Chapitre 3

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Hier, mon oncle a mystérieusement disparu. En plein repas.
Voici sur quoi se tournent mes pensées lorsque je me réveille ce matin. Il fait encore nuit mais je sens que je ne me rendormirais pas. Je repousse les draps en soie et ouvre les rideaux.

La vue qui s'offre à moi est à couper le souffle. Le jardin est encore plus beau de nuit, lorsque les lucioles font la loi. Je décide d'aller y faire un tour, histoire de m'occuper l'esprit. Aucun bruit ne trouble le silence pesant du manoir. Dehors, l'air est frais et je regrette aussitôt de ne pas avoir pris un pull. Je m'avance tout de même parmi les arbres verdoyants et les somptueuses fleurs colorées.

Je marche depuis quelques minutes lorsque j'entends un bruit sur ma droite. Je sursaute, surprise de voir qu'un homme se tient sur ma droite. Mon cœur s'emballe aussitôt.

- Bonsoir, me lance-t-il.
Je tente de calmer les battements effrénés de mon palpitant.
- Qu'est-ce que vous faites là ?
- Je vous retourne la question...
Je remarque alors que l'homme qui se tient devant moi n'est autre que le fils de mon oncle ! Je suis donc sur sa propriété, d'où sa question.

- J'avais envie de faire un tour. Pour tenter de trouver les réponses à mes questions, je lâche.
Il fronce les sourcils.
- Qu'est ce qui vous tracasse tant, chère cousine ?
- Et bien, peut-être le fait que je me trouve actuellement dans un manoir chez l'oncle que je ne connaissais pas jusqu'à hier, et tout cela semble être orchestré par mon père.
Il marque un temps, interloqué.

- Woaw, ça fait beaucoup. Donc, vous ne saviez pas que votre père avait un frère ?
- Parce que vous étiez au courant, vous ?
Il répond par l'affirmative.
- Ne vous préoccupez pas des affaires de nos pères, tout cela sera bien vite réglé, et vous retrouverez votre petite vie bientôt.
Il a dit tout cela dans un seul souffle, sur un ton légèrement agacé. Je rêve ou il semble me détester, soudain ?

Le son de quelq'un s'approchant de nous me fait paniquer légèrement. Mais mon cousin ne semble pas s'en soucier.
- Adam, je t'en prie, viens donc par là. N'effraie pas notre invitée.
Un jeune homme s'avance soudain, de noir vêtu, une cigarette à la bouche.
- Je croyais que tu viendrais seul, Paolo. Pas accompagné de ta servante.
Je reste coite. Vient-il de me traiter de servante ?

- Je suis sa cousine.
J'ai parlé avec une assurance que je ne connaissais pas, mais je ne veux pas qu'il me prenne pour une employée.
Adam tire longuement sur sa cigarette, le rouge de celle-ci contrastant avec la noirceur ambiante. Il ri.

- C'est donc toi qui a un prénom de nourriture...
Je deviens rouge, vexée.
- But contre son camp, tu as le prénom d'une pomme.
Il a l'air surpris de me voir rétorquer.
- Bon Paolo, on se tire ou quoi ?
Mon cousin se tourne vers moi.
- Essaye de ne pas mourir, d'accord ? Le manoir est hanté...
Satisfait de sa blague, il rejoint Adam qui est déjà en route, en riant.
Je reste là, seule, à réfléchir à ces étranges personnages que je viens de croiser.

                                   ***

Non mais je rêve. Où est passée ma sœur ? Je suis actuellement dans sa chambre, son lit est fait au carré, rien ne montre qu'elle a séjourné ici. Je tente de lui envoyer un message, mais elle ne répond pas. Je parcours le manoir pour tenter de la retrouver, en vain. C'est pourquoi, lorsque je tombe sur Carmen, je lui demande si elle l'a vu.

- Je suis désolée, Mademoiselle, mais votre sœur est partie il n'y a pas longtemps. Vous la ratez de peu.

Elle s'exprime toujours sans aucune émotion. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder. Je me précipite dehors, scrutant le paysage des yeux. Personne. Je n'arriverai à rien en paniquant. Elle est sûrement partie en balade, que sais-je, il vaut mieux que je l'attende ici. D'ailleurs, je croiserai peut-être quelq'un qui l'aura vu ou saura où elle est.

                                   ***

L'appel de mon père me sort de mes réflexions. Il se tient en bas des escaliers, le visage dévasté par la tristesse.

- Mia figlia...ta grand-mère...
Mes jambes cèdent soudain. Je m'effondre sur le sol, brisée. Nonna nous a traité comme ses filles. Elle n'est pas morte, pas possible.
Mon père s'avance vers moi et me prend dans ses bras.

- Padre...où est Prudencia ?
Je sanglote.
Il me répond qu'il ne l'a pas vu depuis hier. Elle a sûrement été prévenue par notre père par téléphone. Lorsque je lui demande, il me le confirme.

Nous nous dirigeons vers le salon où Beniamino est assis. Il a le visage dans les mains, cachant son expression. Paolo n'est pas là. Nous nous asseyons aux côtés de mon oncle. Il a les traits tirés et fait soudain beaucoup plus vieux. Nous restons ainsi jusqu'à ce que la porte s'ouvre en grand fracas. Paolo apparaît, affolé.

- È Prudencia, non sta bene !
Il est arrivé quelque chose à ma sœur. Nous nous précipitons derrière lui. Adam apparaît dans l'entrée, Prune dans ses bras.
- Elle va bien, déclare-t-il. Elle s'est cognée en glissant dans la forêt.

Je tente de me calmer, mais je suis complètement paniquée. Ma sœur s'est évanouie après avoir glissé sur le sol humide de la forêt et heurté une pierre.
Adam la pose délicatement sur le sofa et je me précipite sur ma sœur. J'écarte les cheveux trempés par la pluie de son front égratigné.
Carmen s'approche, un kit de secours dans les mains. Je m'écarte pour lui laisser de l'espace. Adam se tient en retrait, la mine sombre.
- Merci. Pour elle.

Il lève ses yeux émeraude vers moi.
- Ce n'est rien. Elle a eu de la chance que je passe par là, c'est tout.
Je n'ose pas lui demander ce qu'il faisait, mais la question me brûle les lèvres.
- Préviens la de ne pas traîner dans les bois, la prochaine fois. Je ne serai pas toujours derrière elle.

Je ne tiens plus, et questionne :
- "Derrière elle" ? Tu veux dire que tu la suivais ?
Une ride apparaît sur son front.
- Non, je ne suivais pas ta sœur. Je surveille la propriété pour ton oncle, c'est tout.
Je m'apprête à lui demander pourquoi elle a besoin d'être surveillée quand ma sœur s'éveille.

- Miel...C'est Nonna...
Je lui caresse le visage en lui disant que je sais. La tristesse inonde son visage. Notre grand-mère était très proche de nous, la perdre est terrible.

Ma sœur m'apprend qu'elle étouffait à l'intérieur quand elle l'a appris, c'est pourquoi elle était dehors. Je me couche le soir en priant pour que demain soit meilleur.

                                   ***

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