Une mission étrange

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Ivann

« On est tous les cinq coincés dans cette cage en métal depuis au moins  six jours. Coupés du monde pour la deuxième fois consécutive, nous nous retrouvons  obligés de rationner le peu de nourriture que nous avons à notre disposition et d'agencer le petit espace que nous possédons pour cinq. Tout est calculé par mes soins.  Et tout est bien calculé pour aucun d'eux ne soit favorisé ou négligé. Au bout de plus de cinq jours entiers, c'est devenu une torture d'être privé de la lumière du soleil et  de tout élément naturel.

Pendant nos entraînements, nous allions  dehors pour nos exercices, nous n'étions jamais enfermés dans une boite  de métal qui nous coupe de tout, même des odeurs. Je ne pense pas que  nous soyons enfermé dehors, dans cette cage entourée d'un extérieur  imaginaire, car nous n'entendons aucun bruit de nature comme le vent,  les oiseaux le matin ou la pluie dans les mois de février. Tout est  calme, silencieux et tout ça me rend dingue.

Pourtant, lorsque  j'ouvre les yeux, de mon sommeil écourté par les paroles de mes hommes,  je ne montre rien. Je garde une expression calme, réfléchi et mesuré. Si  je pète un calme, ils me suivront et ne m'arrêteront pas.


Enfin, c'est ce que je croyais à cette époque...


-Je ne comprends pas pourquoi ils nous ont enfermés ici. Boyd a regardé  nos entraînements, pourquoi il nous fait vivre un exercice  supplémentaire ? Demande Charless à bout.

Le manque de nourriture  le pèse plus que nous. Il a faim et il a été le premier à avouer la  cause de son abandon : le rationnement dans sa sélection. Causé par des  abruties qui ont mis le feu à un bâtiment qui stockait secrètement  tous les vivres qu'ils auraient reçus durant leur séjour chez les  militaires.

Je suis sur un des lits super-poser. Nous n'avons que  deux matelas pour cinq. C'était censé être mon tour de repos. Il faut  croire que je peux tirer un trait dessus.

Au milieu, une sorte de  planche ronde a été mise au centre de la petite pièce pour faire office  de table basse. Autour, ils ont mis des cousins pour rendre le sol en  béton plus confortable. Ils sont quasiment tous assis autour, sauf  Brandon Green, toujours dans l'un de ses coins, à attendre en silence  que le temps passe.

Il est bizarre, mais je préfère les mecs bizarres au petit con qui pense tout savoir.

C'est Pablo qui commence à gueuler.

-Le soleil me manque...

-J'ai envie d'un plat de ma grand-mère. Lâche à son tour Aaron.

Le silence tombe et tout le monde plonge dans ses pensées. Je sais que  le premier qui parle pour rompre ce silence, sera celui qui ne supporte  pas rester dans ses pensées en public.

-Vous pensez que ça fait combien de jours ?

La curiosité de Pablo le perdra...

-Trois jours ? Suppose Aaron.

-Non ! Au moins dix ! Se scandalise Charless.

-Ça ne fait même pas cinq jours.

Tout le monde se tait en entendant enfin la voix de Brandon Green. Pablo, pas  étonné qu'il ne soit pas muet comme l'avaient supposé les deux autres, l'interroge intrigué par son  assurant. Il affirme avec confiance que nous avons tous tort.

Moi, je n'ai pas bougé de mon lit. Mes yeux sont juste  ouvert sur le plafond à quelques centimètres de ma tête. Et j'écoute  tout ce qu'ils ont à dire. Leurs échanges sont cordiaux alors je ne  prends pas la peine de leur montrer mon réveil pour les retenir de  s'entre-tuer.

Entre deux mondes  |Tome 3.25 de La Silencieuse, Lexis et Ivann|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant