Chapitre 2

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J'ai prévenu Rosalie de mon séjour. Prudencia veut absolument m'accompagner, c'est pourquoi j'ai accepté. Je ne voulais pas lui faire parcourir autant de kilomètres avec sa santé fragile, mais sa présence me rassure, quelque part. Je ne prends pas grand chose, un sac avec le nécessaire, de toute façon je ne compte pas rester longtemps. Je vais conduire jusqu'à Villanova d'Asti, en espérant que tout cela soit passé au plus vite. Un manoir en pleine campagne italienne, des mystérieux cousins, ça fait un peu peur ou j'ai juste regardé trop de films ?
Prune est appuyée contre sa vitre baissée, les cheveux volants au vent. Elle porte sa jolie robe blanche avec son petit gilet en laine que j'adore. Elle a mis ses converses roses, et des chaussettes bordées de dentelle. Ma sœur est magnifique. Mon regard se porte sur la forêt nous encerclant. Les arbres doivent avoir des milliers d'années. Nous sommes bientôt arrivées, le trajet prend seulement deux heures. Je tente de me repérer et de trouver ce fichu manoir.
- Regarde ! s'exclame soudain Prudencia.
Elle me designe un chemin de terre, le seul que nous avons croisé depuis un bon bout de temps. Je m'y engage et nous arrivons à un portail en fer forgé, imposant et qui nous cloue sur place. Celui-ci s'ouvre automatiquement, ce qui m'impressionne. L'allée est parfaitement délimitée et l'herbe est coupée au millimètre près. La demeure que nous découvrons nous laisse sans voix. C'est une immense bâtisse, du dix-septième siècle, recouverte çà et là de lierre et autre plantes grimpantes. Je me gare sur le côté, où une BMW et une Ferrari stationnent déjà. La cour est déserte. Ma sœur claque sa portière et nous nous dirigeons vers l'entrée du manoir. De grandes portes en bois nous font face. À peine ai-je lève la main pour toquer que les portes s'ouvrent dans un grincement sombre. Terrifiant. Ma sœur échange un regard avec moi et je sais que nous pensons la même chose. Une femme au sourire figé nous accueille. Elle est vêtue d'un costume chic et de talons beaucoup trop hauts d'après moi.
- Messieur Graham vous attendent, nous informe-t-elle.
"Non, sérieux ?", je pense intérieurement.
Nous arrivons dans un salon qui fait dix fois la taille du nôtre, recouvert de scandaleuse tapisseries qui doivent coûter une vie. Un homme se tiens dos à nous, ses cheveux noirs nous fesant face.
Il se retourne et nous découvrons...notre père ?
- Papa ? nous exclamons nous en même temps.
Qu'est-ce que ça veut dire ? Mon père arbore un sourire, chose rare chez lui.
- Je vous ai fait venir ici dans le but de vous présenter votre oncle, mes enfants, annonce-t-il de but en blanc. Je n'ai pas convié vitre mère car elle s'y oppose, mais je suis sûr que vous saurez reconnaître son magnifique potentiel. Il faut dire que nous ne nous sommes pas parlés pendant vingt ans...
La femme a disparu sans que je m'en rende compte, et une voix grave retentit soudain, sans que nous sachions d'où elle provient.
- Comme tu le dis si bien, petit frère, tout cela appartient au passé. Excusez mon impolitesse, je me présente, Beniamino Graham. Enchanté.
Il se penche en une élégante courbette, sa longue silhouette suivant le mouvement. Je reste sans savoir quoi dire, c'est Prudencia qui se lance.
- Prudencia Graham, ravie de vous rencontrer.
Un sourire illumine le visage de notre oncle.
- Tu es donc la cadette, Bellissima, il se tourne vers moi. Tu dois être Miel, quel étrange prénom...
Je souri, gênée.
- Un hommage à nos origines françaises, mon frère.
Beniamino souri de nouveau, créant de fines rides aux coins de ses yeux. Il frappe dans ses mains et la femme de tout à l'heure réapparaît.
- Carmen, mostra a queste signore la loro stanza, ordonne-t-il en italien.
Carmen nous intime alors de la suivre, nous guidant jusqu'à nos chambres. Celles ci sont magnifiques, recouvertes de riches teintures et d'autres ornements. Je laisse ma sœur afin de m'installer dans ma chambre. Elle possède un bureau, une coiffeuse, un lit à baldaquin et une fenêtre donnant sur le domaine. Je me laisse tomber sur mon matelas, qui est excessivement confortable. Je soupire d'aise. Incroyable.
Je me crois dans un rêve. Notre oncle est vraiment riche, mais comment se fait-il que nous n'ayons pas été au courant ?
J'ouvre délicatement la porte, découvrant le couloir. Tout est silencieux, c'est pourquoi je sursaute quand mon père apparaît lorsque je tourne la tête.
- Papa ! Tu m'as fait peur !
Il semble soudain soucieux, contrastant avec tout à l'heure.
- Miel, tu dois faire tout ce que ton oncle dit, d'accord ? Mais ne mets jamais ta vie en danger. Il faut que tu sois sage, cela est provisoire, j'ai besoin d'un peu de soutien de la part de ton oncle.
Je reste perplexe.
- Mais, maman croit toujours que je suis chez Rosalia, si elle rentre et voit que nous ne sommes plus là...
- Tout est réglé, je lui ai dit que vous m'aviez rejoint en urgence. J'ai inventé un prétexte, donc pas un mot s'il te plaît.
Je n'ai pas le temps de répliquer qu'il a déjà disparu dans l'escalier. La porte de ma sœur s'ouvre. Elle me fait savoir d'un geste qu'elle a tout entendu. Carmen marche vers nous et nous dit :
- Vous êtes attendues dans la salle à manger pour le dîner.
Et elle retourne d'où elle vient.

                                   ***
- Mia cara, comment trouves-tu ma demeure ?
Je lève le regard vers mon oncle, et répond avec politesse :
- Magnifique, mon oncle. Merci de nous avoir invité.
Il hoche la tête, satisfait. Nous dînons dans une immense salle à manger, à au moins un mètre les un des autres tant la table est grande. La cuisine des employés de Beniamino est extrêmement sophistiquée. Le silence est tout de même pesant, personne n'ose faire de bruit, car tout résonne avec fracas. Seul notre oncle semble à l'aise, prenant la parole et interrogeant à sa guise. Prudencia semble avoir retenu son attention, sans que je sache pourquoi. Soudain, la porte s'ouvre et Carmen s'excuse à Beniamino pour ne pas avoir pu retenir celui qui semble être son fils. Un cousin inconnu ?
- Père, je ne savais pas que vous aviez des invités, mais c'est important.
L'inconnu est frappant de beauté, sa richesse ostensiblement exposée à travers sa manière d'être et de parler.
Le fils et le père disparaissent derrière la porte et nous restons seuls. Peu après, Carmen apparaît et s'excuse encore une fois :
- Monsieur Graham a du s'absenter, il a des affaires urgentes à régler, veuillez l'excuser.
Nous décidons donc de monter dans nos chambres, la soirée étant bien avancée.

                                   ***

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Je vous rassure (ou pas) ça ne fait que commencer...
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Toutes nos roses fanées 🥀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant