manque, les débuts de la relation où tout est rose, où la tension est à son comble, parce que vos corps ne cessent de s'appeler. En réalité, cela me manque, mais avec Jonathan je n'ai pas connu cette phase. Il m'aimait, on s'est rapidement mis en couple et je n'ai jamais ressenti ce sentiment d'être désirée outre mesure.

- C'est un bon ou mauvais coup alors ? finis-je par demander.

Elle soupire, tout en posant sa tête contre l'encadrement de la porte. Blasée.

- Je me suis attachée à lui, lâche-t-elle en soupirant. Un rien me suffit pour glousser quand il s'agit de lui, alors que c'est moi qui voulait une relation où je n'aurais pas besoin de me prendre la tête.

Je souris faiblement, tout en me tournant vers elle sans savoir quoi lui dire. Je l'avais prévenu qu'elle devait trouver une relation saine, mais elle a tellement peur de la douleur que son cœur pourrait endurer qu'elle ne m'a pas écouté. Et vraiment, je ne pourrais pas l'en blâmer. Moi je reste dans une relation qui ne m'apporte plus aucun bonheur, seulement parce que j'ai peur d'être seule...

Au même moment, la porte d'entrée claque, me glaçant le sang. Sofia lève les yeux au ciel, quand la voix de Jonathan s'élève dans le salon pour râler sur le fait que je n'ai pas rangé les dvds. De mon côté, j'essaie de rester neutre malgré l'angoisse qui grandit dans mon estomac. Quand il apparaît dans l'encadrement de la porte, je déglutit.

- Où vas-tu ?

Le mutisme s'empare de moi, pas certaine de vouloir déclencher une dispute. Mais ce n'est pas le problème de Sofia, qui ne se démonte pas pour lui faire face.

- Elle sort avec moi, crache ma meilleure amie en croisant les bras. Elle bosse comme une taré, et cela fait un moment qu'on ne s'est rien fait toutes les deux.

Jonathan la dévisage, avant de soupirer. Quand son regard croise le mien, je suis tellement stressée, que j'ai l'impression que je vais vomir.

- Et notre soirée en amoureux ?

Je baisse le regard, sans savoir quoi dire. Si je sais, je pourrais lui dire qu'on en a fait pleins ces derniers temps, que d'ailleurs depuis qu'on est ensemble on ne sort plus vraiment avec nos amis. Je pourrais lui dire que je fais ce que je veux, et que ce soir je sors avec ma meilleure amie pour m'aérer. Mais je reste pourtant affreusement silencieuse.

- Bah appelle des potes et joue à la console, parce que ce soir, c'est moi son amoureuse, rétorque Sofia en haussant les épaules.

Je souris doucement et acquiesce, comme pour faire savoir que je rejoins l'avis de mon amie. Les yeux de mon mec pourraient nous assassiner sur le coup, mais j'essaie d'en faire abstraction pour ne pas faire faux bond à Sofia. Il finit par quitter la salle de bain sans rien dire, ce qui vient accentuer la douleur dans ma cage thoracique.

- C'est un connard, chuchote Sofia en grimaçant.

Je souris sans rien répondre mais n'en pense pas moins. Putain, si seulement elle savait comme je regrette d'avoir croiser la route de cet homme !

- Allez ma poule, on y va avant que Scrounge nous refuse le droit de sortie.

Je rigole devant la comparaison, et m'empresse de sortir de chez moi, sans un regard pour l'homme qui est censé partager ma vie. Nous montons dans un taxi, en direction du dernier club qui vient d'ouvrir à New York. Sofia bosse pour un club rival, mais ce soir elle s'en fout, elle veut profiter. En réalité, elle veut s'envoyer en l'air avec le proprio qu'elle a croisée, et qui depuis vit dans son esprit et dans ses fantasmes les plus fous. Pour ma part, je ne me souviens plus de la dernière fois où je suis sortie entre filles, le soir, pour juste m'amuser !