Chapitre 7

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Mon père a toujours été le fils chéri, le préféré. Ce qui n'est pas le cas de son frère. Beniamino était colérique, égoïste et considéré comme le vilain petit canard. Ce fut à l'origine de leurs querelles incessantes.  Ils se sont toujours haïs, même si mon père aurait bien voulu avoir une relation aimante avec son frère, le genre de relation que les fratries ont en général. Quand ils ont atteint l'âge adulte, Beniamino fut le premier à présenter sa petite amie. Elle était splendide, d'une gentillesse hors norme et plaisait beaucoup à mes grands-parents. Beniamino semblait s'être adoucit à ses côtés. Durant quelques mois, l'atmosphère fut paisible chez les Graham, et personne ne créa de conflit.
Tout changea un soir de décembre, où mon père rentrait du travail, fatigué. Il avait pris les routes de campagne, pensant échapper aux embouteillages. Ses yeux menaçait de se fermer, mais c'était la veille du réveillon de Noël, il était donc attendu chez lui. Son frère et sa femme serait présents chez ses parents. Depuis quelques temps, les deux frères s'entendaient beaucoup mieux. Quand la voiture de mon père glissa sur une plaque de verglas et qu'il percuta un piéton, il ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait. Il sortit de son véhicule, sonné, et découvrit son frère aux côtés de sa femme, inconsciente, sur le béton glacé. "Les urgences !" Lui avait -il hurlé. La panique envahit mon père. Il avait heurté la femme de son frère. L'ambulance arriva et s'occupa au plus vite de la victime. Elle fut transportée aux urgences, malheureusement elle perdit la vie entre temps. L'enfant qu'elle portait s'en remettrait, il avait été accouché prématurément car sa mère n'était plus viable. Cette catastrophe signa la fin de l'entente entre les frères. Beniamino fut inconsolable et entra dans une dépression profonde. Il éprouvait une rage insatiable envers la vie, particulièrement envers mon père. Celui-ci s'en voulu pour le reste de sa vie. Il était choqué d'avoir tué quelqu'un, il ne reprit plus jamais le volant.

                                   ***

- Voilà, tu connais toute l'histoire.
Mon père est dos à moi, face à la fenêtre. Je suis assise, heureusement après ce qu'il vient de m'avouer. Il a tué la mère de Paolo. Cela explique la rencœur qu'il éprouve à mon égard depuis le début. Je sais donc pourquoi il se dit redevable. Je ne me remet pas de l'horreur de cette histoire, aussi réelle soit elle.
- Papa, c'est finit. Ça s'est passé il y a vingt ans. Ce n'étais pas de ta faute.
J'en suis persuadée. Ma famille a subit un coup de malchance.
- Tu ne comprends pas, Miel ! J'ai tué la femme de mon frère !
Mon père s'est retourné et je distingue de la colère dans ses yeux. Il essaye de le cacher, mais je vois combien cela l'affecte.
- Je...je suis désolé, il faut que j'aille prendre l'air.
Il se rue sur la porte et disparaît. Je reste assise sur le fauteuil en cuir de son bureau. Je ne bouge que quand Prudencia et Adam sortent de l'armoire en bois, penauds. Ils écoutaient tout ce temps !
- Miel...ça va ?
Je regarde dans le vide, vidée.
- On voulait seulement en apprendre plus sur cette histoire...
- Papa a tué quelqu'un, Prune...
Je ne peux retenir mes larmes plus longtemps, touchée par cette terrible nouvelle. Ma sœur me prends dans ses bras et nous restons là à se consoler. Adam nous laisse de l'espace, il a sorti une cigarette et fume nerveusement, la fenêtre ouverte.
Je croise son regard désolé alors qu'il tourne la tête vers moi. Je déteste qu'il me voit ainsi, les yeux bouffis et si démunie. Une fois que nous sommes calmées, nous montons après avoir parlé avec Adam. Ma sœur me rejoint dans le noir de ma chambre et m'enlace tendreusement. Mon cœur se serre. Nous ne dormons pas avant longtemps, les mots de mon père repassants en boucle dans nos têtes.

                                   ***

J'ouvre  la porte de ma chambre et tombe sur Adam. Il est vêtu d'un jean noir baggy et d'un pull bleu marine. Ses yeux verts me scrutent intensément.
- Hé, chuchote-t-il. Je venais voir comment ça allait.
Je sors dans le couloir, ne voulant pas réveiller ma sœur endormie.
- On a réussi à dormir un peu. Mais Prudencia est toujours choquée.
Il appuie son coude contre le mur et je remarque les bagues argentées qu'il porte.
- Tu prends beaucoup soin de ta sœur, mais tu ne t'apporte pas autant d'intérêt.
Je hausse les épaules.
- Ma sœur compte plus que moi-même. Je ne m'imagine pas sans elle. Ma petite personne compte peu comparé à mes proches.
Il tend la main vers moi et effleure ma joue pour replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille.
- Tu devrais aller parler à ton père, histoire de briser la glace.
Sur ce, il me laisse dans le couloir. Je le regarde marcher jusqu'aux escaliers, il me surprend à fixer son dos lorsqu'il me jette un dernier regard.
Je retourne dans ma chambre pour enfiler un sweat sur mon débardeur de pyjama, et je descends jusqu'à la chambre de mon père.
Je n'ai pas du tout envie de parler, mais Adam a raison, il vaut mieux en parler dès maintenant. Je toque et il ouvre la porte. Je remarque aussitôt son air fatigué.
- Il faut qu'on parle de ce qui s'est passé hier.
Il acquiesce lentement et me fait rentrer dans sa chambre. Je m'assois sur son fauteuil tandis qu'il prend place en face de moi.
- Je suis désolé de te l'avoir annoncé comme cela, ce n'était pas prévu. Je pense que je n'aurai pas dû attendre autant pour t'en parler. Mais je repoussais le moment à chaque fois. Tu es la seule à qui j'en ai parlé.
Je me retiens de lui dire que Prudencia et Adam l'écoutaient aussi. Je hoche la tête et lui adresse un sourire compatissant.
- Papa, j'étais sérieuse hier. Beniamino ne doit pas te faire du chantage pour quelque chose qui s'est passé il y a des années. Ce n'était vraiment pas de ta faute.
- Si, malheureusement. J'étais trop fatigué pour prendre le volant et les routes étaient verglacées. Cela aurait dû me dissuader.
Je reste silencieuse, ne sachant que dire.
- Mais qui a poussé mamie, alors?
Il réfléchit.
- Je ne sais pas. Mais nous n'avons aucun moyen de prouver que c'est Beniamino, même s'il en serait capable.
- Tu en es sûr ?
Il secoue la tête. Je me décide à lui parler de la pièce secrète et du passage.
- Un passage secret, tu dis ? s'exclame mon père. Mon frère ne nous a pas tout dit...

                                   ***

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