Chapitre 11

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Adam
Je suis en train de fumer sur le balcon du deuxième étage quand j'entends une porte s'ouvrir derrière moi. Je me retourne et trouve Prudencia, ses yeux ambre maquillés de noir.

Elle est splendide, et elle fait plus vieille, plus mature, ça ne me plaît pas du tout.

J'éteint ma cigarette et lève les yeux vers elle.
- Tout va bien ?

Elle ne répond pas et s'approche de moi, et je sens son odeur de lavande me chatouiller le nez.

- Qu'est-ce qu'il te faut de plus, Adam ?

Je reste interdit, et lui fait signe d'en dire plus.

- Je ferai tout ce que tu veux, je te suivrai où tu veux, mais j'en ai assez d'attendre un seul signe de toi, qui ne vient jamais. J'en ai assez d'être invisible à tes yeux, tu comprends ?

Je ne sais pas quoi répondre, mes muscles se crispent douloureusement.

- Je ne sais pas ce qu'il t'arrive, Prudencia, mais  je ne sais pas de quoi tu parles.

Elle encaisse le coup, blessée.

- Je t'aime, Adam. Je t'ai aimé dès le premier jour où je t'ai vu, j'ai su que je ne me passerai jamais de toi, et que tu serais ma perdition. Ma vie est un enfer depuis...

Je ne veux pas y croire. Elle m'a explicitement dit qu'elle ressentait des sentiments pour moi. Mais je ne peux pas.

Elle a au moins sept ans de moins que moi, et c'est la sœur de Miel, la fille du frère de mon employeur.

Elle essuie furtivement les perles au coin de ses yeux, et ne relève plus le regard vers moi.

Je m'en veux de lui avoir fait du mal, mais c'est impossible. Je ne peux pas faire autrement.

La brise légère d'octobre passe dans ses cheveux fins, et je me surprends à l'admirer.
J'admire le courage dont elle fait preuve. J'admire sa force malgré tout ce qui lui arrive.

Elle garde sa vision fixée sur le fond du jardin devant nous. Je frôle son épaule de mes doigts, hésitant.

- Prudencia... Je ne peux pas. Je ne ressens pas ce que tu ressens pour moi, et je sais à quel point c'est dur à entendre. Mais je ne suis pas quelqu'un de bien, crois moi. Tu mérites mieux.

Elle renifle, à présent. La vue de cette jeune fille amourachée de moi est attendrissante, mais elle me brise le cœur.

- Je t'en supplie...

Tout son visage m'implore, mais je ne cède pas.

- Un jour, tu trouveras le bon, qui saura prendre soin de toi comme il le faut.

Je la prends dans mes bras et l'étreint longuement. Elle reste immobile quelques instants, le temps que ses sanglots cessent.

Puis elle repart et referme la porte tristement.
Je reste repenser à ce qui vient de se passer tandis que le soleil brille au loin.

Je décide alors d'aller faire un tour pour me changer les idées, loin de cette sombre demeure.

Toutes nos roses fanées 🥀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant