Chapitre 6

4 2 0
                                    

J'ouvre la porte du petit salon et me fige.
La pièce est sans dessus dessous, enveloppée par un voile de fumée. Les rideaux sont tirés mais laissent entrevoir de minces filets de lumière. Je tousse, le brouillard ambiant me chatouillant la gorge. Que s'est-il passé ici ? Je distingue une forme qui remue.
- Prudencia ? C'est toi ?
Adam se redresse sur un coude, affalé au sol. Il est visiblement ivre.
- Non, c'est Miel.
Il tente de chasser les volutes de fumée autour de lui.
- Ah, désolé que tu aies à voir ça. Disons que ton cousin a organisé une fête en petit comité...
J'ai entendu, évidemment. Les rires et les basses de la musique me l'on fait savoir.
Il attrape une bouteille d'alcool et boit longuement.
- Où est Paolo ?
Je croise les bras. Mon cousin est à l'origine de cette beuverie, j'en suis sûre. Mais puisque c'est sa maison, il a tout les droits.
- Hum... Monté dans sa chambre avec Giulia, sûrement.
Je soupire et ouvre en grand les rideaux. Adam se cache les yeux en jurant. J'ouvre la fenêtre pour aérer, espérant faire disparaitre la fumée. Je me retourne vers Adam, qui s'est assis. Il a les yeux rouges et gonflés.
- Tu t'es drogué ?
Il ne répond pas et reprend une gorgée en tentant de se relever.
- Cazzo, tu sais pas ce que c'est les soirées avec ton cousin.
Le voir dans cet état me désole. Je déteste les gens qui s'infligent ce genre de choses.
Il me demande quelle heure il est, surpris lorsque je lui réponds qu'il est déjà trois heures de l'après-midi.
- Il faut que j'aille faire ma ronde.
Il se dirige vers la porte. Je le suis, ne sachant pas trop quoi faire.
- Est-ce que tu comptes me suivre partout, souffle Adam en se tournant, lorsque l'on arrive au portail. Il est à seulement quelques centimètres de moi, je sens son souffle chargé d'alcool.
- Je n'ai rien d'autre à faire, tu es dans un piètre état, CQFD.
- Ce que tu es attentionnée, ironise-t-il en se dirigeant vers la première caméra de surveillance.
Il vérifie les câbles en m'ignorant.
- J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit hier, je déclare. Tu penses que mon oncle va passer à l'action bientôt ?
- Si ce n'est pas déjà fait.
Je n'y avais pas pensé. Non...
Je manque de m'évanouir, Adam le remarque.
- Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que tu as vu un mort vivant.
Je m'appuie contre la clôture. Il stoppe ce qu'il faisait et s'approche de moi.
- Tu penses qu'il a déjà tué. Mon père a tué.
- Je ne fais que supposer, Miel.
Tout se met en ordre dans ma tête.
- Il a tué ma grand-mère.
La machoir d'Adam manque de se décrocher.
- Tu veux dire que tu penses que la légende s'est réitérée ? Que ton oncle a force ton père ?
- Je penses mon père incapable de commettre ça. Mais qui, dans ces cas-là ? Et comment est-ce possible que tout le monde ait cru à un accident ?
Il réfléchit silencieusement.
- Comment est-elle décédée ?
- Elle...elle est tombée chez elle. Sa tête a heurté le sol.
Il ne dit rien. Repenser à cela me met les larmes aux yeux. Adam pose sa main sur mon épaule. Je suis surprise de cette marque d'empathie, il n'exprime généralement pas ses émotions si facilement. Après avoir terminé, nous rentrons en silence. J'ai l'impression de ne plus être connectée avec mon corps, tout me semble irréel.
- Tu penses que mon oncle en serait capable ? Je veux dire, tu le connais depuis plus longtemps que moi, non ?
Nous sommes arrivés dans le hall, je chochotte pour ne pas que mon oncle m'entende.
- Ne te fie pas à mon avis, Miel. Suis ton instinct.
Facile à dire. Penser que des membres de sa propre famille puissent agir de la sorte est compliqué. En ce moment, je souhaite seulement rentrer chez moi et reprendre ma vie d'ado normale. Un mouvement sur ma droite attire mon attention. Prudencia se tient devant nous, interloquée.
- De quoi parlez-vous ? nous interroge-t-elle.
Je regarde Adam, qui regarde Prune.
- De rien. Laisse tomber, tu veux ?
Elle encaisse le coup. Nous avons l'habitude de tout partager, mais je ne peux lui confier ce genre de chose. Elle est trop fragile, elle ne pourrait pas le supporter.
- Arrête de faire ça.
Je hausse un sourcil.
- Arrête de me prendre pour une gamine. Je suis aussi forte que toi, donc tu peux arrêter de jouer la grande sœur protectrice.
Cette fois, c'est moi qui est blessée. Ma sœur ne m'a jamais parlé comme ça. L'arrivée de Paolo nous interrompt. Il a lui aussi les yeux gonflés et rougis. Il nous adresse un sourire.
- Oups, je dérange ? Vous auriez dû venir hier soir, c'était quelque chose. Mais j'imagine que vous êtes bien trop sages pour ça. D'ailleurs, qu'est ce que tu fais avec me cousine, Sullivan ?
Celui-ci soupire et lui dit d'oublier. Ils partent, Adam me jette un dernier regard. J'éprouve une étrange sensation.

                                   ***

- Padre. Je dois te parler.
Mon père s'arrête d'écrire et se tourne vers moi. Son bureau en bois massif paraît gigantesque à ses côtés.
- Mia filia. Dis moi.
Je prends une grande inspiration et me lance.
- Est-ce que tu as tué Nonna ?
Un masque d'horreur s'étale sur sa tête. Il ouvre la bouche, puis la referme.
- Bien sûr que non, Miel ! D'où sors tu toutes ces idées ?
- Si tu es redevable à ton frère, il a très bien pu te demander d'assassiner Nonna pour toucher son héritage, ça tient debout non ?
Il a l'air réellement surpris.
- Ne dis pas des choses pareilles, chérie ! Je ne tuerais jamais ma propre mère.
En revanche, il y a quelque chose dont je dois te parler. Je repoussais le moment car j'avais peur...de t'effrayer plus qu'autre chose.
J'écoute attentivement, essayant de ne pas trahir mes émotions. Il continue
- Nonna n'est pas morte naturellement. Du moins, c'est ce que je pense. Elle ne serait jamais tombée, c'est impossible.
- Mais alors, qu'est ce que tu dois à Beniamino ?
Il hésite.
- Sa femme.

                                   ***

Hiii guysss !!
Comment allez-vous ?
Voici un nouveau chapitre, j'espère que vous allez aimer !
Donnez-moi vos avis et comme d'habitude, n'oubliez pas de voter pour me soutenir 🫶🏼

Toutes nos roses fanées 🥀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant